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Culture - Salon du livre francophone - Inauguration

Rony Araiji : La parole et la plume, pour résister aux oppressions et dénoncer les oppresseurs

« Des mots et des histoires. » Tel est le thème de la 21e édition du Salon du livre francophone dont le coup d'envoi a été donné hier, au Biel, en présence de plusieurs personnalités politiques, diplomatiques, religieuses, culturelles et sociales.

L'inauguration du Salon du livre francophone, hier soir au Biel. Photo Michel Sayegh.

L'inauguration du Salon du livre francophone, hier soir au Biel, était placée sous le patronage du Premier ministre, représenté par M. Rony Araiji, ministre de la Culture, en présence des ambassadeurs de France Patrice Paoli, de Suisse François Barras, de Belgique Alex Lenaerts, du Canada Hilary Childs-Adams, tous participant à cet événement, ainsi que de Régine Lavoie, conseillère en charge de la Langue et de la Diversité culturelle, représentant le président Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie. Étaient également présents le président du syndicat des importateurs de livres, Sami Naufal, ainsi que les éditeurs et les libraires qui animent cette grande fête du livre comme des représentants des divers sponsors.

« "Vous allez tout droit à la solitude, moi non, j'ai les livres." C'est par cette phrase célèbre de Marguerite Duras que je voudrais donner, avec vous ce soir, le coup d'envoi du 21e Salon du livre francophone. » Ce sont les mots de Sami Naufal, prenant le premier la parole au nom du syndicat des importateurs de livres. « J'ai la joie et l'honneur de célébrer cette année encore la culture, la francophonie, et surtout le livre. Oui, le livre, cet objet qui nous unit chaque année pour réfléchir, s'évader, se poser des questions et se remettre en question. Le livre nous accompagne, nous émeut, nous bouleverse, nous révolte parfois, mais en aucun cas ne peut nous laisser indifférents... Dans ce monde rempli de violence, où l'on ne cesse de s'interroger sur le sens même de la vie, le livre se trouve être notre compagnon... Et dans notre profession d'éditeurs et de libraires, on se réjouit et on est fier de continuer encore et toujours à le diffuser, à répandre la culture et à se battre pour la francophonie dans un environnement politique et économique de plus en plus difficile... Rendons hommage au livre, à ses auteurs, ses éditeurs, ses importateurs, mais aussi et surtout (il ne faut pas les oublier) ses lecteurs qui, hélas, se font de plus en plus rares... »

Au nom du président Diouf, Régine Lavoie a rappelé « la place de choix que le Liban tient au sein de la francophonie. La création littéraire foisonnante en langue française témoigne de la vitalité de cette langue que nous avons en partage, dans votre pays », a-t-elle dit. Évoquant le prix des Cinq Continents attribué l'an dernier à Beyrouth, elle devait annoncer qu'il sera décerné cette année, à Dakar, en marge du sommet de la francophonie, au journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud pour son roman Meursault, contre-enquête (éd. Actes Sud). Un auteur sélectionné d'ailleurs pour le prix Goncourt qui sera annoncé le 5 novembre à Paris. « Sachez, poursuit-elle, que le Liban reste, pour la francophonie, le symbole vivant et créatif du dialogue entre les cultures, les langues et les religions, inscrit au rang de nos priorités et de nos engagements. » Engagements qu'elle devait d'ailleurs rappeler dans le détail, insistant sur « la coopération et la solidarité francophones qui n'ont jamais connu d'interruption au Liban... ».

À son tour, Patrice Paoli, ambassadeur de France, s'est dit « heureux d'inaugurer ce rendez-vous si attendu des professionnels du livre, du public libanais et de tous les amoureux des mots et des histoires... Je sens souffler comme un vent d'impatience et d'excitation dans l'assistance ! Cette impatience et cette excitation sont sans doute aiguisées par un besoin d'espace, d'horizons, par l'envie de se retrouver autour de belles et bonnes choses alors que l'actualité est si chargée et même angoissante... ». Et M. Paoli d'ajouter : « De très nombreux professionnels du livre et de la presse, éditeurs, libraires, traducteurs, critiques, vont partager avec les lecteurs leurs coups de cœur », rappelant le prix « Liste Goncourt/Choix de l'Orient » qui sera décerné par des jeunes venus de plusieurs pays. « C'est là l'occasion de témoigner combien le Salon est un lieu de dialogue, dit-il. Tout comme la ville de Beyrouth, il est un pont entre les cultures, entre les langues aussi... »
Après avoir évoqué les nouveautés de cette 21e édition du Salon, M. Paoli a remercié, en les nommant un à un, « tous nos partenaires et amis, sans lesquels l'aventure qu'est le Salon du livre ne pourrait être menée à bien ». Tout comme il a salué « l'équipe de l'Institut français du Liban, qui déploie chaque année une énergie formidable pour préparer ce Salon ».

Rony Araiji, ministre de la Culture, s'est dit lui aussi « particulièrement heureux d'inaugurer cet événement... », insistant sur cette « occasion de plus de sceller l'amitié qui unit le Liban et la francophonie... ». Le ministre s'est arrêté sur le thème du Salon, « Des mots, des histoires » qui « m'interpelle et suscite ma réflexion, a-t-il dit. Des premières histoires, que les mères lisent à leurs enfants au moment du coucher... premières fenêtres ouvertes sur l'imaginaire et l'inconscient ; premiers apprentissages du dépassement de ses peurs et de l'acceptation de la différence... Des mots au service des plus petits, des plus insignifiants... ». Et d'insister sur « la parole et la plume, pour résister aux oppressions et dénoncer les oppresseurs. Pour retrouver le droit fondamental de l'être humain de penser et de vivre. Et c'est malheureusement cruellement d'actualité aujourd'hui, lorsque nous assistons au déferlement des forces de la violence et du refus de l'autre qui viennent contester les libertés primordiales de chacun, au nom d'un anti-Dieu, et qui commencent toujours par brûler les livres où réside justement la pensée libre des hommes... Mais alors que nous nous employons à résister intellectuellement aux hordes des ténèbres, nos soldats versent leur sang pour sauvegarder cette liberté première.... Si résister par le sang est parfois inéluctable comme aujourd'hui, la paix et la dignité humaine ne sont néanmoins préservées que par le combat long et patient des mots, des histoires ! ». « Écrire n'est pas seulement raconter, devait poursuivre Araiji, c'est prendre en charge son prochain et accepter d'en porter la responsabilité... »

Le ministre de la Culture a rappelé le rôle de son ministère (en invitant les jeunes à la lecture) qui est d'« assister et d'encourager les talents... de veiller également à l'émergence de générations éclairées et réfléchies dont les énergies convergent vers un idéal humaniste de vérité, de liberté et de diversité qui sera le pilier du Liban de demain ». Araiji a remercié tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à la préparation de cet événement. Il a rendu hommage à tous les acteurs de la chaîne du livre, à la France à travers son ambassadeur, au président Abdou Diouf, représenté, lui, par Régine Lavoie.
Après ces beaux mots qui font chaud au cœur, les officiels ont fait le tour des stands devisant avec les libraires et les éditeurs.

M.C.

 

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