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À La Une - Terrorisme

L'Espagne découvre à son tour le jihad "maison"

Depuis 2013, près de 70% des personnes interpellées pour des délits liés au jihadisme sont de nationalité espagnole.

Troupes de l’Etat Islamique en Irak et au Levant dans les rues de Homs en juillet 2014, en Syrie. AFP

L'Espagne découvre un phénomène déjà bien installé en France et en Grande-Bretagne: la radicalisation extrême de certains jeunes musulmans et l'apparition d'un jihadisme "maison" qui inquiètent Madrid.

Dix ans après les attentats du 11 mars 2004 qui avaient fait 191 morts à Madrid et ont été attribués à un groupe islamiste marocain lié à el-Qaëda, "nous assistons à l'éclosion du jihadisme +maison+", a expliqué un expert, Fernando Reinares, au cours d'un forum sur le "terrorisme global" organisé cette semaine à Madrid. "Ce n'est pas nouveau au Royaume-uni ou en France, mais c'est nouveau en Espagne et en Italie", a-t-il souligné.

 

(Lire aussi : Quand Maxime, Hélène et David partent faire le jihad en Syrie...)

 

En dix ans, près de 500 personnes de diverses nationalités soupçonnées d'activités liées au "terrorisme" islamiste ont été arrêtées en Espagne. Depuis 2013, près de 70% des personnes interpellées pour des délits liés au jihadisme sont de nationalité espagnole, un chiffre qui a augmenté de façon "exponentielle", selon une étude récente de l'Institut royal Elcano, un think tank basé à Madrid. Et, parmi elles, neuf sur dix sont nées en Espagne, affirme Fernando Reinares, auteur du rapport.


Sur les 17 années précédant 2013, seules 5% des personnes arrêtées pour ce type de faits étaient nées en Espagne. Au moins une centaine d'Espagnols ont rejoint les rangs de "milices jihadistes" dans les zones de conflit en Irak ou en Syrie, a annoncé mercredi l'ambassadeur d'Espagne en Irak, Jose Maria Ferre de la Pena, lors d'une conférence sur "les menaces globales, jihadisme et Etat islamique", groupe qui contrôle de vastes pans de territoires en Irak et en Syrie où il a proclamé un "califat".

Un chiffre relativement faible par rapport aux centaines de jihadistes français, britanniques ou allemands impliqués. Mais le phénomène n'en inquiète pas moins Madrid et les interpellations de candidats présumés au jihad se multiplient.


Jihadiste présumée de 14 ans
Celle d'une adolescente de 14 ans, de l'enclave espagnole de Ceuta selon les médias, arrêtée en août, a marqué l'Espagne. Une vaste majorité des personnes arrêtées proviennent des deux enclaves espagnoles en territoire marocain: Ceuta et Melilla.

"C'est une frontière inhabituelle comparée au reste de l'Union européenne", de nombreux Marocains des régions limitrophes étant autorisés à entrer en sortir quotidiennement, explique Jose Antonio Vazquez, un responsable de la police nationale. Du coup, "les jihadistes peuvent passer relativement facilement de l'Afrique du Nord à notre pays", ajoute-t-il.

 

(Lire aussi : Aspirants jihadistes : que cache le paravent de l’islam ?)

 

Comparé à certains de ses voisins, l'Espagne a été "en retard" pour adapter sa législation, estime Fernando Reinares. En 2010, l'Espagne a révisé sa législation anti-terroriste et prévoit une réforme pénale visant à sanctionner "l'entraînement passif et l'endoctrinement" pour combattre le recrutement de "loups solitaires" susceptibles de commettre des attentats dans le pays, a affirmé le secrétaire d'Etat à la Sécurité Francisco Martinez.

En septembre, les autorités ont renforcé le niveau de vigilance à la suite de l'identification et de l'arrestation de dizaines d'extrémistes présumés faisant "l'apologie du terrorisme" sur internet. Même si elle est moins impliquée que la France ou la Grande-Bretagne, l'Espagne reste en outre une cible du groupe EI et des extrémistes musulmans pour sa participation au conflit en Irak, où elle entraîne des soldats.

L'Espagne comme d'autres pays s'inquiète surtout de l'arrivée en Europe des "3 000, 4 000 ou 5 000 combattants étrangers qui ne vont pas nécessairement revenir dans leur pays d'origine", relève Francisco Jose Vazquez, chef de l'unité chargée du terrorisme international à la Garde civile.

"Il y a clairement un sentiment anti-occidental qui remet en cause le bien-fondé de notre intervention dans ces pays", estime de son côté l'expert Jesus Nunez Villaverde. Pour lui, il faut "se concentrer sur les causes profondes" des conflits au Moyen-Orient. "Si on ne prend pas ce chemin, d'autres groupes apparaîtront ailleurs", ajoute-t-il.

 

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