L’Otan dénonce les missiles russes en Crimée, une « menace pour la région de la mer Noire »

Le commandant en chef de l'Otan, le général américain Philip Breedlove, a dénoncé hier à Kiev le déploiement de missiles russes en Crimée estimant qu'il s'agissait d'une menace pour les pays bordant la mer Noire.
« Les équipements qui sont en train d'être installés en Crimée (...), les missiles de croisière et les missiles antiaériens sont capables d'atteindre la totalité de la région de la mer Noire », a-t-il notamment expliqué. Il est toutefois resté évasif sur les perspectives atlantistes de Kiev alors que les autorités pro-occidentales ukrainiennes tentent de relancer leur projet d'adhésion à l'Otan après la perte humiliante de la Crimée et la partition de facto du bassin minier du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, contrôlé en partie par les rebelles prorusses qui combattent l'armée ukrainienne. Par la suite, après s'être entretenu avec le président ukrainien Petro Porochenko et le Premier ministre Arseni Iatseniouk qui ont fait de l'adhésion de Kiev à l'Otan une priorité, le général Breedlove a souligné que ce n'était pas l'Otan qui cherchait de nouveaux membres, mais « ce sont eux qui cherchent à rejoindre l'Otan ». « Nous devons être suffisamment clairvoyants pour réaliser que cela pourrait inquiéter l'autre partie », a-t-il souligné dans une allusion évidente à la Russie. Pour sa part, M. Porochenko s'était engagé lundi à organiser un référendum à ce sujet lorsque les critères nécessaires seraient « remplis », sans plus de précisions. Toutefois, même les alliés les plus fidèles de Kiev sont sceptiques sur la perspective d'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance atlantique. À ce propos, la responsable du département d'État américain chargée des affaires européennes, Victoria Nuland, a déclaré hier dans une interview au site d'information russe indépendant Meduza qu'il serait « très difficile » pour l'Ukraine d'adhérer à l'Otan.

Merkel dénonce Moscou
De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a accusé hier la Russie de violer le droit international en intervenant en Ukraine et a prévenu que la résolution de la crise dans l'est du pays exigeait de la patience, dans un discours prononcé au Bundestag. Parallèlement, l'ambassadeur russe à l'Onu Vitali Tchourkine a rejeté hier l'idée des séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine de demander le déploiement de Casques bleus, notamment russes, dans cette région. Un diplomate européen membre du Conseil de sécurité a lui aussi estimé que l'idée d'une opération de maintien de la paix dans l'est de l'Ukraine « suscitait peu d'enthousiasme » au sein du Conseil.
Enfin, sur le terrain, Kiev a affirmé hier avoir repéré plusieurs dizaines de camions transportant des hommes et de l'artillerie, et traversant la frontière russe pour se rendre dans l'Est séparatiste. Le porte-parole militaire ukrainien Adriï Lyssenko a fait état de mouvement enregistré la veille de « deux colonnes d'équipement militaire en provenance de Russie et en direction de Lougansk via le poste-frontière d'Izvariné » sous contrôle des séparatistes prorusses. « Il s'agit d'une quarantaine de camions accompagnés de deux véhicules blindés et d'une voiture. Sept véhicules transportaient du personnel et plus de 20 autres tractaient de l'artillerie », a-t-il précisé.
(Sources : agences)