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Moyen Orient et Monde - Les lettres de Jacqueline A.

À l’attention de Valérie Trierweiler,

Je n'avais pas le cœur à écrire. Mauvaise semaine. Ma fille, pas là. Sabah, qui s'en va. La Chahroura, je ne l'écoutais pas matin, midi et soir... Je ne l'écoutais plus depuis longtemps, à dire vrai. Mais il fut un temps où je l'écoutais souvent. Le problème, voyez-vous Valérie, c'est que ma jeunesse fout le camp. Je n'ai pas attendu la mort de Sabah pour m'en rendre compte. Ni la fermeture du Baron, cet hôtel centenaire d'Alep où j'étais allée en vacances, enfant, avec mes parents. Mais ces derniers temps, le monde a tendance à matraquer le message.
Cette semaine, je me suis surprise à trottiner. Il avait plu, le trottoir était luisant. Un trottoir beyrouthin de surcroit, en trous et en bosses. Au lieu de marcher, j'ai trottiné. Une vieille qui aurait peur de se casser le fémur.
Et puis l'appartement, vide. Ma fille à Paris pour ce fichu séminaire. Elle est avocate, ma fille. Je l'ai harcelée de coups de fil. Elle a répondu, quasiment à chaque fois, mais j'ai bien senti que je l'agaçais.

Tout ça pour dire que je n'avais pas le cœur à écrire. Jusqu'à ce que ma fille rentre. Enfin ! C'était hier. Avec, sous le bras, Paris Match. Et sur la couverture de Match, vous.

Valérie, il faut qu'on parle.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, laissez-moi vous dire que sur cette couverture, vous êtes magnifique. Votre visage – quel éclat –, votre chevelure – vous avez changé de coupe ? –, votre port – altier –. Chapeau, Valérie, vraiment, vous êtes magnifique.
Deuxième chose : votre livre, je ne l'ai pas lu. Ne le prenez pas mal, mais je ne le lirai pas.
J'aime la littérature, les mots, le style. Votre histoire ne m'intéresse pas sur le fond, et je pressens que je ne m'y retrouverai pas sur la forme non plus.
Et puis, j'ai été élevée avec l'idée qu'on lave son linge sale en famille. Ne me comprenez pas mal, chère Valérie, loin de moi l'idée ou l'envie de dédouaner le président. Si j'habite avec ma fille aujourd'hui, c'est que mon mari n'est pas là. Cela fait un moment qu'il m'a renvoyée à mon nom de jeune fille. Mais le pourquoi du comment, je ne vous le raconterai pas. Le linge sale, la famille, tout ça...
Intéressante expression, non ? Laver son linge sale en famille. J'utilisais beaucoup les expressions quand j'étais institutrice à Paris pour donner le goût de la langue aux enfants. Je crois que l'une de leurs expressions préférées était : « Ce n'est pas en coupant les oreilles d'un âne qu'on en fait un cheval de course. » À chaque fois, le même effet : de grands éclats de rire entremêlés d'une série de braiments.
Ah, Paris ! Ce furent de belles années ! Après le Liban, la France est ma seconde patrie. Je n'ai jamais demandé la nationalité française, je suis à 100 % libanaise, mais j'ai deux amours, comme dirait l'autre.
Et voilà la raison pour laquelle j'ai ressenti le besoin de vous écrire aujourd'hui.
Valérie, que vous vous vengiez sur papier, à des centaines de milliers d'exemplaires, que vous n'attendiez pas la fin du mandat pour tout déballer. Passe.
Mais que vous alliez aussi vous répandre, comme vous l'avez fait cette semaine, chez les Anglais. Les Anglais !
Valérie, tout de même...


Jacqueline A.

 

La précédente lettre de Jacqueline A.

 

Je n'avais pas le cœur à écrire. Mauvaise semaine. Ma fille, pas là. Sabah, qui s'en va. La Chahroura, je ne l'écoutais pas matin, midi et soir... Je ne l'écoutais plus depuis longtemps, à dire vrai. Mais il fut un temps où je l'écoutais souvent. Le problème, voyez-vous Valérie, c'est que ma jeunesse fout le camp. Je n'ai pas attendu la mort de Sabah pour m'en rendre compte. Ni la...

commentaires (2)

MADAME EMILIE SUEUR, JE RIGOLE UN PEU... MAIS J'AIME LIRE VOS ARTICLES. BONNE JOURNÉE.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 49, le 28 novembre 2014

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Commentaires (2)

  • MADAME EMILIE SUEUR, JE RIGOLE UN PEU... MAIS J'AIME LIRE VOS ARTICLES. BONNE JOURNÉE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 49, le 28 novembre 2014

  • IL FAUT ÉCRIRE UN LIVRE AVEC LES PÉRIPÉTIES DE VOTRE ANGE DE FILLE ! YIA TI2BOCH IMMA CHOU HELWÉ, CHOU MIGNONNE OU CHOU ZAKIYÉ LA 3IMRA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 43, le 28 novembre 2014

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