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Culture - Installation

Permis de toucher, même dans le noir

À l'espace Station, les sculptures de Nadine Abou Zaki s'animent à la première caresse, s'habillant de son et de lumière. « Please don't touch » est une performance sculpturale interactive qui se poursuit jusqu'au 30 novembre.

Une sculpture comme un totem, mariage de tous les sens. Photo Michel Sayegh

Il est d'usage, en entrant dans un musée ou dans tout lieu où l'on expose des œuvres d'art, de voir des petites mentions écrites adjoignant à tout visiteur de ne pas y toucher. Nadine Abou Zaki, elle, inverse le processus. Elle invite ainsi chacun à palper et à parcourir non du regard, mais d'un geste de la main ses œuvres sculptées dans le bois, lesquelles, à peine effleurées, s'animent, s'éclairent, prennent forme et vie.

Dans le noir
Nadine Abou Zaki enseigne la philosophie à l'AUB. Fondatrice de Nawf (Forum de la nouvelle femme arabe), cette titulaire d'un doctorat en philosophie de l'Université Paris IV Sorbonne et d'un diplôme en sciences politiques réussit à revendiquer farouchement sa passion pour la sculpture qu'elle a appris à maîtriser auprès de ses maîtres comme Aref Rayess, Mona Saoudi et Sami Rifaï.
Dans cette nouvelle performance interactive, qui a pris jour après que les sculptures aient pris forme, Abou Zaki est entourée de Zeid Hamdan au son, Alaa Minawi à l'éclairage créatif, Lisa Chehadé pour la sculpture vivante, ainsi que Bshara Atallah pour les textiles. L'artiste nous fait partager sa propre expérience afin que la sienne se démultiplie ensuite à l'infini. «Pour ce travail, j'ai tenté de travailler les yeux fermés afin que mon geste ne soit pas guidé par mon regard, mais par mes sensations les plus profondes et les plus enfouies», confie Nadine Abou Zaki. Ainsi, les yeux ne sont plus un barrage ni même une censure au flux d'émotions. «C'est pourquoi, poursuit-elle, j'invite les désireux à partager cette expérience à rentrer dans l'obscurité totale où des jeunes filles toutes vêtues de noir leur indiqueront le chemin.»
La nuit, tous les chats ne sont pas gris. En effet, derrière ce rideau et dans l'obscurité totale, le contact engendre la relation entre le corps et l'objet. Seul, face à l'œuvre, le visiteur est également face à lui-même. Sur les formes lisses ou à aspérités, la main glisse, s'insère dans les creux et remodèle l'objet à sa façon. Transfigurés par une «barrière de son», ces instants réveillent en toute personne des souvenirs lointains. À peine la sculpture touchée, la voilà qui s'allume comme si elle naissait sous la paume des mains. Étrange sensation qui n'est que celle de la révélation ! Le huis clos se poursuit à l'extérieur puisque derrière une sculpture géante dressée tel un totem est projeté un film de quelques minutes sur grand écran qui confronte le regard au toucher.
Le bruitage sonore de Zeid Hamdan finit de donner cette touche hypnotique à la projection audiovisuelle. Au bout du compte, tous les sens se confondent et deviennent tactiles.
Parce qu'il a été permis de toucher.

Il est d'usage, en entrant dans un musée ou dans tout lieu où l'on expose des œuvres d'art, de voir des petites mentions écrites adjoignant à tout visiteur de ne pas y toucher. Nadine Abou Zaki, elle, inverse le processus. Elle invite ainsi chacun à palper et à parcourir non du regard, mais d'un geste de la main ses œuvres sculptées dans le bois, lesquelles, à peine effleurées,...

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