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Liban - Décryptage

Un parapluie sécuritaire, mais pas encore politique...

En dépit de la situation politique confuse et de la vacance au niveau de la présidence de la République, le Liban serait appelé à bénéficier d'un minimum de sécurité. C'est du moins ce qu'affirme une source sécuritaire haut placée qui précise que la situation au Liban est conditionnée par des facteurs à la fois internationaux, régionaux et locaux. Sur le plan international, l'Occident, États-Unis et France en tête, est soucieux de préserver la stabilité au Liban. Non pas tant par amour pour ce pays – on parle ici d'intérêts –, mais plutôt parce que, à l'heure actuelle et face à l'influence grandissante de Daech qui ne reconnaît pas les frontières, une explosion au Liban pourrait provoquer une situation totalement incontrôlable dans toute la région. Ce serait la raison pour laquelle le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, a été reçu avec bienveillance à Washington au cours de la réunion des armées participant à la coalition anti-Daech menée par les États-Unis, et il aurait obtenu une couverture internationale pour mener la guerre aux cellules extrémistes présentes au Liban. D'ailleurs, les services de renseignements américains, français et même allemands sont en train d'aider l'armée libanaise dans sa traque des extrémistes takfiristes.

 

Ce soutien international à la stabilité du Liban s'accompagne aussi d'une couverture régionale qui se traduit par la levée de la couverture politique et financière accordée par des pays régionaux, dont le Qatar et l'Arabie, à des figures qui encouragent directement l'extrémisme takfiriste. C'est ainsi que lors de la dernière bataille de Tripoli, l'armée a pu effectuer les perquisitions et les arrestations nécessaires sans les entraves habituelles, le courant du Futur ayant, par la voix de son chef cheikh Saad Hariri, clairement défini sa position en faveur de l'armée. D'ailleurs, de l'avis des notables de Tripoli, la ville devrait connaître une période de calme pendant les mois à venir, l'armée ayant réussi à démanteler les réseaux takfiristes. Même si certaines figures influentes ont réussi à s'enfuir, leur rôle (pour l'instant en tout cas) est terminé. Chadi Mawlaoui et Oussama Mansour ont été ainsi rejoindre Ahmad al-Assir à Aïn el-Héloué, où ils seraient surveillés et contrôlés par les forces palestiniennes en charge de la sécurité du camp. Ces forces sont actuellement en train de coopérer étroitement avec les services libanais et ont pris à leur charge la responsabilité d'empêcher Mawlaoui et ses semblables de menacer la stabilité de la région.


Certes, la bataille contre les cellules takfiristes au Liban est loin d'être terminée, d'autant que celles-ci ne sont pas toutes identifiées. La source sécuritaire précitée précise à cet égard qu'au moins 6 % des Syriens présents au Liban ont effectué leur service militaire (qui est obligatoire en Syrie) et sont donc familiers avec le maniement des armes. Si certains d'entre eux sont favorables aux forces du régime, les autres – et ce sont les plus nombreux – leur sont hostiles et peuvent à tout moment – pauvreté et désœuvrement obligent – être recrutés par Daech et ses semblables. Mais l'armée fait de son mieux pour les neutraliser, avec un appui clair de la part de toutes les forces politiques en présence au Liban.


Dans ce contexte, Ersal et ses environs continuent d'être un foyer de tension, d'autant plus pesant que le dossier des militaires pris en otage n'est pas réglé et ne semble pas devoir l'être rapidement. Ce dossier est une plaie béante aussi bien pour l'armée que pour le gouvernement et pour le Liban en général. Et les éléments armés installés dans le jurd n'ont pas renoncé à l'option de lancer des attaques contre l'armée ou contre certains villages frontaliers de la Békaa pour mélanger les cartes et tenter d'obtenir un couloir sûr de ravitaillement pendant l'hiver. Mais l'armée et le Hezbollah sont en train de consolider les défenses le long de la frontière libanaise avec la Syrie pour éviter les failles par lesquelles les éléments armés pourraient attaquer. À cet égard, la région de Chebaa semblait la plus fragile, notamment en raison de sa proximité avec Israël et de l'aide fournie par les Israéliens aux combattants d'al-Nosra. Mais l'armée et les forces politiques et populaires de la région ont rapidement réagi pour fermer les lacunes. C'est ainsi que l'armée, appuyée par la population de Chebaa, a strictement refusé d'accueillir les blessés d'al-Nosra dans les hôpitaux de la région, coupant ainsi court à toute tentative d'infiltration déguisée. De même, les réfugiés syriens installés dans la région sont soumis à des règles strictes de circulation pour éviter la formation de cellules ou des agressions, même isolées, qui pourraient provoquer des échauffourées en cette période de tension. Il semble d'ailleurs que ni à Tripoli, ni au Akkar, ni à Chebaa, la population ne soit pas réellement favorable aux groupes extrémistes. Ce qui facilite sans aucun doute la mission de l'armée.


Au final, il est clair que le Liban, avec l'aide des pays régionaux et internationaux, est en train de prendre les mesures préventives nécessaires pour se protéger. Mais tant que le conflit politique n'est pas réglé, la stabilité qui règne actuellement restera fragile. Or, justement, pour régler le conflit politique, il faut, plus qu'un parapluie sécuritaire, des solutions régionales et internationales... qui se font attendre.

 

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commentaires (4)

Depuis le temps que la resistance du hezb a fait le ménage a chebaa en s'attaquant a une patrouille usurpatrice et en declarant que le coup venait de lui , les sionistes ont ravale leur langue , en refusant de recevoir a nouveau des salafowahabites a chebaa . Effet Fateh 4 et 10 aussi . Scarlett vous nous donnez les infos vraies qui expliquent concretement la situation avec beaucoup de lucidite et de realisme , ca change de ce qu'on nous sert au quotidien sur des declarations faites de loin et sans effet immediat. On est fier en tant que libanais de savoir qu'on a des hommes qui tiennent fort la barre , en ces temps de tempete complotistes venant des sionistes allies aux salafowahabites .

FRIK-A-FRAK

12 h 46, le 28 novembre 2014

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Commentaires (4)

  • Depuis le temps que la resistance du hezb a fait le ménage a chebaa en s'attaquant a une patrouille usurpatrice et en declarant que le coup venait de lui , les sionistes ont ravale leur langue , en refusant de recevoir a nouveau des salafowahabites a chebaa . Effet Fateh 4 et 10 aussi . Scarlett vous nous donnez les infos vraies qui expliquent concretement la situation avec beaucoup de lucidite et de realisme , ca change de ce qu'on nous sert au quotidien sur des declarations faites de loin et sans effet immediat. On est fier en tant que libanais de savoir qu'on a des hommes qui tiennent fort la barre , en ces temps de tempete complotistes venant des sionistes allies aux salafowahabites .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 46, le 28 novembre 2014

  • La plus grosse mesure préventive pour a sécurité du pays est la remise des armes du Hezbollah a l’armée et le respect par ce dernier et ses allies des lois et de la constitution. Apres tout sera bien plus facile!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 38, le 28 novembre 2014

  • ".... et de l'aide fournie par les Israéliens aux combattants d'al-Nosra." ! Mais, d'où elle sort çà ? N'immmporte quoi !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 14, le 28 novembre 2014

  • ENFIN... UNE ANALYSE OBJECTIVE ! BONNE JOURNÉE, MADAME SCARLETT HADDAD.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 10, le 28 novembre 2014

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