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Moyen Orient et Monde - Bahreïn

Sunnites et chiites encore plus divisés après les élections

Le pouvoir annonce 51 % de participation ; l'opposition cite un chiffre d'environ 30 %.

Des manifestants bahreïnis contre les législatives en cours, dans le village de Sanabis. Mohammad al-Shaikh/AFP

Les élections générales à Bahreïn, boycottées par l'opposition, ont accentué le clivage entre la communauté sunnite attachée à la dynastie des al-Khalifa et la majorité chiite, qui réclame une médiation de l'Onu pour sortir le pays de la crise politique.
À peine les bureaux de vote fermés samedi soir, une vive polémique a éclaté entre les autorités et l'opposition sur le taux de participation électoral dans ce petit royaume, proche allié de Washington. En effet, le pouvoir sunnite a affirmé non sans triomphalisme que la participation avait atteint 51,5 %, alors que l'opposition chiite a soutenu que le chiffre se situait autour de 30 %. Cette controverse illustre le fossé qui sépare les sunnites, minoritaires mais qui détiennent l'essentiel du pouvoir, et les chiites, majoritaires, mais peu représentés politiquement. Pour l'analyste Justin Gengler interrogé par l'AFP, le pouvoir ne cesse de promouvoir l'idée que la situation s'est « normalisée » à Bahreïn en dépit de la détérioration des relations intercommunautaires. « Malheureusement, la notion a du vrai dans le sens où la tourmente politique est devenue la norme », a-t-il ajouté.
Le taux de participation était le principal enjeu des élections, les premières depuis la répression en 2011 de la contestation contre le régime de ce pays qui abrite la Ve Flotte américaine et où la dynastie des al-Khalifa reste confrontée à des manifestations sporadiques. Pour rappel, samedi soir, à l'issue d'un scrutin prolongé de deux heures sans explication, le ministre de la Justice, cheikh Khaled al-Khalifa, a affirmé que, selon les premières estimations, « le taux de participation aux élections législatives a été de 51,5 % ». En revanche, al-Wefaq, principal mouvement de l'opposition qui a fortement mobilisé ses troupes pour mettre en échec les élections, a tourné en dérision les chiffres officiels, qualifiés « d'amusants, de ridicules et de peu crédibles ».

« Crise de confiance »
Des responsables du gouvernement « essaient de tromper l'opinion publique et d'ignorer le large boycott des élections en annonçant des chiffres exagérés », a accusé al-Wefaq. Le mouvement d'opposition a cité un chiffre d'« environ 30 % » pour la participation, « avec une variation possible de 5 % au-dessus ou en dessous ». Il a au passage accusé le pouvoir d'avoir poussé des dizaines de milliers de sympathisants et de fonctionnaires à aller voter, sous peine de sanctions.
Des responsables gouvernementaux ont pour leur part accusé des militants chiites d'avoir bloqué des rues pour empêcher des gens d'aller voter. Hier, la ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement Sameera Rajab a qualifié les élections de « victoire pour Bahreïn et d'acte d'allégeance au roi » Hamad ben Issa al-Khalifa. « Les mensonges, les insultes et la dérision sont les armes des vaincus et des perdants », a-t-elle ajouté sur son compte Twitter. Pour al-Wefaq, cette consultation n'aidera pas à sortir de la crise. Ce mouvement, qui demande une « véritable monarchie constitutionnelle », a participé depuis 2011 à plusieurs sessions de dialogue national avec les autorités qui n'ont pas permis de progrès.
Il a en conséquence demandé une intervention des Nations unies pour sortir de la crise. « La solution ne peut être imposée par une seule partie comme tente de le faire le pouvoir, mais doit faire l'objet d'un consensus », écrit al-Wefaq. « Il convient de s'asseoir autour de la même table en présence d'observateurs des Nations unies pour surmonter la crise de confiance qui n'a cessé de s'approfondir entre le pouvoir et l'opposition », ajoute ce mouvement. Cela dit, pour M. Gengler, l'opposition s'est mise dans une situation difficile. Elle ne peut revenir dans le processus politique sans avoir obtenu des concessions et s'expose, en continuant à le boycotter, à plus de répression.
Au total, 349 713 électeurs inscrits étaient appelés à choisir 40 députés parmi 266 candidats. Outre les législatives, des municipales étaient organisées le même jour. Un second tour est prévu samedi prochain pour les candidats n'ayant pas été élus avec plus de 50 % des voix au premier. Dans la précédente législature élue en 2010, 18 députés du Wefaq s'étaient retirés dès 2011 pour protester contre la « répression » de la contestation chiite, qui a fait une centaine de morts, selon ce mouvement.

Les élections générales à Bahreïn, boycottées par l'opposition, ont accentué le clivage entre la communauté sunnite attachée à la dynastie des al-Khalifa et la majorité chiite, qui réclame une médiation de l'Onu pour sortir le pays de la crise politique.À peine les bureaux de vote fermés samedi soir, une vive polémique a éclaté entre les autorités et l'opposition sur le taux de...

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