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Moyen Orient et Monde - Syrie-Irak

Les peshmergas patientent... à quelques kilomètres de Kobané

Damas fustige Ankara et dénonce une violation de sa souveraineté ; l'armée irakienne continue de préparer l'assaut de Baïji.

Un Kurde portant son enfant sous la pluie dans un un camp à Suruç.Bulent Kilic/AFP

Une délégation de combattants kurdes irakiens s'est rendue hier à Kobané pour discuter de l'entrée dans cette ville kurde syrienne, assiégée par les jihadistes, des dizaines de peshmergas qui patientent du côté turc de la frontière.
Lourdement armés, ces peshmergas sont rassemblés dans un dépôt de Suruç, à une dizaine de km de la frontière syrienne, sous l'étroite surveillance des forces turques. La presse turque estime qu'ils seraient environ 150 venus aider la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), qui défend la ville depuis six semaines face aux jihadistes de l'État islamique (EI). Une partie de ces renforts sont arrivés hier avant l'aube à Suruç, acclamés par des milliers de Kurdes de Turquie massés au bord des routes. Ils y ont rejoint une première vague de combattants arrivée mercredi par avion. Dix de ces peshmergas ont passé quelques heures à Kobané dans la journée pour discuter avec les YPG de « la formation d'une cellule d'opération conjointe en vue de faire entrer les armes dans la ville », selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Pour sa part, l'agence de presse prokurde Firat a indiqué qu'ils étaient retournés à Suruç dans la soirée. Il s'agissait de la première incursion de peshmergas dans la troisième ville kurde de Syrie, assiégée depuis six semaines et devenue le symbole de la résistance à l'EI, un groupe extrémiste sunnite qui cherche à élargir son emprise territoriale en Syrie et en Irak.

 

(Voir : Kobané : les images satellites avant et pendant la bataille)

 

« Violation flagrante »
En outre, les peshmergas ont été précédés par des combattants de l'Armée syrienne libre (ASL), émanation de l'opposition modérée au régime du président syrien Bachar el-Assad, ont affirmé plusieurs sources, faisant état de chiffres très disparates. De son côté, le chef d'une unité de l'ASL a déclaré hier depuis Istanbul que « près de 400 » hommes étaient dans Kobané. « Nous attendons d'autres renforts », a précisé Nizar al-Khatib. D'autres sources font état de 50 à 150 rebelles syriens dans Kobané. Les Kurdes irakiens ont eux aussi prévenu qu'ils pourraient envoyer plus d'hommes si la situation le réclamait.


Autorisé par la Turquie sous la pression des États-Unis, le passage de ces renforts, qu'ils soient rebelles syriens ou kurdes irakiens, a suscité la colère de Damas, qui a dénoncé « une violation flagrante de la souveraineté syrienne », après avoir longtemps accusé Ankara de soutenir les rebelles et les jihadistes qui veulent le renverser. Pour rappel, l'un des objectifs des jihadistes est de s'emparer des quartiers nord afin de bloquer la voie vers la Turquie, que les renforts peshmergas sont censés emprunter, et d'isoler Kobané, dont la prise leur permettrait de contrôler une longue bande de territoire à la frontière syro-turque. Dans ce but, l'EI a violemment bombardé hier le secteur nord de la ville, d'après l'OSDH. Les jihadistes ont lancé une attaque contre un quartier du même secteur qui a été repoussée par les YPG, a précisé le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane. Dans le même temps, la coalition internationale anti-jihadistes, qui apporte aux YPG un soutien aérien depuis le 23 septembre à Kobané, a mené hier trois frappes sur la ville, selon l'OSDH. En outre, l'émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura a proposé d'instaurer des zones de cessez-le-feu pour permettre la distribution de l'aide humanitaire dans ce pays déchiré par plus de trois années de guerre civile. Par ailleurs, les jihadistes se sont emparés hier d'un champ gazier dans la province syrienne de Homs, après trois jours de violents combats avec les forces du régime, selon l'OSDH. Ces affrontements se poursuivent à la périphérie du champ de Chaer, l'armée syrienne tentant de lancer une contre-offensive.

 

(Lire aussi : Pour des dignitaires d'Irak, il faut renforcer les sunnites pour vaincre l'EI)

 

120 soldats norvégiens en Irak
En Irak voisin, des centaines de soldats irakiens et de combattants progouvernementaux se préparaient pour lancer un assaut contre la ville stratégique de Baïji, contrôlée par l'EI, selon des officiers. La prise de Baïji, au nord de Bagdad, pourrait permettre de sécuriser la principale raffinerie du pays, mais cette offensive s'annonce difficile pour les forces irakiennes, qui ont déjà subi plusieurs revers dans leurs tentatives de regagner du terrain face aux jihadistes, notamment dans la province d'Anbar, contrôlée quasiment entièrement par l'EI. Le Pentagone a d'ailleurs estimé hier que des conseillers militaires américains sont « nécessaires » dans cette province, à condition que Bagdad fournisse des armes aux tribus sunnites. La Norvège a de son côté annoncé l'envoi d'environ 120 soldats à Bagdad et Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, pour contribuer à la formation des troupes irakiennes.

 

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