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Victoire pour l'Europe spatiale : son robot s'est posé sur une comète, une première

Les 60 heures qui viennent seront décisives pour la science.

Des dirigeants de l'ESA célèbrent le 12 novembre 2014 l'exploit du robot Philae, qui a atterri sur la comète Tchouri, une première. REUTERS/Ralph Orlowski

Mission accomplie: pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, l'Europe a posé en douceur mercredi un petit robot, Philae, à la surface d'une comète, couronnement d'une aventure spatiale entamée il y a vingt ans.

Nous sommes sur la comète", "nous sommes très heureux", a déclaré Andrea Accomazzo, directeur de vol de la mission Rosetta au Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) à Darmstadt (Allemagne), sous des applaudissements nourris.

 

"Atterrissage confirmé, capitaine!"

 

Après une attente angoissante de sept heures pendant lesquelles Philae est descendu en chute libre vers sa cible, l'atterrissage du robot s'est fait "en douceur", selon l'ESA. Le signal confirmant l'atterrissage est arrivé sur Terre à 16h03 TU (17h03 heure de Paris). "C'est un grand pas pour la civilisation humaine", a commenté Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'ESA. "Nous sommes les premiers à l'avoir fait et c'est cela qui restera pour toujours", a-t-il ajouté, manifestement soulagé après 24 heures sous haute tension dans les différents centres de contrôle de l'ESA.

Cette prouesse technique s'est jouée à plus de 500 millions de km de la terre. La mission du robot laboratoire est de faire des prélèvements qui donneront des informations sur les origines du système solaire, voire sur l'apparition de l'eau et de la vie sur Terre.

 

Le robot Philae, après son détachement de la sonde spatiale européenne Rosetta.

REUTERS/ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA/Handout via Reuters

 

Largué en début de matinée par Rosetta avec laquelle il avait voyagé pendant dix ans, le petit robot aventurier était à l'heure pour son rendez-vous sur le noyau de la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Comme prévu, il a touché le sol cométaire - ce qu'aucun engin de fabrication humaine n'avait encore jamais fait - sur le site d'Agilkia, choisi comme celui présentant le meilleur compromis technique et scientifique. Cette arrivée en territoire inconnu n'est pas sans rappeler les premières explorations du sol martien.
Klim Tchourioumov, codécouvreur de la comète en 1969, était venu en personne à l'ESOC pour assister en direct à l'événement. L'autre découvreuse, Svetlana Guérassimenko, a fait le déplacement jusqu'à Cologne, au siège de l'agence spatiale allemande.

 

(Repère : La sonde spatiale déchiffreuse de comète et glaneuse de premières)

 

Le graal des astrophysiciens

Philae s'est posé à la vitesse d'un marcheur (3,5 km/h)... mais sur une comète qui file à 18 km/seconde.
Pendant sa longue descente, Philae n'est pas resté désœuvré : il a d'abord pris des images de sa fidèle complice, Rosetta, qui l'a transporté pendant plus de dix ans de voyage interplanétaire. Il a aussi pris des images à l'arrivée, du site d'atterrissage sur la comète.

Plusieurs autres de ses instruments ont été mis en action pendant la descente. Mais c'est surtout les 60 heures qui viennent, pendant lesquelles Philae va fonctionner sur sa pile, qui vont être décisives pour la science. Car outre l'exploit technique, Philae a la mission de trouver sur le noyau de la comète le graal des astrophysiciens : des molécules organiques qui ont pu jouer un rôle dans l'apparition de la vie sur Terre, les comètes étant les objets les plus primitifs du système solaire. "On s'est fixé comme objectif que dans les 60 heures, chaque instrument puisse travailler au moins une fois au maximum de ses possibilités", a déclaré Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de l'atterrisseur.

 

 

Après, la ressource en énergie de Philae sera plus aléatoire : il devra compter sur un système secondaire de batterie, rechargeable par de petits panneaux solaires. Si tout va bien, il doit fonctionner jusqu'en mars. Au-delà, il est condamné à mourir de chaud car il n'est pas conçu pour supporter la montée en température lorsque la comète se rapprochera du Soleil.

Mais Rosetta, qui a déjà parcouru 6,5 milliards de km et a été la première sonde à se mettre en orbite autour d'une comète, poursuivra sa mission d'escorte au moins jusqu'au 13 août prochain, date à laquelle Tchouri passera au près de l'astre, et même au-delà. Sa mission est prévue jusque fin décembre 2015. "80% de la science est faite par Rosetta mais, d'un autre côté, Philae va donner des informations sur la comète qu'on ne pourra pas avoir avec Rosetta", a souligné M. Dordain.

D'un coût total de 1,3 milliard d'euros, le prix de trois Airbus 380, la mission Rosetta a mobilisé environ 2.000 personnes depuis 20 ans. Plus de 50 entreprises de 14 pays européens et des États-Unis ont participé à la réalisation de la sonde.

 

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