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À La Une - Diplomatie

Nucléaire iranien: les chances d'un accord s'amenuisent à Vienne

L'ex-chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton (centre) entourée du chef de la diplomatie américaine John Kerry et de son homologue iranien Mohammad Javad Zarif. Joe Klamar/AFP

Les chances de parvenir à un accord complet sur le programme nucléaire de Téhéran d'ici lundi apparaissent de plus en plus réduites, l'Iran et les grandes puissances réunis à Vienne reconnaissant être encore loin de l'objectif final à deux jours de la date butoir.

Dans ce dossier brûlant qui empoisonne la communauté internationale depuis plus d'une décennie, Américains, Européens et Iraniens s'accordent tous à reconnaître que des "divergences importantes" subsistent pour parvenir, dans deux jours, à un règlement complet et définitif.

"C'est l'heure de vérité", a lancé le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier en arrivant à Vienne, où il s'est entretenu séparément avec ses homologues américain John Kerry et iranien Mohammad Javad Zarif.

(Lire aussi : L'enjeu à Vienne : retarder la « capacité nucléaire » de l'Iran)


M. Kerry a reconnu qu'il reste "de grosses divergences, (...) de graves divergences" avec l'Iran, tout en assurant que tout le monde "travaillait dur" pour réaliser une percée. "Nous n'avons jamais été si proches d'un accord, mais nous en sommes encore loin", a souligné le ministre allemand, parlant d'une issue des négociations "complètement ouverte".
Côté iranien, une source proche de la délégation a aussi admis auprès de l'AFP que "le fossé rest(ait) encore important", réclamant "maintenant une décision politique" de tous les gouvernements impliqués.
Mais selon une source européenne proche des négociations, la perspective d'un accord complet d'ici lundi apparaît désormais "physiquement impossible", alors qu'"aucun progrès significatif" n'a été réalisé.
"Même si on arrive à un accord politique, les annexes techniques ne seront pas prêtes. Or dans notre esprit rien ne sera agréé tant que tout ne sera pas agréé y compris les annexes", a relevé le diplomate, laissant entendre qu'un éventuel accord politique devra nécessairement être suivi de difficiles négociations détaillées.

Le groupe "5+1" (Chine, Etats-Unis, France, Russie, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran s'efforcent de conclure d'ici lundi soir un accord qui mettrait fin à douze ans de tensions internationales. La communauté internationale souhaite que l'Iran réduise ses capacités nucléaires afin d'exclure tout débouché militaire. Téhéran, qui soutient que son programme nucléaire est strictement pacifique, revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée des sanctions économiques qui l'asphyxient.

(Lire aussi : Aucun "lien" entre le nucléaire iranien et la guerre anti-jihadiste, assure Washington)


Les tractations, qui s'emballent depuis vendredi, se font principalement entre les deux acteurs clés, John Kerry et Mohammad Javad Zarif. Les deux ministres, qui affichent une bonne entente, ont eu trois entretiens en 24 heures à Vienne et devaient se revoir samedi en fin après-midi, sous l'égide de la négociatrice européenne Catherine Ashton, selon des diplomates iranien et américain.
M. Kerry a aussi multiplié dans la matinée les appels téléphoniques à ses homologues des pays arabes et de la Turquie.

Accord-cadre intérimaire

Les difficultés restant à surmonter amènent des experts à envisager un nouvel accord intérimaire -- un accord-cadre général -- faute d'entente définitive lundi. Les parties se donneraient ensuite un délai supplémentaire pour continuer de négocier les détails d'un règlement complet.
L'hypothèse d'une prolongation des négociations a été officiellement écartée par John Kerry jeudi à Paris.
Mais un diplomate américain à Vienne a confié à l'AFP: "Nous n'allons pas discuter avec les Iraniens, de manière prématurée, d'une prolongation (...) mais évidemment on réfléchit à l'heure actuelle au meilleur chemin pour aller de l'avant".

(Lire aussi : Victoire diplomatique pour Obama en cas d'accord sur le nucléaire iranien)


Entre l'Iran et le "5+1", les points d'achoppement sont connus: rythme de levée des sanctions d'une part, capacités iraniennes à enrichir de l'uranium de l'autre.
Remettant la pression sur Téhéran, le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond a rappelé vendredi que la République islamique aurait "énormément à gagner" à un accord. Un tel accord redonnerait du souffle à l'économie iranienne, en particulier grâce à la levée de l'embargo occidental sur le pétrole. Il ouvrirait aussi la voie à une normalisation des relations entre l'Iran et l'Occident, voire à des coopérations sur l'Irak et la Syrie.

En revanche, un accord provisoire ou intérimaire pourrait faire le jeu de ceux qui dans les deux camps, occidental et iranien, sont opposés à un règlement international. Des élus américains sont favorables à un nouveau train de sanctions contre l'Iran, et à partir de janvier les opposants républicains à Barack Obama contrôleront l'ensemble du Congrès américain, entravant la marge de manoeuvre du président américain.
Un échec à Vienne fragiliserait aussi le président iranien modéré Hassan Rohani, qui joue une grande partie de sa crédibilité dans le succès de cette ouverture vers les grandes puissances.


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