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Dans les villes irakiennes libérées, les jihadistes sont partis mais la colère reste

"Ils nous ont visés avec des frappes aériennes, de mortiers, d'artillerie, de roquettes... C'est pour ça que nous sommes partis".

Des Irakiens regroupés autour de la scène d'un attentat à la voiture piégée, dans la ville chiite de Sadr, le 9 novembre 2014. AFP PHOTO/AHMAD AL-RUBAYE

Au milieu des décombres qui jonchent les rues, une colonne de fumée s'élève d'un immeuble en feu de Jurf al-Sakhr, une région du sud de Bagdad dont les forces irakiennes ont réussi à chasser les jihadistes.
Devant les murs calcinés des maisons, d'immenses trous dans la chaussée témoignent de la violence des combats dans cette zone dont la reprise a été célébrée en grande pompe par les autorités irakiennes.

Le Premier ministre Haidar al-Abadi a salué la "grande victoire" contre les jihadistes sunnites de l'Etat islamique (EI), et la télévision publique a diffusé pendant des jours les images des combats. Mais la reconstruction va prendre des mois, sinon des années, à l'image des défis qui attend l'Irak si l'armée parvient un jour à battre l'EI, qui occupe depuis juin de vastes pans du territoire.
"Cette zone était importante" pour l'EI, explique à l'AFP Karim al Nuri, conseiller du commandant de la milice chiite Badr, Hadi al-Ameri.

La milice Badr, comme d'autres groupes armés chiites, a joué un rôle important aux côtés des forces de sécurité pour reprendre Jurf al-Sakhr. La zone, à mi-chemin entre Bagdad et la ville sainte chiite de Kerbala, représentait "un grand danger, une vraie menace" tant qu'elle était aux mains de l'EI, ajoute le conseiller.

Mais si la pression est un peu retombée avec le départ des jihadistes, les habitants ont payé un très lourd tribut lors des combats, et la colère gronde face aux destructions.
Un tel prix devra, d'une façon ou d'une autre, être payé dans toutes les villes d'Irak prises par l'EI, et que les forces de sécurité cherchent à reconquérir. Et il devrait être encore plus élevé pour les régions sunnites du pays, comme Jurf al-Sakhr, où les miliciens chiites sont honnis par la population.
Le risque y est grand d'accroître encore un peu le fossé entre la minorité sunnite et la majorité chiite.

 

(Lire aussi : Pour des dignitaires d'Irak, il faut renforcer les sunnites pour vaincre l'EI)

 

"Il ne reste plus rien"
"Ils nous ont visés avec des frappes aériennes, de mortiers, d'artillerie, de roquettes... C'est pour ça que nous sommes partis", explique Abou Ali, un fermier de 45 ans ayant fui avec sa mère, sa femme et ses deux enfants.
"C'était devenu un champ de bataille", regrette-t-il. "Nous n'avons rien pris avec nous, nous avons couru pour nos vies".

Les maisons et les voitures ont été détruites et les vergers mis à sac. "Il ne reste plus rien", se désole le paysan.
Des dizaines de palmiers jonchent les rues, où errent des chèvres et des vaches. Sous le soleil, les corps calcinés de trois jihadistes se décomposent, près des restes d'un véhicule militaire Humvee.
Il est possible de s'aventurer sur certaines routes, mais d'autres, minées de bombes déposées par l'EI, sont impraticables.

Un char passe, tagué du nom de la milice chiite des Asaib Ahl al-Haq. Un autre arbore le drapeau de la Kataëb Hezbollah, une autre milice qui est classée terroriste par Washington.

Amertume
Dans la ville désolée, de nombreux magasins ont été détruits, des fenêtres brisées et des toits éventrés. Des graffitis, la plupart chiites, couvrent les façades, même de la mosquée. Avant de quitter les lieux, les jihadistes ont piégé les immeubles avec des explosifs qui doivent encore être désamorcées.

Dans ce contexte, il est difficile de déterminer qui est responsable de telle ou telle destruction. Mais certains incendies ont été allumés par des miliciens. "Nous avons brûlé les maisons" des jihadistes, lance un membre de la Kataëb Hezbollah.

De tels actes alimentent la colère des sunnites à l'encontre des milices chiites, dont les exactions ont récemment été dénoncées par Amnesty International.
Abou Ahmed, un fermier de 55 ans contraint à fuir, résume l'amertume ressentie par beaucoup: "Qu'ont-elles libéré, ces milices qui ont tué, bombardé et détruit nos maisons?".

 

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