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Liban - Environnement

Machnouk sur les déchets : de nouveaux appels d’offres sans avantage pour Sukleen

Le ministre Mohammad Machnouk a confirmé la fermeture de la décharge de Naamé, mais « avec quelques semaines de retard ».

Bientôt une crise des déchets ? La décision gouvernementale ne semble pas répondre à toutes les interrogations autour de ce dossier. Ici, les déchets amoncelés après que les habitants des villages autour de la décharge ont fermé la route aux camions de Sukleen, en janvier dernier.

Le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk a expliqué hier, au cours d'une conférence de presse, la teneur de la décision prise la veille en Conseil des ministres sur le traitement des déchets ménagers dans la région du Grand-Beyrouth, du Mont-Liban et du Liban-Nord, une décision qui présage déjà d'une polémique à venir, selon des observateurs. Rappelons que Beyrouth et le Mont-Liban étaient gérés, depuis 1997, suivant un plan d'urgence adopté cette année-là, en vertu duquel un contrat avait été signé avec une seule société privée.

« Cette décision concernant ces régions s'insère dans le cadre d'un plan plus vaste portant sur tout le territoire libanais, a précisé M. Machnouk. Mais l'urgence, pour ces régions, se faisait sentir en raison d'échéances à respecter. » Ces échéances, c'est notamment le délai de fermeture de la décharge de Naamé en janvier 2015 et la nécessité de trouver une solution de rechange. Et c'est aussi l'expiration, à la même date, du contrat avec Sukleen, la compagnie chargée du ramassage, du tri et du traitement, qui était renouvelé annuellement depuis quatre ans, comme l'a bien précisé le ministre hier. « Il va de soi que cette décision du Conseil des ministres mènera à la suspension du contrat avec la société et ouvrira la voie à des appels d'offres en vue de deux nouveaux contrats, l'un concernant le ramassage, la collecte et le transport, et le second le traitement. Ce traitement impliquera de profiter des déchets au maximum dans la production d'énergie et de n'enfouir que les déchets inertes. »
Il a assuré que les appels d'offres porteront sur cinq régions dans trois mohafazats, répartis suivant « des critères d'efficacité de services ». Des divisions qui s'annoncent comme suit :
- Les cazas du Chouf, de Aley, et une partie du caza de Baabda.
- La banlieue sud de Beyrouth dans sa grande majorité.
- Beyrouth et une partie du caza de Baabda.
- Les cazas du Metn et du Kesrouan.
- Le Liban-Nord à l'exception du Akkar.
« Nous travaillons sous pression pour préparer un cahier des charges dans quinze jours au plus tard pour le ramassage et le transport, a-t-il ajouté. Le Conseil des ministres a accordé deux mois pour trancher l'affaire des contrats. »

À une question concernant des informations suivant lesquelles la compagnie Sukleen décrochera le contrat pour Beyrouth, M. Machnouk a assuré que « personne ne peut accorder une adjudication à qui que ce soit, l'appel d'offres aura lieu rapidement, en toute transparence et sous la supervision du Conseil des ministres ». « Une chose est sûre, a-t-il poursuivi, Sukleen s'est dit prête à poursuivre le travail pour une semaine ou plus après la date d'expiration du contrat afin que cette période se passe sans trop d'encombres. Mais cela ne lui conférera aucun avantage. D'ailleurs, je ne sais même pas si elle présentera son dossier, je ne peux m'exprimer en son nom. »

Sur la décharge de Naamé, le ministre a réaffirmé qu'elle « sera fermée d'ici au 17 janvier 2015, mais si nous avons besoin de quelques semaines pour terminer notre préparation, nous ajournerons cette fermeture quelques semaines jusqu'à début avril ». Il a appelé à donner des motivations aux villages environnants et demandé aux habitants « de patienter un peu plus ».

Interrogé sur un mouvement de protestation contre la construction de deux décharges à Chekka, M. Machnouk a démenti le fait, expliquant qu'il s'agira de produire ce qu'on appelle le combustible dérivé des déchets, afin qu'il soit utilisé dans les cheminées des cimenteries. « Mais ce sera loin des zones habitées et cela ne représentera aucun danger pour les habitants, a-t-il affirmé. Je suis en contact avec le président et le vice-président de la municipalité, et je devrais visiter Chekka très prochainement. »
À ceux qui constatent que la division de Beyrouth et du Mont-Liban revêt un caractère confessionnel, le ministre a répondu que « cette division obéit à des impératifs techniques, et les zones définies sont presque toutes à caractère multiconfessionnel ».

(Pour mémoire : Résoudre le problème des déchets en un seul clic !)

 

« Ce n'est pas une solution, mais les prémices d'un problème »
Interrogé sur cette décision gouvernementale, Habib Maalouf, président de l'Association libanaise pour l'environnement et le développement, qui suit de près ce dossier depuis des années, déplore le manque de clarté qui entoure cette « solution », qui représente plutôt « les prémices d'un problème à venir ». « Toutes ces décisions sont prises sans qu'il n'y ait une stratégie claire de l'État, qui définisse des objectifs tels que la réduction du volume des déchets, dit-il. De plus, à lire le texte de la décision, on se rend compte que le ministère et le Conseil du développement et de la reconstruction n'évoquent que les critères généraux sur les sites de décharges et les techniques à adopter, sans préciser quels sont ces sites ni quelles sont ces techniques. Ce qui signifie qu'ils laissent le choix aux futurs entrepreneurs, en d'autres termes leur rejettent la responsabilité, d'où la crainte d'un chaos à venir. »

Pour sa part, Raghida Halabi, militante originaire de Abey, un des villages qui accueillent la décharge de Naamé, reflète la crainte des habitants de cette région d'une nouvelle prorogation de l'activité dans la décharge, qui ne serait pas de quelques semaines, mais plutôt de l'ordre d'un an et demi. « Dans tous les cas, des mouvements de protestation sont en préparation, beaucoup de gens trouvent impensable que la décharge reste ouverte même pour quelques semaines de plus, dit-elle. Nous œuvrerons tous pour rejeter la prorogation d'un an et demi que nous pressentons. Quant aux déclarations des responsables, nous n'y croyons plus parce que nous ne constatons aucun travail sérieux sur le terrain. »

S. B.

 

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