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Lifestyle - Tous les chats sont gris - Nightlife

Une soirée avec Mary, et même une nuit...

À la recherche éperdue du meilleur Bloody Mary de Beyrouth.

Photo Gilles Khoury

Du jus de tomate. Du jus de citron. De la sauce Worcestershire. Du sel. Du poivre. Du piment. Une branche de céleri pour décorer, si on veut. Voilà pour les ingrédients, mais alors, la recette? Il n'y en a pas. Et même si l'International Bartender's Association estime qu'il faut 4,5 centilitres de vodka, 1,5 de jus de citron et 9 de jus de tomate, à Beyrouth, chaque barman a sa méthode, ses volumes et son petit quelque chose qui rend son Bloody Mary très singulier. Alors voilà, ce soir, rien de mieux que de parcourir Beyrouth à la recherche de celui ou celle qui concoctera la meilleure version de cette boisson qui, paraît-il, fut inventée par un barman virtuose pour qu'Hemingway n'ait pas une haleine alcoolisant, déjoue la vigilance de Mary, sa dernière épouse qu'il surnommait Bloody Mary. Alors, par précaution, on fera la tournée en solo.

Il est 19h00. Le bar de l'hôtel Albergo s'éveille. Zaya, le barman habillé en costard cravate, s'échauffe le poignet en remuant les shakers. On lui commande un Bloody Mary « extraépicé », comme on l'aime. La chose nous parvient, élégamment présentée dans un long verre, sur un petit napperon avec le sigle de l'hôtel. La boisson est trop sage : pas assez corsée, pas assez piquante. On le leur pardonne car les canapés sont si confortables qu'on a envie d'y passer la nuit, et la vue sur un Beyrouth complexe vaut largement le détour. La facture, par contre, est bien relevée. On se suffira donc d'un seul verre.

20h30. Direction la rue Monnot dont la plupart des bars ne cessent de fermer puis de se reconvertir en lieux biscornus aux noms suspects de Facebook et The Voice. À l'exception du Pacifico avec sa clientèle fidèle, sa terrasse encore plus étroite que celle des appartements parisiens, ses fajitas pour lesquelles on se brûle volontiers les doigts et la langue, ses ventilos comme sortis d'un motel mexicain. Et son Bloody Mary, également en mode tex mex vu la quantité d'épices et de vodka avec laquelle le bartender, jonglant avec deux shakers à la main, a pu renforcer notre verre. Dans un autre registre, on peut s'installer sur la terrasse du St Elmos à Zaitounay Bay, qui se veut à mi-chemin entre les Hamptons en plastique et Dubaï-sur-mer ; et siroter un jus de tomate bien assaisonné présenté dans une sorte de jarre bien mignonne.

22h00. On peut, naturellement, faire la bise à des copains qui dînent au Casablanca. En profiter pour héler Carlos qui slalome entre les tables. Lui demander, avec un sourire charmeur, son «very own» Bloody Mary. Surtout ne rien dire d'autre, le laisser faire. Le cocktail est servi dans un grand verre dans lequel on se baignerait volontiers. On ne va pas se leurrer, c'est (formellement) le meilleur Bloody Mary de la ville. Tour à tour épicé, acide, salé avec des grains de poivre qui remontent dans la paille et de la vodka en note de fond, c'est «miam-miam» comme dirait cette folle de Marguerite K.!

23h30. La bouche pimentée, un peu éméché, se diriger vers l'un des bars de la rue Hamra pour se la jouer hipster gauchisant. Enchaîner un puis deux Bloody Mary au Main Street, au Danny's ou au De Prague.

00h30. C'est pas mal, ça ne casse rien ; mais ça donne envie de faire un saut au bar de La Centrale, dans une atmosphère noir sur noir. Les barmen en tenue d'apothicaire agitent sous nos yeux le cocktail à base de jus de tomate. Versé dans un verre XXL, il égale presque celui avalé d'un trait au Casablanca.

01h30. On titube légèrement jusqu'au Torino, pilier de la nightlife beyrouthine. Bousculade au bar, les commandes fusent. Pour les satisfaire, les bartenders ont des tonnes de recettes en tête. Des classiques, des créations maison, et surtout du sur-mesure. On réussit par miracle à saisir notre Bloody Mary concocté sur Sinnerman de Nina Simone. Le résultat ? À part que c'était bon, on ne s'en souvient plus vraiment vu l'heure (02h00) à laquelle, d'ailleurs, le bar est forcé de fermer ses portes. L'occasion d'aller se coucher, sans craindre la gueule de bois. Parce que ce vaillant cocktail est un remède efficace contre les lendemains de fête avec plein d'oiseaux qui caquettent dans la tête.

 

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