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À La Une - Tiré de nos archives

Sabah : « Le voyage de ma vie »

A l'occasion du décès de Sabah la nuit dernière, nous sortons de nos archives cet article publié le 3 mars 2001. Une rencontre avec Sabah

Sabah photographié au début des années 70, dans un studio d'enregistrement beyrouthin. AFP PHOTO/HO

 

Sabah, la grande, notre Sabbouha nationale, a été élue au suffrage universel reine des cœurs des Libanais. Un mandat à vie. La voilà, toujours présente, souriante, aimable. Et simple. Tout le monde l'aime. Une histoire d'amour qui dure depuis si longtemps et qui n'est pas près de s'achever. Sabah, el-Chahroura comme ils l'appellent, demeure pour la plupart des Lianais «leur» star, celle dont ils peuvent s'enorgueillir. Inaccessible lorsqu'elle revêt ses costumes de scène, elle peut au besoin se transformer en sœur, mère, amie ; une confidente qui utilise un vocabulaire populaire et spontané.

Chez elle, pas de folie des grandeurs, pas de caprices ni de mystères. Elle exige l'essentiel, le respect, et offre à son tour l'essentiel, une gentillesse et une générosité rares dans l'univers impitoyable du show-business. Les détails de sa vie ont souvent été révélés – par elle – sans complexe ou mensonges.

Pour arriver à destination – Sabah aime recevoir chez elle –, aucun risque de se perdre. Il suffit de demander au passant pressé l'adresse exacte, il suspendra sa course pour vous indiquer fièrement le chemin le plus court. Une fois arrivé, personne ne s'étonnera de lire sur un papier griffonné à la main et collé au mur, attention particulière d'un fervent admirateur, sans doute : «Interdiction de stationner, emplacement réservé à «Sitt Sabah». Une fierté nationale Dame Sabah est en effet une grande dame de la chanson libanaise. Elle lui a donné une base, un folklore, une gaieté, des couleurs. Et son sourire. Inaltérable, sincère. Quand elle apparaît au seuil de la porte, Sabah éclaire la pièce. Pas étonnant avec un nom pareil !

 

(Diaporama : Sabah, une vie en images)

 

«La célébrité ne change pas grand chose»

Aujourd'hui, elle a abandonné au vestiaire ses robes et ses strass, leur préférant un simple pantalon lilas avec son pull de la même couleur, relevé d'une grande fleur, touche finale de l'artiste, coquette jusqu'au bout des doigts, qu'elle a fins, presque élancés. Malgré la célébrité qui caractérise sa vie, elle est demeurée Jeannette Féghali, «la célébrité ne change pas grand chose, dans le fond, mais elle ouvre des portes, des cœurs. L'amour des gens n'a pas de prix». Et de préciser, en riant : «Si je veux quelque chose, Sabah l'obtient tout de suite, la pauvre Jeannette n'obtient rien du tout !».

 

La vie de ces deux femmes n'aura pas été de tout repos, «le monde du Star System est plein de requins qui guettent jalousement leur proie. L'artiste qui veut se maintenir au sommet ne se repose jamais». Il lui aura fallu se battre âprement mais avec le sourire pour imposer une personnalité déterminée, doublée d'une soif de liberté – «avec une liberté intelligente on peut tout faire» – qui montrait un nouveau visage de femme, dans le fond aussi bien que dans la forme ; une très jeune femme qui a imposé son style, sa voix, son allure et sa présence devant une famille réticente et un public surpris mais rapidement séduit. «J'ai été très courageuse dans ma vie. J'ai tout décidé moi-même et je n'en fait qu'à ma tête. On ne vit qu'une seule fois».

 

De sa longue carrière, les Libanais auront tout absorbé et revu, grâce surtout à un documentaire, Mechouar Hayati, diffusé sur la Future Television il y a moins d'un an. Le bilan chiffré, plus de 3 000 chansons, une centaine de films, une médaille de commandeur, qu'elle a reçue des mains du président Charles Helou, et une prochaine à venir, «je ne l'accepterai que des mains de notre président. Ce ne sont pas des caprices, je pense que c'est plus que légitime». Dans cette promenade qu'a été sa vie, elle aura foulé les plus grandes scènes du monde, l'Olympia, l'Albert Hall, l'Unesco et bien sûr Baalbeck. Sa plus grande fierté demeure ce pays, son armée qu'elle ne cesse de chanter, «que Dieu me garde le Liban, je sais qu'il restera debout».

 

La prière, un refuge

Sabah, très croyante, se réfugie dans la prière, «la plus belle chose au monde», lorsque la vie lui impose son lot de souffrances. Le restes du temps, et quand il ne chante pas, notre merle national aime l'amour, le rire, sa famille, ses sœurs, ses enfants, Sabah et Houeida, ses petits-enfants, le bonheur et Fadi Lebnan. Quinze ans que ça dure, un record pour Sabah qui a uni sa vie, un moment, à de nombreux prétendants – mais quand on aime, on ne calcule pas – et dont on retiendra messieurs Nagib Chammas, Rouchdi Abaza, Jo Hammoud, Wassim Tabbarah et enfin Fadi Lebnan . «La plupart de mes mariages ont duré 5 ans. Au bout de la cinquième année, je deviens folle ! Ces hommes ont tous voulu gérer ma vie et ma carrière. En contrepartie, ils ne m'offraient rien». Fadi, en dépit des nombreux sceptiques, a réussi à la combler, comme l'ont fait ses admirateurs, tout au long de sa vie jalonnée de surprises.

 

Il y a moins d'un an, l'hospitalisation de Sabah a fait souffler un vent de panique généralisée. «J'aime beaucoup mon public. Il m'a aimée sans but. Lors de ma maladie, il m'a montré tellement d'amour. «Après quelques mois passés au États-Unis chez son fils Sabah, elle s'est refait une santé avant de nous revenir avec plein de projets, une prestation télévisée pour la première de l'émission Studio el-Fan et de nouvelles émotions. «Après ma maladie, j'ai chanté à Los Angeles pour la fête de l'Indépendance du Liban. Je tremblais, comme si c'était la première fois». El-Chahroura s'est donc remise à chanter avec sa générosité habituelle et le public continue d'applaudir sa fierté nationale.

 

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Sabah, la grande, notre Sabbouha nationale, a été élue au suffrage universel reine des cœurs des Libanais. Un mandat à vie. La voilà, toujours présente, souriante, aimable. Et simple. Tout le monde l'aime. Une histoire d'amour qui dure depuis si longtemps et qui n'est pas près de s'achever. Sabah, el-Chahroura comme ils l'appellent, demeure pour la plupart des Lianais «leur» star,...

commentaires (3)

ALLAH YIR7AMA.

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 40, le 26 novembre 2014

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Commentaires (3)

  • ALLAH YIR7AMA.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 40, le 26 novembre 2014

  • C'est une grande Libanaise qui nous quitte aujourd'hui. Merci à son talent et à ce qu'elle a contribué à donner à notre pays. Que Dieu accueille aalègrement son ame dans son Paradis!

    Ali Farhat

    14 h 19, le 26 novembre 2014

  • La Reine de Sabah vivait toujours parmi nous ... gloire à son royaume maintenant retrouvé....

    M.V.

    12 h 51, le 26 novembre 2014

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