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À La Une - Terrorisme

Egorger pour nier l'humanité et semer la terreur

Le groupe Etat islamique pratique une lecture erronée et pervertie des textes religieux, estiment des spécialistes.

Capture d'écran de la vidéo de l'exécution de l'otage britannique David Haines diffusée par le SITE, organisme de surveillance des groupes jihadistes, le 13 septembre 2014. AFP/Ho/Site Intelligence Group

Les bourreaux du groupe jihadiste Etat islamique égorgent et décapitent publiquement leurs victimes pour nier leur humanité et semer la terreur, en pratiquant une lecture erronée et pervertie des textes religieux, estiment des spécialistes.

"Il y a d'abord la volonté d'abaisser, d'annihiler l'ennemi : on égorge l'incroyant comme on sacrifie un animal", explique à l'AFP Alain Chouet, ancien cadre à la DGSE (Services de renseignements extérieurs), arabisant et fin connaisseur de la région. "Ils sont mis à genoux, puis couchés au sol pendant qu'on leur tranche la gorge, comme des bêtes. Le message est : on ne va pas gaspiller une balle pour ceux qui ne la méritent pas". "C'est une façon de tuer qui a toujours été pratiquée en terre d'islam, il y a de nombreuses références au fil des siècles", ajoute-t-il. "En plus elle a le mérite - si je puis dire - de frapper les esprits et d'effrayer à l'avance l'ennemi, de ramollir sa volonté de combattre et de résister".

Il cite ainsi l'exemple de Mossoul, capitale du Nord de l'Irak, en principe défendue par des dizaines de milliers de soldats de l'armée régulière. Ces derniers ont pris la fuite sans combattre, en abandonnant un trésor dans les coffres de la banque centrale et des armes à profusion, face à l'avancée de quelques centaines de jihadistes montés sur des pickups, précédés de leur sanguinaire réputation.

Selon Alain Chouet, la docilité des victimes face au terrible sort qui les attend semble incompréhensible mais s'explique par le traitement qu'ils ont certainement subi pendant des semaines ou des mois. "Leur volonté de résistance a été annihilée par les tortures, tout ce qu'ils ont sans doute subi avant", dit-il.

 

(Lire aussi: Comment est organisé le groupe Etat islamique?)

 

"Religion de l'épée"
S'ils émaillent leurs harangues d'innombrables références à l'islam, au Coran et autres édits religieux, les membres du groupe Etat islamique se livrent en fait à un détournement de la religion musulmane et de ses textes, assure à l'AFP Mohamed Moussaoui. Pour cet ancien président du Conseil français du culte musulman (CFCM, de 2008 à 2013), vice-président du Rassemblement des musulmans de France, "cette mise en scène macabre n'est rien d'autre que du terrorisme et de la barbarie". "Cela n'a strictement rien à voir avec l'islam : il s'agit de la confiscation par ce groupe du langage musulman au profit de buts politiques et terroristes. Rien dans le Coran n'autorise ceci, bien au contraire. Les références dont ils se réclament sont fausses, mal traduites, mal interprétées ou sorties de leur contexte", précise-t-il.


"Si vous étudiez bien les textes, vous voyez qu'on n'a le droit de combattre que des combattants: les assassinats de journalistes ou de travailleurs humanitaires sont des crimes, formellement interdits. De même les prisonniers, comme ces pauvres soldats syriens égorgés dans leur dernière vidéo, ne sont plus des combattants et doivent être traités comme des civils (...) Il y a certes des versets guerriers dans le Coran, mais ils n'ont été écrits que pour donner du courage à des combattants. Les terroristes de Daëch (autre appellation de l'Etat islamique) s'en emparent et les détournent, c'est leur méthode habituelle".

Le supplice du journaliste américain Daniel Pearl, égorgé en février 2002 au Pakistan, a été le premier à être filmé et diffusé sur internet à cette fin. Des otages et prisonniers ont ensuite été décapités dans d'autres "terres de jihad", particulièrement en Irak quand la branche locale d'el-Qaëda était dirigée par Abou Moussab al Zarqaoui.

Dans un article intitulé "Décapitations au nom de l'islam", le professeur américain Timothy Furnish, spécialiste de l'histoire de l'islam, écrit: "Zarqaoui et les islamistes qui pratiquent la décapitation croient que Dieu leur a ordonné d'anéantir ainsi leurs ennemis. L'islam, pour cette minorité déterminée de musulmans, est tout sauf une +religion de paix+. C'est plutôt une religion de l'épée dont la lame est pour toujours sur la gorge des mécréants".

 

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Les bourreaux du groupe jihadiste Etat islamique égorgent et décapitent publiquement leurs victimes pour nier leur humanité et semer la terreur, en pratiquant une lecture erronée et pervertie des textes religieux, estiment des spécialistes.
"Il y a d'abord la volonté d'abaisser, d'annihiler l'ennemi : on égorge l'incroyant comme on sacrifie un animal", explique à l'AFP Alain Chouet,...

commentaires (1)

Des sauvages, des barbares, meme pas des animaux....et tout ca au nom de l'Islam religion de Paix.......

IMB a SPO

14 h 01, le 18 novembre 2014

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Commentaires (1)

  • Des sauvages, des barbares, meme pas des animaux....et tout ca au nom de l'Islam religion de Paix.......

    IMB a SPO

    14 h 01, le 18 novembre 2014

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