Grève controversée des employés d’EDL

Le syndicat des employés d'EDL a décidé hier d'appeler le personnel de l'établissement à se mettre en grève à partir d'aujourd'hui et jusqu'à samedi. Le communiqué précise que cette décision est intervenue alors qu'aucune solution satisfaisante n'aurait été dégagée des différentes réunions organisées entre les représentants des salariés de l'institution d'une part, le conseil d'administration ainsi que le ministère de l'Énergie et de l'Eau de l'autre. Rappelons que les employés d'EDL ont récemment réclamé certaines modifications dans le système de grade en vigueur au sein de l'établissement et ont, à plusieurs reprises, signifié leur exaspération face à la situation « anormale » provoquée par le mouvement des journaliers. Le communiqué a toutefois précisé que les employés affectés aux principales unités de production et de distribution ne sont pas concernés par cet appel, pour des raisons de « sécurité publique ». Une conférence de presse est par ailleurs programmée aujourd'hui à 11 heures par les initiateurs de ce mouvement. Rappelons que la dernière grève des employés du fournisseur d'électricité a eu lieu au début du mois de septembre.
Plus tard dans la journée, la direction d'EDL a fait part de « son étonnement concernant cet ordre de grève », à l'issue d'une réunion organisée dans les locaux de la centrale thermique de Zouk. Le communiqué pointe en outre du doigt un certain nombre d'irrégularités qui entachent cette décision, selon elle. La direction cite notamment « l'expiration du mandat de près de la moitié des membres du syndicat » ou encore le non-respect des « modalités relatives aux étapes de médiation devant précéder ce type de décision ». Le communiqué va même plus loin en soulignant le « timing » de cet appel à la grève, qui survient à un moment où l'institution tente de relancer les opérations de facturation, paralysées par la mobilisation des journaliers depuis de longues semaines. Selon des sources proches de l'établissement, plusieurs employés ont par ailleurs manifesté leur défiance vis-à-vis du syndicat au moyen d'une pétition dans laquelle ils soulignent le caractère « politique et contre-
productif » de l'ordre de grève décrété par ce dernier.
De leur côté, les journaliers d'EDL ont finalement mis à exécution leur menace d'ultimatum à l'encontre de la National Electricity Utility Company (Neuc). À l'issue d'un sit-in organisé mardi, les manifestants avaient en effet menacé de bloquer pendant 48 heures les accès au siège du prestataire de services ainsi qu'à celui de la société Debbas, à qui ce dernier appartient. Hier, les entrées des deux bâtiments, situés à Beyrouth, ont donc bien été investies par les participants au mouvement. Des pneus ont une nouvelle fois été incendiés devant l'entrée de l'immeuble Royal Tower, alors que les employés de la société Debbas se sont vu interdire l'accès à leur lieu de travail, tôt dans la matinée. Rappelons que les journaliers reprochent à Neuc de ne pas leur avoir versé de salaire pour les deux derniers mois. À noter également que le bras de fer entre les journaliers et la direction d'EDL autour des conditions d'entrée au cadre de ces derniers dure désormais depuis près de trois mois.
En parallèle, l'établissement public a dû déplorer plusieurs avaries dans la centrale de Machghara, dans l'ouest de la Békaa. Le communiqué annonce que les réparations auront lieu dans la journée de jeudi et entraîneront des coupures de courant de plusieurs heures dans toutes les régions qui dépendent de cette centrale.

P.H.B.