La situation au Liban, la crise politico-institutionnelle qu'il connaît et les retombées des événements de la région, et en particulier en Syrie, sur son territoire, ont été au centre d'un séminaire tenu récemment à Washington loin des médias.
Des responsables de l'administration américaine, des représentants de think-tanks et d'autres spécialistes du Moyen-Orient et du Liban ont pris part à ce séminaire, qui a été placé sous le signe de la « gravité de la situation » au Liban et des craintes pour l'avenir de la formule libanaise, voire de l'entité libanaise elle-même, ainsi que pour la présence chrétienne dans ce pays et dans la région.
Les participants sont allés au fond des choses, abordant l'accord de Taëf et l'équation centrale sur laquelle il repose, à savoir le principe de la parité islamo-chrétienne.
Un membre actif d'une organisation maronite ayant pris part à ce séminaire a fait état à son retour de Washington de l'ampleur des craintes chez un nombre de responsables occidentaux quant aux risques d'effondrement du Liban face aux défis qu'il affronte et aux attaques qu'il subit, notamment après l'apparition des organisations jihadistes telles que l'« État islamique ».
Les participants ont exclu toute remise en question de l'ordre hérité de Sykes-Picot, en dépit du fait que l'« EI » ignore les frontières établies, tant du point de vue du territoire du califat qu'il a proclamé (en Syrie et en Irak) qu'en ce qui a trait au champ d'action de ses combattants, qui atteint le Liban. Cette donnée inquiète bien entendu l'Occident qui agit pour maintenir la crédibilité du système international fondé sur le respect des frontières. D'où la campagne militaire en cours contre « Daech » et ses sœurs, une campagne que l'on prévoit être de longue durée.
S'agissant spécifiquement du Liban, les participants se sont penchés sur la formule libanaise prise comme un modèle singulier qu'il est nécessaire de préserver et qu'il est hors de question de laisser s'effondrer sous les coups des organisations jihadistes.
Ils se sont attaqués au problème de la présence chrétienne, vue notamment sous l'angle de l'intensification de l'émigration, et sont parvenus à la conclusion qu'il ne faut pas toucher à Taëf et à son équation de la parité, certains craignant qu'une formule alternative fasse perdre au Liban sa spécificité en tant que pays de la coexistence, du dialogue et de l'interaction des cultures et des civilisations, et en tout état de cause, qu'elle modifie l'image du Liban à l'extérieur.
Le séminaire a donc insisté sur la nécessité de maintenir Taëf en l'état et de s'abstenir de tout amendement qui dénaturerait l'équation sur laquelle il repose, ce qui nécessite la mise en place d'une garantie internationale.
L'un des participants relève que cette approche de la question libanaise, fondée sur les équilibres de Taëf et sur les rapports entre communautés, est toute nouvelle dans le dictionnaire des responsables américains qui considèrent à l'heure actuelle que la réactivation du dialogue entre Libanais est absolument nécessaire et même vitale pour sauvegarder le Liban et pour régler les problèmes de ce pays pacifiquement et loin de toute pression extérieure, qu'elle soit régionale ou internationale.
Pour les participants, il paraissait évident que la priorité des priorités devrait revenir à l'élection d'un président de la République, qui aurait pour tâche notamment de réactiver les institutions et de superviser le dialogue entre les diverses composantes du pays. Sans ce président, et donc sans un rétablissement d'un pouvoir complet, le Liban serait toujours en péril.
Mais pourquoi ce séminaire a-t-il été tenu en ce moment précis et à Washington ? Pour l'un des participants, il est clair que les craintes au sujet de l'avenir de la formule libanaise sont sérieuses et fondées sur les rapports adressés aux gouvernements par les diplomates. Il fallait donc tenter de trouver des mécanismes pour sauver le Liban.
Selon un responsable américain, l'ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, David Hale, a transmis dernièrement aux responsables et chefs politiques libanais l'état d'esprit de l'administration américaine, pressant ses interlocuteurs d'agir afin d'élire un président dans les plus brefs délais en partant du principe qu'il faut impérativement libaniser l'échéance présidentielle.
Dans ce cadre, les responsables américains ne cachent pas leur irritation à l'égard du comportement des leaderships chrétiens, jugés responsables de l'impasse présidentielle du moment que les chefs musulmans, et en particulier Saad Hariri, s'étaient placés en retrait, acceptant par avance tout candidat qui serait choisi par les chrétiens eux-mêmes et qui aurait la bénédiction de Bkerké.
Pour les milieux diplomatiques occidentaux, étant donné que les chefs chrétiens ont été incapables de s'entendre en eux, et qu'il est clair qu'aucun des quatre principaux leaders maronites n'est en mesure de l'emporter, il est temps que les chefs musulmans, également concernés par la présidentielle, s'activent pour se mettre d'accord sur un candidat de compromis qui serait acceptable pour tout le monde et qui recevrait l'aval de Bkerké.
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commentaires (7)
Il faut aussi ke d'autre arrête de nous poster des article émanent d'autres sources journalistique qui sont en aucun cas réaliste et qui suppose être une propagande et surtout mais a mal la propriété intellectuelle !! Encore une fois faite attention messieurs de l'OLJ
Bery tus
19 h 52, le 26 novembre 2014