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Sport - Voile - Route du rhum

Maman, les p’tits bateaux ont-ils des ailes ?

La course océanique vit sa révolution copernicienne : pour aller vite, il faut voler...

Les monocoques Class 40 amarrés dans le port de Saint-Malo avant le départ de la Route du rhum, dimanche. Jean-François Monier/AFP

Inspirée par la dernière Coupe de l'America, la course océanique vit sa révolution copernicienne, un bouleversement qui touche prioritairement les multicoques, mais n'épargne pas les monocoques, avec un constat commun : pour aller vite, il faut voler.
À deux jours du départ, dimanche, de la 10e Route du rhum entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), le sujet est débattu tant par les skippers que par les architectes, l'idée étant de réduire la traînée hydrodynamique. Les Moths à foils – petites libellules monoplaces – avaient d'une certaine manière ouvert la voie, mais leurs vols au-dessus de l'eau étaient restés confidentiels et leurs performances réservées à quelques équilibristes. Comme l'étaient les « runs » à 50 nœuds (92,6 km/heure) de l'hydroptère d'Alain Thébault dans des eaux abritées : impressionnants mais difficilement transposables aux voiliers de course traditionnels, aussi sophistiqués soient-ils.
La 34e « Cup », l'été dernier, a tout changé. Les catamarans AC72 (22 m), graciles araignées d'eau écrétant les vaguelettes de la baie de San Francisco, perchées sur leurs foils et leurs safrans à plus de 45 nœuds au portant, ont stupéfié le monde de la voile... et banalisé l'exercice. Et quand les AC72 ont commencé à voler au près, c'est-à-dire contre le vent, la démonstration était totale : exit le mode archimédien, bienvenue dans un monde où les voiliers de course voleront ou seront irrémédiablement condamnés à jouer les seconds rôles.

Caresser le rêve d'Icare
Tous les architectes navals en conviennent : au cours des prochaines années, c'est dans le domaine des appendices (dérives, foils, safrans) que les progrès les plus importants interviendront. Reste bien sûr à les fiabiliser pour permettre aux bateaux de naviguer au large, dans du clapot. « Les bateaux ne voleront pas en toutes conditions », relativise Vincent Lauriot-Prévost, du cabinet VPLP, auteur de sept des huit plus gros (et plus rapides) multicoques de la 10e Route du rhum. « Mais il y aura sûrement des phases où naviguer sur des foils sera envisageable », ajoute-t-il.
Quoi qu'il en soit, un an après la victoire d'Oracle Team USA dans la « Cup », on ne compte plus les multicoques volants : Flying Phantom (premier cata volant grand public), GC32, SL33 et autres AC45 (petits frères des AC72)...
Sébastien Josse, qui disputera le « rhum » à la barre du MOD70 Edmond de Rothschild (21,30 m), a fait installer des plans porteurs en T majuscule inversé sur ses safrans, inspirés de ceux des AC72. L'objectif est de « caresser le rêve d'Icare » et, plus prosaïquement, de diminuer le tangage du trimaran, de maintenir une assiette idéale. « Le but, affirme le responsable du bureau d'études Gitana, Antoine Koch, est de faire évoluer la plate-forme (...) dès 2015 pour que ce trimaran devienne le premier multicoque océanique volant. »

Foiler, sinon voler
Thomas Coville, l'un des favoris du « rhum » 2014, songe lui aussi à installer des plans porteurs sur les safrans de son trimaran Sodebo Ultim' (31 m). Les monocoques n'échapperont pas à cette évolution, et certains n'excluent pas de voir « foiler » les 60 pieds (18,28 m) du Vendée Globe 2016. La classe Imoca s'est récemment penchée sur le sujet et plusieurs équipes envisagent de greffer des foils à leurs bateaux. Certes, avec un lest de 3 tonnes au bout de la quille, ils ne voleront pas. Mais ils déjaugeront certainement beaucoup plus que les 60 pieds actuels et traîneront beaucoup moins d'eau. À San Francisco, les AC72 étaient tous équipés de mâts-ailes. Peut-être en verrons-nous un jour à bord de trimarans océaniques. Ce jour-là, la frontière entre la voile et l'aéronautique sera encore plus ténue...
Hervé GUILBAUD/AFP

Inspirée par la dernière Coupe de l'America, la course océanique vit sa révolution copernicienne, un bouleversement qui touche prioritairement les multicoques, mais n'épargne pas les monocoques, avec un constat commun : pour aller vite, il faut voler.À deux jours du départ, dimanche, de la 10e Route du rhum entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), le sujet est débattu tant par...

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