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Egypte: 5 étudiants devant la justice militaire en vertu d'une loi controversée

Cinq étudiants ont été déférés lundi devant la justice militaire en Egypte, accusés de violences lors d'une manifestation de partisans de l'ex-président islamiste destitué Mohamed Morsi, une première depuis qu'une nouvelle loi a étendu les pouvoirs judiciaires de l'armée.

L'organisation internationale de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a aussitôt dénoncé ce décret présidentiel ayant force de loi, permettant à l'armée de juger des civils pour de simples dégradations sur la voie publique, le qualifiant de "nouveau clou dans le couvercle du cercueil de la justice en Egypte". Un tribunal civil du Caire s'est dessaisi et a renvoyé les cinq jeunes hommes devant un tribunal militaire.

Ils sont accusés d'avoir "participé à une émeute", mis le feu à un bâtiment de l'université du Caire et d'appartenir à une "organisation terroriste". Par ce vocable, la justice désigne habituellement les Frères musulmans, la confrérie islamiste de M. Morsi qui avait remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak en 2011, jusqu'à la destitution en 2013 par l'armée du premier président élu démocratiquement en Egypte.

Depuis, plus de 1 400 manifestants pro-Morsi ont été tués dans la rue, plus de 15 000 de ses partisans ont été emprisonnés, dont des centaines condamnés à mort ou à de très lourdes peines par des tribunaux civils dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'histoire récente" de l'humanité. Mais fin octobre, après un attentat-suicide qui a tué 30 soldats dans le Sinaï, revendiqué par un groupe jihadiste et condamné par les Frères musulmans, le président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée qui a destitué M. Morsi, a émis un décret ayant force de loi en l'absence de Parlement: il étend les pouvoirs de saisine de la justice militaire à quasiment toute atteinte à des biens sur la voie publique, quand l'armée ne jugeait jusqu'alors que les atteintes à la sécurité de son personnel ou de ses équipements.

L'annonce de cette nouvelle législation avait provoqué un tollé chez les organisations de défense des droits de l'Homme, qui s'insurgent depuis plus d'un an contre un régime qu'elles jugent "plus répressif" que celui de M. Moubarak.

Les conditions de saisines de la justice militaire "très larges et absurdes" de cette loi "impliquent que de nombreux autres civils qui manifesteront pourront être jugés par des juges en uniforme aux ordres de leur hiérarchie militaire", s'est insurgée HRW en réaction à l'annonce du renvoi des cinq étudiants.

Cinq étudiants ont été déférés lundi devant la justice militaire en Egypte, accusés de violences lors d'une manifestation de partisans de l'ex-président islamiste destitué Mohamed Morsi, une première depuis qu'une nouvelle loi a étendu les pouvoirs judiciaires de l'armée.
L'organisation internationale de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a aussitôt dénoncé ce...