Bizarre, cette détermination soudaine du ministre de la Santé de se soucier de la sécurité alimentaire du citoyen.
Bizarre, parce que la presse ne cesse de crier au scandale depuis de longues années face aux empoisonnements collectifs à répétition et la multiplication des cas de turista, sans pour autant que les gouvernements successifs ne lèvent le petit doigt pour mettre un terme au chaos ambiant et aux inadmissibles pratiques qui règnent dans le domaine de l'alimentation.
Bizarre, parce que c'est une fin de non-recevoir que les autorités continuent d'opposer aux experts qui réclament à cor et à cri une nouvelle loi sur la sécurité sanitaire des aliments définissant normes et standards. Elles voient mal la création d'un organisme de contrôle totalement indépendant qui viendrait s'approprier les prérogatives (et donc les pouvoirs) que se disputent aujourd'hui sept ministères. Elles ont donc relégué aux oubliettes, depuis 2006, le projet de loi mis sur la table en 2004. Et continuent d'opérer sur base d'une loi obsolète, vieille de 30 ans.
Bizarre, dans cet état des lieux, l'acharnement de Waël Bou Faour contre les entreprises du Metn en premier lieu, du Kesrouan ensuite. Des sociétés qui ont mis des décennies, pour certaines, à obtenir leurs certifications Iso 22000, à force de travail et de persévérance. Admettons qu'elles aient commis une erreur ou qu'elles aient fait preuve de négligence. Admettons aussi que nombre d'entre elles proposent à la consommation des produits non frais, voire avariés. Mais alors pourquoi le ministre se tait-il sur les fabriques artisanales douteuses dans la Békaa, pour ne citer que cette région abritant l'ensemble des communautés du pays, où certains producteurs fabriquent encore les fromages et produits laitiers à la main, quasiment dans la rue, dans le déni total des règles d'hygiène les plus élémentaires ? Il admet, certes, « l'état lamentable des boucheries » et promet qu'il n'épargnera personne. Mais au final, il n'en aura fermé qu'une. Ce n'est pourtant pas une malheureuse boucherie qu'il faudrait fermer, mais des centaines sur l'ensemble du territoire.
Le fringant ministre de la Santé veut-il donner l'exemple ou agit-il avec maladresse? La question est légitime en l'absence d'une politique claire de travail préalablement annoncée, destinée à assainir l'ensemble du secteur alimentaire, sans exception, vu l'absence de standards bien définis... et qui dénoncerait, pour commencer, le scandale de la distribution d'eau potable par l'État et les sociétés privées, sans oublier la corruption sous toutes ses formes.
Liban - Citoyen grognon
Vous avez dit bizarre !
OLJ / Par Anne-Marie El-HAGE, le 15 novembre 2014 à 00h33
commentaires (4)
Sept ministères concernés par ce problème de santé publique révélé par le Ministre de la Santé...sept !!! Voilà où le bat blesse dans notre pays! Pourquoi le Ministre de la Santé doit-il se référer à six autres ministères pour prendre ses décisions et édicter des lois ? Déjà que 2 ou 3 Libanais n'arrivent pas à se mettre d'accord sur quoi que ce soit...alors sept ministères avec: les ministres, les directeurs, les sous-directeurs et j'en passe...chacun ayant ses propres idées et intérêts à ménager, etc., etc. Voilà pourquoi on n'arrive jamais à accomplir quelque chose de concret dans ce pays: à force de vouloir toujours ménager toutes les chèvres et tous les choux...on n'avance pas, on recule...alors que tout autour de nous, même dans les pays dits "sous-développés"...on progresse !!! Faut croire que le progrès ne convient pas à tous... Irène Saïd
Irene Said
16 h 12, le 15 novembre 2014