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Moyen Orient et Monde - Institutions

Et pourquoi pas un Libanais à la tête de la Francophonie ?

Un Libanais serait-il élu à la tête de la Francophonie ? Encore faut-il que la délégation libanaise présente à Dakar fasse le forcing nécessaire, surtout que Michaëlle Jean reste la candidature la plus sérieuse...

Tarek Mitri, alors ministre des Affaires étrangères du Liban, à une réunion de la Ligue arabe, au Caire, en 2008. AFP/KHALED DESOUKI

Les jeux ne sont pas encore faits, et il n'est jamais trop tard. En effet, le sommet de l'OIF (Organisation internationale de la francophonie) qui doit se tenir les 29 et 30 novembre à Dakar consacrera le départ en grande pompe de l'ancien président du Sénégal et actuel secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, qui a tenu les rênes de l'organisation pendant 12 ans. M. Diouf a été élu à la tête de l'OIF en 2002 lors du sommet de Beyrouth. À quelques jours de la grand-messe francophone, aucun candidat n'a encore émergé. Du moins officiellement. Certains observateurs ont même affirmé que ce prestigieux poste n'attire plus les aspirants potentiels. Toutefois, dans les coulisses, les tractations vont bon train, et les paris aussi.

 

(Repère : La francophonie dans le monde : dates et chiffres clés)

 

Ce flou est dû à différentes raisons. D'abord, les règles implicites et non écrites semblent interminables. Les rumeurs aussi. Une d'elles veut que le poste du secrétaire général soit réservé aux pays du Sud et celui d'administrateur aux pays du Nord. Depuis l'élection de Abdou Diouf, il semblerait aussi qu'un ancien chef d'État ferait un candidat sérieux. Rappelons qu'avant M. Diouf, l'Égyptien Boutros Boutros-Ghali, qui était ministre des Affaires étrangères, a été secrétaire général de la Francophonie de 1997 à 2002.
Or aujourd'hui, aucun candidat africain ne fait l'unanimité. Divisés entre eux, les pays africains n'ont pas réussi à faire émerger une personnalité bien trempée pour remplacer le charismatique Abdou Diouf. En attendant, plusieurs noms circulent déjà pour briguer cette prestigieuse fonction. Il s'agit, entre autres, de l'ancien président burundais Pierre Bouyoya ; de l'Équato-Guinéen Agustin Nze Nfumu; de Jean-Claude de l'Estrac, Premier ministre mauricien et secrétaire général de la COI ; de l'écrivain congolais Henri Lopes et enfin de l'ex-président malien de la transition, Dioncounda Traoré. Certaines sources ont même fait circuler l'information que la France avait négocié avec l'ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, afin de le présenter comme candidat au poste de secrétaire général de l'OIF, à condition qu'il renonce à sa volonté de changer la Constitution burkinabè pour briguer un nouveau mandat. On connaît la suite de l'histoire...

 

(Lire aussi : À Dakar, un forcing libanais pour rester au centre des préoccupations francophones)

 

C'est une femme...
Mais la plus sérieuse candidature reste celle de l'ancienne gouverneur générale du Canada, Michaëlle Jean. Son profil correspond bien au poste de secrétaire général de la Francophonie. Elle est québécoise et canadienne d'origine haïtienne. Elle a été gouverneure générale du Canada (chef d'État) de 2005 à 2010. Mme Jean est actuellement envoyée spéciale de l'Unesco pour Haïti et chancelière de l'Université d'Ottawa, la plus grande université bilingue au monde. Elle est en outre la marraine de l'Assemblée des jeunes francophones pour les organisations internationales (AJFOI).
Autre atout de Michaëlle Jean : c'est une femme. Or lors du Forum mondial des femmes organisé à Paris en mars 2013, le président français François Hollande avait, semble-t-il, donné le ton en souhaitant que le XVe Sommet de Dakar soit dédié « aux droits des femmes francophones ». Son élection concrétiserait bien les valeurs brandies par l'OIF qui serait ainsi dirigée par une femme.
Toutefois, la candidature de Mme Jean va battre en brèche la règle non écrite selon laquelle le poste de secrétaire général de l'OIF est réservé aux pays du Sud. Une entorse encore plus grave, sachant que le poste d'administrateur de l'organisation est confié au très dynamique et très efficace... Canadien Clément Duhaime. Il sera donc impossible d'avoir deux Canadiens à la tête de l'OIF. Son départ serait une perte inestimable pour l'institution. Et remplacer M. Duhaime, qui a réussi à merveille la gestion et la transformation de cette organisation internationale, est encore plus délicat et plus difficile que la succession du secrétaire général. Surtout qu'il faudrait trouver une personnalité qui puisse avoir le talent, l'énergie et surtout l'aptitude de diriger l'OIF.

 

(Lire aussi : Rita Maalouf à l'« OLJ » : Le PS déterminé à soutenir la francophonie au Liban et dans la région)

 

Cette idée folle...
Il serait donc préférable de revenir aux candidats des pays du Sud. Surtout que les candidats du Nord sont également nombreux. Certains ont même avancé le nom de l'ancien ministre français, Jack Lang, qui a réussi admirablement à la tête de l'Institut de monde arabe (IMA).
D'où la folle idée de présenter un candidat libanais. Et les deux noms qui circulent sont ceux de Ghassan Salamé et Tarek Mitri.
Ghassan Salamé a été ministre de la Culture entre 2000 et 2003, au sein du gouvernement de Rafic Hariri. C'est alors qu'il a supervisé l'organisation du sommet de l'OIF à Beyrouth. Il est membre du Haut Conseil de la francophonie. Il a été également conseiller spécial de Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies. Il a été directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), et aujourd'hui directeur d'études à l'Institut d'études politiques de Paris, professeur des universités. Son profil est donc idéal pour ce poste.
Idem pour Tarek Mitri, qui a participé à de nombreuses initiatives mondiales de dialogue interreligieux. M. Mitri a également été ministre, dans différents gouvernements au Liban, et c'est à lui que l'on doit, entre autres, la résolution 1701 de l'Onu qui avait mis fin à la guerre de juillet en 2006 entre Israël et le Hezbollah. Il était le représentant spécial du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, pour la Libye et chef de la mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul). Ses compétences académiques (il est désormais directeur des départements de gouvernance publique et de relations internationales au sein de l'Institut Issam Farès de l'Université américaine de Beyrouth) et surtout sa qualité de médiateur lui ont valu respect et renommée bien au-delà des frontières libanaises.
On a beaucoup parlé aussi, à Beyrouth, de la candidature de l'ex-chef d'État Michel Sleiman, mais qui semblerait avoir moins de chances que MM. Salamé et Mitri, si le cas du Liban devait se présenter pour la succession de M. Diouf.
Reste qu'il serait impératif que la délégation libanaise présente à Dakar puisse faire le forcing requis pour solliciter les soutiens nécessaires, notamment ceux des pays du Sud, afin de stimuler efficacement la candidature, puis l'élection d'un Libanais.

 

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commentaires (4)

Mais, à condition avec des "cou.lles"....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 02, le 29 novembre 2014

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Commentaires (4)

  • Mais, à condition avec des "cou.lles"....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 02, le 29 novembre 2014

  • On a les competences pour ca , alors oui pourquoi pas ?

    FRIK-A-FRAK

    12 h 22, le 28 novembre 2014

  • WALLA MA ANA ! HOUÉ ! MA ANA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 50, le 28 novembre 2014

  • Et pourquoi pas une grand-mère libanaise alors !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 22, le 28 novembre 2014

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