Des vêtements d’hiver pour les militaires otages

Depuis déjà plusieurs jours, les familles des militaires pris en otage depuis le mois d'août par Daech et al-Nosra, dans le jurd de Ersal, tentent de joindre l'ambassadeur qatari au Liban sans succès, espérant qu'il pourrait avoir son mot à dire en faveur de la libération de leurs fils, grâce au rôle de médiateur joué par le Qatar. Hier, une délégation des familles a enfin pu rencontrer l'ambassadeur Ali ben Hamad el-Marri et l'a exhorté à les aider. La délégation lui a également demandé de garder l'émissaire qatari à Beyrouth, cela étant susceptible de rassurer les familles sur le sort de leurs fils, surtout après les menaces lancées lundi par Daech d'assassiner plusieurs soldats dans un délai de quatre jours.

De retour à la place Riad el-Solh, Hussein Youssef, père d'un des otages, a assuré que la visite visait à transmettre un message à l'émir Tamim du Qatar afin qu'il œuvre pour la fermeture de ce dossier dans les plus brefs délais. « L'ambassadeur nous a assurés qu'il transmettra notre requête à l'émir, a confié Hussein Mohammad à L'Orient-Le Jour. Mais il nous a quand même avoué qu'il ne traitait pas d'affaires d'ordre sécuritaire, mais d'ordre politique, et qu'il suivait les négociations à travers les médias. » « Nous espérons que nos efforts aboutiront », a ajouté le père de l'otage Mohammad Youssef qui a par ailleurs tenu à remercier le Qatar et a affirmé garder un brin d'optimisme.

(Pour mémoire : Une maman rencontre son fils otage : Ils veulent toujours les décapiter...)

Des promesses d'escalade
Cet optimisme est justifié par plus d'un fait à ce niveau, notamment la visite du directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, à Damas, où il a poursuivi ses négociations en faveur de la libération des militaires dans un climat qui a été qualifié de « positif ». Des tractations seraient également en cours en vue de la mise en liberté du fils du cheikh salafiste Moustapha el-Houjeiri par l'armée, afin de faciliter les négociations avec al-Nosra, groupuscule assez proche du cheikh. « Le cheikh Moustapha a déployé beaucoup d'efforts pour permettre la libération des quelques militaires qui ont été relâchés par les deux groupes au mois d'août, a estimé Hussein Youssef. L'État devrait le récompenser. Nous estimons vraiment qu'une éventuelle mise en liberté de son fils serait un message positif adressé par l'État libanais aux ravisseurs de nos fils. » Et d'ajouter : « Outre ces informations et la visite de M. Abbas Ibrahim en Syrie, nous sommes rassurés par les négociations que nous avons entamées avec Abou Bara' qui représente l'émir d'al-Nosra, Abou Malek al-Tallé, et qui a en principe accepté que deux femmes de notre part aillent rencontrer nos fils afin de leur donner de nouveaux vêtements pour l'hiver. Nous avons également requis qu'un de nous accompagne ces femmes afin que nous puissions nous rassurer sur la situation des otages. Tout cela est très bon, mais ne signifie pas nécessairement que la libération de nos fils est proche. »

(Pour mémoire : Trois conditions posées par Damas pour faciliter la libération des militaires otages)

Dans les détails, la visite des femmes auprès des militaires kidnappés et l'opération d'expédition de vêtements devraient se faire à travers l'ambassadeur de l'Organisation mondiale pour les droits de l'homme Ali Khalil qui a assuré hier traiter ce dossier de manière exclusivement humanitaire. « La visite à l'ambassadeur du Qatar était nécessaire, vu le rôle qu'a déjà joué ce pays dans plusieurs affaires similaires, a-t-il dit. Après nos deux visites aux ambassades turque et qatarie, il est possible que nous rencontrions bientôt les dirigeants des communautés. »
Et si le député Hadi Hobeich indiquait hier que « le blocage des routes ne menait à rien » et affirmait que « le gouvernement a intensifié les contacts concernant ce dossier, mais il ne peut se soumettre aux souhaits des ravisseurs », les familles des otages affirmaient hier que l'escalade ne s'arrêtera pas.