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Économie - Liban - Conférence

Le Libanais flambeur, idée reçue ou réalité ?

Une rencontre a été organisée hier au Salon du livre francophone autour du livre « Les Libanais et l'argent », l'occasion de se pencher sur les comportements de consommation et de dépenses des Libanais.

Le Libanais est-il réellement un flambeur, ou voitures de luxe et autres richesses apparentes cachent-elles une autre réalité ?
C'est la question soulevée par les résultats de l'enquête nationale « Les Libanais et l'argent » présentée hier par Lamia Bissat, directrice de l'Institut des finances Basil Fuleihan au Salon du livre francophone de Beyrouth. Comment les Libanais gèrent-ils leur argent au quotidien ? Prévoient-ils un budget ? Savent-ils combien ils dépensent ? Anticipent-ils leur avenir ? Si l'enquête menée a confirmé certaines idées reçues, une seconde lecture des résultats révèle la timide émergence d'une gestion plus rationnelle des dépenses, notamment chez les femmes.
« Il faut se méfier des apparences, a prévenu Nada Chaoul, professeur à la faculté de droit de l'Université Saint-Joseph, lors de la présentation des résultats de l'enquête. « Le goût des Libanais pour les belles choses, leur réelle générosité, leur tendance à aimer l'ostentatoire peut donner l'impression d'une richesse qui n'est pas toujours la réalité. »

 

Le Libanais, insouciant ?
Selon les résultats de l'enquête, la moitié des Libanais ne savent pas combien ils ont dépensé au cours de la semaine écoulée, tandis que 47 % des individus n'essaient même pas d'épargner.
« L'étude confirme la difficulté des Libanais à se projeter dans l'avenir, a poursuivi Nada Chaoul. Comment leur en vouloir lorsque l'on vit dans un pays où il est impossible de savoir de quoi le lendemain sera fait ? Pourquoi prévoir l'avenir si l'appartement que l'on a passé une vie à acheter peut brûler en une seule explosion ? Le Libanais préfère vivre au jour le jour et ne pas se priver de nuits folles au SkyBar. »
Près du tiers des Libanais avoue se faire plaisir en effectuant des achats « superflus » avant même de couvrir les besoins primaires, révèle l'étude. « Encore faut-il définir ce qui est superflu de ce qui ne l'est pas, a nuancé le professeur. Dans une maison libanaise, un salon flamboyant peut souvent cacher des chambres à coucher vétustes. Si l'Européen aime se faire plaisir en voyageant ou en consacrant une partie de son salaire à des loisirs, le Libanais pour être heureux a besoin de le montrer. »


Pour Nada Chaoul, ce phénomène est le propre d'une société en conflits dont la survie des individus dépend de la défaite des autres. « Le mode de consommation des Libanais n'est qu'un reflet de ses luttes politiques », a-t-elle estimé.
En l'absence d'État providence, les Libanais s'en remettent à la famille comme bouclier financier, comme le montrent les résultats de l'enquête. Près de 53 % des Libanais ont recours à la famille ou aux amis pour joindre les deux bouts. « Le plan de vieillesse des Libanais, c'est leurs enfants, a ironisé le professeur. Ils investissent dans leurs études en espérant un jour que ces derniers leur rendront la pareille. »


Nassib Ghobril, économiste en chef à la Byblos Bank, a de son côté souligné que 68 % de Libanais ne sont pas disciplinés dans l'établissement d'un budget. « Près de 74 % des ménages empruntent pour joindre les deux bouts », s'est-il exclamé. L'économiste a souhaité lancer un appel à la sensibilisation des ménages quant à leur façon de dépenser.
« Beaucoup trop de Libanais utilisent la carte de crédit comme un bonus ou une sorte de rallonge du salaire et sont surpris à la fin du mois en découvrant les taux d'intérêt, s'est-il indigné. Il est de la responsabilité des ménages de savoir quelles sont leurs ressources et ce qu'ils peuvent se permettre de dépenser ou non. »
L'économiste a rappelé que les créances douteuses s'étaient élevées à 2 milliards de dollars cette année et « continueront d'augmenter tant que la crise économique perdurera ».
Plus inquiétant, 69 % des personnes interrogées ne savent pas que la CNSS (Caisse nationale de Sécurité sociale) ne fournit pas de programme de retraite et 41 % confondent les indemnités de fin de service et le plan de retraite. « Les Libanais pour assurer leur vieillesse ne peuvent compter que sur le secteur privé », a tenu à rappeler Nassib Ghobril.
« Cette enquête ne fait que confirmer la segmentation de la société libanaise via la consommation des ménages », a conclu Nada Chaoul.

 

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commentaires (3)

"Réalité", et comment ! Il se prive même de tous les plaisirs de la vie (bonne alimentation, voyages etc.), juste pour qu'il puisse frimer !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 47, le 07 novembre 2014

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Commentaires (3)

  • "Réalité", et comment ! Il se prive même de tous les plaisirs de la vie (bonne alimentation, voyages etc.), juste pour qu'il puisse frimer !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 47, le 07 novembre 2014

  • C'est tres vrai... Les statistiques ne sont pas etonnantes!

    Michele Aoun

    14 h 48, le 07 novembre 2014

  • DEPUIS TOUJOURS LES LIBANAIS ÉTENDENT LEURS PIEDS BIEN HORS DE LEUR MATELATS... É LA2 HAL BEIT ZGHIR... WLIK CHOU BI OULOU IL 3ALAM IZA 3ARABITI SGHIRÉ... É MA BDAKHIN ILLA CIGAR... MA BICHRAB ILLA CHIVAS REGAL... MA B2ISS CHA3RI ILLA 3IND FLÉN... 3AYB CHOU 3AM IT OUL ANA BIDDÉ IDFA3 3AN IL KILL ! ET L'ADAGE DIT : IL 3ANZÉ IL JIRBENÉ MA BTICHRAB ILLA MIN RASS IL 3EYN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 40, le 07 novembre 2014

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