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Folie douce

Au rythme où vont les choses, à la lumière des grosses ficelles et autres attrape-nigauds qui font notre quotidien, c'est au Liban que le père Ubu élirait aujourd'hui domicile, y édifierait son royaume. Un pays fantasmé constitué de bric et de broc où les plus futés se complairaient dans le rôle de l'idiot du village et où les vessies passeraient aisément pour des lanternes.
Pays de tous les possibles et de tous les impossibles, une « Panurgie » idéale où tout passe, tout marche : on se fait avoir, on se laisse embobiner, on tourne la page et on recommence... Cela dure depuis des décennies, depuis ce fameux 1er septembre 1920, journée lointaine d'une naissance nationale sublimée, où les plus idéalistes voulaient voir très grand, où tous les autres rêvaient d'un encore plus grand.
Certains s'en sont mordu les doigts, d'autres ont réalisé, mais un peu tard, l'inanité de leurs obsessions, mais tout le monde s'obstine à « faire avec », le temps que partout ailleurs, à nos frontières ou un peu plus loin, les géographies se redessinent, les trônes vacillent, les ennemis d'hier se redécouvrent alliés de demain et les amis d'aujourd'hui adversaires d'un futur incertain.
Que se passe-t-il entre-temps en « Panurgie »? On attend, on compte les jours et les mois, on emmure les velléités de changement, on inscrit la magistrature suprême au registre des abonnés absents, on s'offre des vacances parlementaires prolongées et on s'envoie des fleurs empoisonnées au sein d'un gouvernement qui ne rêve que d'implosion. La galerie, elle, applaudit à tout rompre, trouve à ses divers gourous toutes les raisons justifiant les obstructions et ne voit dans sa propre déliquescence que les germes du salut promis.
Qu'importe que l'insécurité se banalise, que les rapts deviennent un fond de commerce de plus en plus lucratif, que les parents d'otages se fassent mener en bateau, que la fermeture des routes, pour un oui ou pour un non, devienne un sport national, que les gens continuent de mourir sur des voies défoncées ou inondées, que les feux rouges soient systématiquement brûlés et que personne n'y trouve rien à redire.
Qu'importe que la malbouffe devienne une affaire d'État, se délite dans les surenchères politiciennes, que le courant électrique soit quasiment volé, pris en otage par ceux-là mêmes qui sont supposés en être les gardiens, que la mafia des moteurs en tire profit et se débrouille pour que la crise se prolonge ; qu'importe que la corruption vampirise les administrations et que les bénéficiaires en tirent publiquement fierté.
Qu'importe que tout aille mal, que les horizons se bouchent, que les jeunes prennent la poudre d'escampette sans un regard en arrière, que les réfugiés syriens s'installent en leur lieu et place et que les équilibres démographiques et communautaires soient bouleversés.
Qu'importe toute cette litanie de misères, cet affront mille fois répété à notre dignité : le Liban d'en haut s'en fiche, le Liban d'en bas ne s'en offusque plus et continue d'applaudir aux délires de ses gourous. Douce folie qui anesthésie la conscience et efface la mémoire...

Au rythme où vont les choses, à la lumière des grosses ficelles et autres attrape-nigauds qui font notre quotidien, c'est au Liban que le père Ubu élirait aujourd'hui domicile, y édifierait son royaume. Un pays fantasmé constitué de bric et de broc où les plus futés se complairaient dans le rôle de l'idiot du village et où les vessies passeraient aisément pour des lanternes.Pays de...

commentaires (5)

Et qu'en est-il du Liban du milieu? Celui qui se plaint mais n'est pas en mesure de proposer des solutions, celui qui ne prendrait jamais la place des gourous, celui qui ne pense qu'à ses intérêts et considère l'intérêt général comme une vue de l'esprit. La loi de la jungle ne cessera que le jour où il n'y aura plus de jungle et non quand adviendra la loi. A méditer...

Olivier Georges

14 h 31, le 17 novembre 2014

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Commentaires (5)

  • Et qu'en est-il du Liban du milieu? Celui qui se plaint mais n'est pas en mesure de proposer des solutions, celui qui ne prendrait jamais la place des gourous, celui qui ne pense qu'à ses intérêts et considère l'intérêt général comme une vue de l'esprit. La loi de la jungle ne cessera que le jour où il n'y aura plus de jungle et non quand adviendra la loi. A méditer...

    Olivier Georges

    14 h 31, le 17 novembre 2014

  • AUX PANURGES "BOYCOTTEURS" ET ABRUTIS ET LEUR COQ FABRIQUÉ AVEC DES "SMALLAH" EMPRUNTÉS ET COLLÉS... DES PANURGES "NULLITÉS" ABRUTIS ET LEURS COQS SANS "SMALLAH" DU TOUT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 14, le 17 novembre 2014

  • Du Nagib Aoun light aujourd'hui .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 49, le 17 novembre 2014

  • Pour prendre conscience de ce qu'est réellement ce Pays aujourd'hui, ce n'est pas seulement du Késchék prédominant dans les menus communautaires libanais qu'il s'agit, mais de la souillure que la société libanaise Malsaine inflige aux Sains libanais et qu'il tente malgré toutes ses vibrisses de nier au prix d'un effort colossal et surdimensionné. Cette société, précisément, il faut la décrypter, la déplier et la cisailler avec lucidité, dévastatrice perversité et dévastatrice mélancolie même comme des grenades dégoupillées, avec des compliments se retournant comme des gants et des critiques piégées. De tout ceci immanquablement sourdra une énergie incompressible, des forces antagonistes qui façonnent des Libanais et un Pays, et tout un appareil emberlificoté idéologico-légendaire fantasmagorique conFessionnel et sectaire qui exalte et qui broie. Et, surtout, une spécificité libanaiiise qui est un perpétuel statuquo hypocrite sans trêve, imbu de fatuité et si perturbateur ; un statisme à l'échelle et à la vitesse de ce patelin : autant dire une -p e r m a n e n c e- absolue comme tradition indigène malheureusement typiquement engourdie, replète et repue, "durable!" et…. si simili-exotique !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 44, le 17 novembre 2014

  • C'est bien ça M Aoun : "les gourous délirent et la galerie les applaudit". A "leurs obstructions " qui paralysent et anéantissent le Liban, elle trouve toujours de sottes excuses et les suit à l'aveuglette. Le tout par orgueil monstre, à leur image même, car elle ne reconnaît jamais qu'elle puisse avoir tort. Alors tout simplement elle est conduite par eux à l'enfer. Tant pis pour elle. Ni eux ni elle ne méritent ce pays.

    Halim Abou Chacra

    04 h 10, le 17 novembre 2014

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