Rechercher
Rechercher

À La Une - Violences

L'armée promet de poursuivre la chasse aux "terroristes" au Liban-Nord jusqu'à leur élimination

Les combats à Tripoli et ses environs font huit morts, dont six militaires.

L'armée libanaise a saisi une grande quantité d'armes et de munitions lors d'opérations de perquisition menées dans la ville de Tripoli. Ibrahim Chalhoub/AFP

Des combats intermittents opposent depuis vendredi soir l'armée libanaise à des groupes islamistes dans la ville de Tripoli, dans le nord du Liban. Samedi, les accrochages ont redoublé d'intensité dans plusieurs quartiers de la ville où une dizaine d'obus sont tombés.

Six militaires, dont un officier, sont morts dans les combats dans la ville de Tripoli et ses environs, a affirmé l'armée dans un communiqué. Quatorze soldats ont également été blessés. Dans des communiqués repris par l'Agence nationale de l'information (Ani, officielle), l'armée libanaise dit qu'elle poursuivra la chasse aux "terroristes" au Liban-Nord jusqu'à ce qu'ils soient éliminés.

Un responsable de la sécurité a de son côté fait état d'un mort parmi les éléments armés et de six autres blessés. Deux civils ont été également tués et une vingtaine d'autres ont été blessés, dont le photographe du quotidien libanais al-Anwar, Fathi el-Masri. Le photographe a été touché à la main quand un obus est tombé près de lui, samedi, dans les souks de la ville.

Le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, a appelé les hôpitaux de Tripoli à recevoir les blessés et à les traiter aux frais du ministère.

La ville côtière de Tripoli, déjà minée par les répercussions du conflit en Syrie voisine depuis plus de trois ans, connaît régulièrement des heurts sanglants entre des sunnites partisans de la rébellion syrienne et des alaouites (branche du chiisme) sympathisants du régime de Bachar el-Assad. Mais c'est la première fois que des combats de cette ampleur ont lieu dans le centre la "capitale du nord" du Liban.

Ibrahim Chalhoub/AFP


Après des combats acharnés samedi matin dans les souks, les armes se sont tues dans l'après-midi, l'armée pénétrant dans une partie de cette zone historique, où quelques dizaines d'échoppes ont été ravagées a constaté le journaliste de l'AFP. Aucun homme armé n'était visible. Le journaliste a vu des civils évacuant sur des civières des blessés des souks, des carcasses de voitures et au moins un corps calciné.

Des morts et des blessés

Des dizaines de civils, dont des femmes et des enfants, bloqués dans le secteur des souks, ont pu sortir à bord d'ambulances ou à pied de la zone, certains portant leurs affaires dans de petits sacs.
Des tirs d'artillerie lourde ont résonné toute la matinée et au moins une soixantaine d'échoppes ont été complètement ravagées.

Ce nouveau round inédit de violences aurait commencé vendredi lors d'une opération de perquisition effectuée par la troupe au domicile des parents d'Ahmad Mikati, alias Abou el-Hoda, arrêté jeudi. Ayant récemment prêté allégeance à Daech, le jihadiste présumé, connu également sous le nom d'Abou Bakr, recrutait des Libanais pour rejoindre les jihadistes en Syrie.
Les affrontements ont éclaté entre les militaires et des hommes armés après une attaque contre une patrouille dans le quartier de Khan al-Askar, près du centre-ville de Tripoli, qui a blessé quatre soldats, selon un responsable des services de sécurité. Les hommes armés se sont ensuite retranchés dans les rues étroites des souks, et, samedi matin, l'armée a lancé une attaque afin de les déloger.


"Des islamistes et des voyous"

L'Ani a rapporté que le groupe qui combat la troupe à Tripoli est lié à Daech (acronyme arabe du groupe État islamique). Le groupe a été encerclé par les soldats dans les souks de la ville et a subi d'énormes pertes, a ajouté l'agence. Les islamistes ont appelé d'autres groupes liés au Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda, ndlr) à l'aide, mais ces derniers n'ont pas répondu positivement à l'appel, a rapporté l'Ani.

Un responsable de sécurité n'était pas en mesure de préciser à quel groupe ces hommes armés, en majorité des Libanais, étaient affiliés. "Il y a des islamistes comme il y a des voyous poursuivis par la justice", a-t-il déclaré.

Ibrahim Chalhoub/AFP

Le groupe d'Oussama Mansour et de Chadi Mawlaoui, devenus tristement célèbres pour avoir défié à plusieurs reprises l'armée et occupé pendant des semaines une mosquée de la ville, pourrait être également impliqué. Des médias locaux ont d'ailleurs rapporté que Chadi Mawlaoui aurait été blessé dans les affrontements dans une embuscade qui lui a été tendue par la troupe.

Parallèlement, l'armée affirme avoir arrêté l'islamiste, Rabih al-Chami, après une perquisition dans son domicile où une quantité d'armes et de munitions a été saisie.

 

Dans le Akkar

Plus au Nord, des éléments armés ont tiré samedi sur un véhicule militaire dans la région de Behnine-Mouhammara, au Akkar, tuant deux soldats. Suite à l'attaque, la troupe a envoyé des renforts dans la région où des combats ont opposé les soldats aux éléments armés dont plusieurs ont été blessés et arrêtés. La route Akkar-Tripoli a été en outre coupée afin de préserver la sécurité des civils.

L'armée a ajouté avoir fait échouer une tentative d'enlèvements de cinq soldats dans cette même région. Samedi soir, les islamistes ont toutefois réussi à capturer un militaire qui circulait à bord d'un taxi à Tripoli, a-t-on appris de sources sécuritaires. Ils demandent la levée du "blocus" imposé, selon eux, sur la ville pour libérer l'otage.

Ibrahim Chalhoub/AFP


Et à 10 km de Tripoli, à Miniyé, un officier a été tué et deux autres ont été blessés dans une attaque à la roquette sur un véhicule de l'armée, selon un communiqué, et des combats opposaient en début de soirée les deux bords dans des champs, selon le responsable de sécurité. Deux hélicoptères de l'armée ont notamment tiré deux roquettes dans les environs de Miniyé, selon des sources proches des services de sécurité.


Nasrallah établit un lien avec la région

Le conflit en Syrie a avivé les tensions entre communautés musulmanes au Liban: les sunnites soutiennent leurs coreligionnaires en Syrie qui combattent le régime en place, et les alaouites défendent M. Assad, issu de la même confession.
Des islamistes armés s'en prennent également à l'armée libanaise qu'ils accusent de cibler les sunnites et de coopérer avec les combattants du Hezbollah, dont plusieurs milliers se battent en Syrie aux côtés des forces du régime.

Samedi soir, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, affirmé que ces accrochages sont liés aux développements sécuritaires dans la région. Lors d'un discours prononcé à l'occasion de la commémoration du deuil de Achoura, le chef du parti chiite a appelé sa communauté à ne pas être intimidé par les "menaces et les violences".

L'ancien Premier ministre Nagib Mikati a de son côté assuré que Tripoli ne parraine aucune partie terroriste et soutient la troupe pour rétablir la sécurité dans la ville.

Originaire comme M. Mikati de Tripoli, le ministre de la Justice Achraf Rifi a, quant à lui, assuré : "Nous sommes aux côtés de l’État légitime et nous ne couvrons aucune action armée en dehors de la légalité". "Nous sommes responsables de notre ville et nous n'allons pas être entraînés vers le chaos", a-t-il ajouté.


Lire aussi
Tripoli récidive : le bras de fer avec l'armée se corse et le fossé grandit

L'État islamique en pleine utopie, le billet de Fady Noun

Le mufti Deriane : Qui cherche donc à détruire le Liban ?

Des combats intermittents opposent depuis vendredi soir l'armée libanaise à des groupes islamistes dans la ville de Tripoli, dans le nord du Liban. Samedi, les accrochages ont redoublé d'intensité dans plusieurs quartiers de la ville où une dizaine d'obus sont tombés. Six militaires, dont un officier, sont morts dans les combats dans la ville de Tripoli et ses environs, a affirmé l'armée...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut