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À La Une - Eclairage

La corruption, ennemi intérieur de l'Ukraine en guerre

L'Ukraine est classée 144e sur 177 pays répertoriés par l'organisation Transparency International.

Vasily Fedosenko/Reuters

Décidée à éviter à son fils d'être mobilisé pour la guerre qui ravage l'Ukraine, Valentyna était prête à tout. Dans un pays rongé par la corruption, trouver la bonne personne au bon endroit a suffi. Le prix du pot-de-vin pour échapper à la conscription? Plusieurs sources rompues au système l'évaluent à plus de 1.500 euros, soit plus de sept fois le salaire moyen.
Valentyna, mère célibataire qui vit à Odessa, port sur la mer Noire, a eu plus de chance. Son contact au commissariat militaire "a eu pitié" et a repoussé le dossier de son fils Igor en bas de la liste sans rien demander en échange.

"Je voulais faire en sorte qu'il soit complètement retiré de la liste mais il m'a dit qu'il mettrait son dossier là où il ne serait pas vu", explique Valentyna, qui refuse que son nom soit publié. "Je prie pour qu'il ne soit pas appelé", raconte-t-elle. "Je paierai tout l'argent du monde pour que cela n'arrive pas".

La corruption s'est imposée comme un thème majeur de la campagne pour les législatives anticipées de dimanche, tant ce mal affecte le pays à tous les niveaux de l'administration et du pouvoir. Le président pro-occidental Petro Porochenko, dont la formation part favorite du scrutin, a fait une priorité de la lutte contre cette corruption qui "paralyse l'économie" du pays, comme il l'a rappelé jeudi en déplacement à Odessa. Il a déjà adopté un arsenal de mesures très strictes exigées par une grande partie de la société, exaspérée par les scandales qui ont entaché le régime de l'ex-président prorusse Viktor Ianoukovitch, mais aussi par les bailleurs de fonds internationaux de Kiev.

Armée sous-financée

L'Ukraine est classée 144e sur 177 pays répertoriés par l'organisation spécialisée dans la lutte anticorruption Transparency International. Faute de mesures radicales dans ce domaine, l'Ukraine "risque de revenir dix ans en arrière", prévient Andriï Marrousov, responsable de l'ONG en Ukraine.

Le conflit dans l'Est a mis en lumière de manière très crue les conséquences de la corruption sur l'armée, ruinée et mal organisée par des années de mauvaise gestion et de détournements de fonds. "On dit aux soldats de défendre l'État, mais l'État ne peut pas les défendre", dénonce Igor, le fils de Valentyna.

Leonid Poliakov, ancien haut responsable au ministère de la Défense, confirme: "Tous les gouvernements ont sous-estimé le rôle de l'armée". "Quand Ianoukovitch est parti, l'armée ukrainienne était en très mauvais état et devait être reconstruite de la cave au grenier", poursuit-il.

Le président Porochenko s'est engagé à mettre sur pied une armée moderne, à la hauteur d'un conflit contre des rebelles prorusses lourdement armés et l'intervention directe, selon Kiev et l'Otan, de forces régulières russes.

État 'voleur'

En attendant, sur le front, les soldats ont été réduits à dépendre de dons de la population et d'hommes d'affaires pour les produits de base comme pour des gilets pare-balles ou des sacs de couchages.
La mobilisation de la société a atteint un niveau considérable. Certains ont rejoint des redoutés bataillons de volontaires, souvent engagés dans les combats les plus durs, échappant à la bureaucratie de l'armée mais, pour leurs détracteurs, à la loyauté discutable au pouvoir. A un niveau plus modeste, des Ukrainiens ont cousu des tenues de camouflage, donné leur sang ou participé à une collecte de fonds du ministère de la Défense par SMS pour 5 hryvnias (30 centimes d'euros).

Dans le centre de Kiev, sur la place de l'Indépendance rendue célèbre par les manifestations massives de l'hiver dernier, un volontaire recueille des dons pour le bataillon Donbass de volontaires, créé sur fonds privés puis intégré à la Garde nationale sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. L'objectif: acheter des gants, du savon ou encore des sacs de couchage.

Pourquoi recueillir les dons dans la rue? "Parce que le gouvernement n'a pas d'argent, qu'il n'y a pas d'organisation et qu'il y a de la corruption", répond Olexandre. Le jeune homme qualifie la corruption d'"ennemi intérieur" de l'Ukraine mais se montre compréhensif pour ceux qui essayent d'échapper à la mobilisation: "Quand l'État ne fournit pas les équipements de base, même des vêtements chauds, quand l'État se comporte en voleur, alors l'État commet un crime encore plus grave".


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commentaires (1)

Et voilà encore une fois, quand l'occicon réalise que le paquet est trop encombrant , on le jette avec des accusations en tous genres . On vous avait kiéviens de ne pas y croire à ces donneurs de leçons à 2 balles ...ils sentent que vous allez leur couter très cher , ils vous jettent !

FRIK-A-FRAK

11 h 13, le 26 octobre 2014

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Commentaires (1)

  • Et voilà encore une fois, quand l'occicon réalise que le paquet est trop encombrant , on le jette avec des accusations en tous genres . On vous avait kiéviens de ne pas y croire à ces donneurs de leçons à 2 balles ...ils sentent que vous allez leur couter très cher , ils vous jettent !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 13, le 26 octobre 2014

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