Palestiniens et défenseurs des droits de l'homme accusent Israël d'inciter ses forces de sécurité à abattre les auteurs présumés d'attaques, pour ne pas avoir à les libérer dans le cadre d'échanges de prisonniers que l'État hébreu dit ne plus vouloir pratiquer.
Dans le quotidien libéral Haaretz, l'éditorialiste Carolina Landsmann accuse les autorités de préférer « un terroriste tué sur place plutôt que traduit devant la justice ». Cette tendance s'est accentuée récemment dans un pays qui proclame ne plus vouloir échanger de prisonniers palestiniens comme il l'a fait par le passé, contre des otages ou des dépouilles d'Israéliens. De leurs côtés, les défenseurs des droits de l'homme désignent le ministre israélien de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovich comme l'initiateur de cette nouvelle politique. « Un terroriste qui attaque des civils est un homme mort », a-t-il lancé. Il a ensuite réaffirmé son « soutien total aux policiers » lorsque les villes arabes d'Israël s'embrasaient après la mort d'un jeune Arabe israélien abattu par la police de plusieurs balles dans le dos. Ce qui explique l'annonce dimanche des poursuites contre un policier accusé d'avoir tué un Palestinien en mai pourrait relancer les craintes des défenseurs des droits de l'homme : Ben Deri sera poursuivi pour « homicide involontaire » et non pas pour « meurtre » après la mort d'un jeune manifestant en Cisjordanie occupée.
De leur côté, Palestiniens et ONG assurent que plusieurs auteurs présumés d'attaques ont été abattus sur place alors que certains n'avaient pas d'armes et auraient pu être maîtrisés, arrêtés ou blessés aux jambes. Pour l'ONG israélienne B'Tselem, les déclarations du ministre Aharonovich représentent un « appel provocant à contrevenir à la loi et à mener des exécutions sans procès ». Pour sa part, la direction palestinienne a dénoncé, dans des lettres adressées aux Nations unies, des « exécutions extrajudiciaires » et des « meurtres délibérés ». Tandis qu'Amnesty International a dit « fortement soupçonner des meurtres délibérés ».
Le premier à être tué récemment dans des conditions qui troublent des défenseurs des droits de l'homme a été Abdelrahmane Shalodi, abattu par la police à l'arrêt de tramway de Jérusalem contre lequel il avait lancé sa voiture le 22 octobre, tuant deux personnes. Une semaine plus tard, la police tuait de 22 balles à son domicile un autre Palestinien, Mouataz Hijazi, qui avait tenté d'assassiner une figure de l'extrême droite juive religieuse. Début novembre, c'est Ibrahim al-Akari qui lançait son van sur une station de tramway avant d'être abattu. Et quelques jours plus tard, les policiers tuaient Kheir Hamdane, le jeune Arabe israélien qui menaçait leur véhicule, un couteau à la main. Enfin, la semaine dernière, les cousins Oudaï et Ghassan Abou Jamal ont été abattus par la police après avoir tué cinq personnes dans une synagogue, un attentat qui a fortement marqué les esprits. Aucun d'eux n'aura eu de procès.
(Source : AFP)
Moyen Orient et Monde - Terrorisme
Entre le meurtre et la justice, Israël a fait son choix
OLJ / le 26 novembre 2014 à 00h00
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20 h 54, le 26 novembre 2014