L’appel du large

Incorrigibles Libanais ! On a beau leur expliquer que le monde n'a rien à braire de leurs querelles de chiffonniers, ils veulent absolument se placer.

Installés sous respiration artificielle par le binôme iranien et américain, les grands bonnets-benêts de la République, plutôt que de se pencher sur des questions aussi terre à terre que l'élection présidentielle, les législatives ou le budget, sont trop occupés à faire du vent en nous servant leur verbiage autiste à propos du nucléaire iranien. Même la diarrhée numérique pompée de Facebook et Twitter a trouvé preneur dans notre République de poche. L'appel du large, encore et toujours !
Flash-back sur les temps heureux de la guerre civile... L'époque où la classe politique – quasiment la même que celle d'aujourd'hui – donnait à avaler aux niaiseux des boas constrictors sur canapés, du genre : « Le cessez-le-feu sur l'axe Sodeco-Basta attend le résultat des discussions Reagan-Brejnev à Vladivostok. »
Aujourd'hui, même musique, mais c'est la chanson qui a changé : « La présidentielle libanaise n'attend plus qu'un accord irano-US sur le nucléaire. » Comprendre : dès que les mollahs de Téhéran auront le feu vert pour bricoler leur bombe, ils auront la gentillesse d'offrir aux Libanais un président. Cette fois, ce n'est plus un boa constrictor, mais un anaconda ! Si possible enrobé d'une pelure d'orange, la nouvelle arme de distraction massive de leurs sous-fifres du Hezbollah.
Piètre consolation pour les papys de la République, qui ne sont évidemment pas consultés sur la teneur du marchandage américano-barbu. Ils peuvent ainsi mesurer leur influence dans le cirque régional.
De quoi se plaint-on ? En cas d'accord, il nous restera toujours le choix entre décider de ne pas être libre et avoir la liberté de ne pas décider.

gabynasr@lorientlejour.com