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Liban - Liban

Taëf 25 ans plus tard : le procès d’une Constitution

Vingt-cinq ans plus tard, une réflexion en profondeur autour des accords de Taëf s'imposait de toute évidence. D'autant que le texte fondamental issu de ces accords continue de susciter à ce jour une polémique sans fin, aussi bien autour de la teneur de ce texte que sur l'application de ses clauses, voir même sur sa pertinence à pourvoir répondre aujourd'hui aux aspirations des Libanais et les aider à contrer les multiples défis internes et externes qui se dressent devant un État des plus fragilisés.

Initié par le Centre civil pour l'initiative nationale et la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung, le débat devait nécessairement inclure toutes les composantes actives de la société libanaise et des représentants d'organisations internationales, invités à apporter un point de vue extérieur à un échange qui se voulait avant tout constructif.
L'exercice consistait à repenser les accords de Taëf à la lumière du passé, des pratiques générées par un texte souvent « entouré de zones d'ombre » et interprété sous la loupe d'une classe politique toujours divisée, récalcitrante à mettre en place nombre de réformes et de recommandations prévues par la Constitution.
Conséquences : plus de deux décennies plus tard, nombre des clauses prévues dans le texte n'ont jamais été appliquées, d'autres qui sont devenues obsolètes avec le temps, comme le rappelle le représentant de la Jamaa islamiya.

 

(Pour mémoire : De la désunion à Taëf, les épreuves libanaises, par Farès Sassine)


La question de l'abolition du confessionnalisme et de la création d'un Sénat représentatif des communautés en est un exemple patent, deux éléments-clés susceptibles d'arracher l'État des griffes du confessionnalisme endémique.
« Taëf a été conçu comme un système de partage du pouvoir transitoire. Or le processus de dépassement du système confessionnel a été bloqué », rappelle l'ambassadeur d'Allemagne, Christian Clages.
La question de l'abolition du confessionnalisme (notamment politique) et ses effets corollaires sur le processus de l'édification d'un État civil reviendront à plus d'une reprise lors des échanges. Un thème qui révélera d'ailleurs une confusion évidente dans l'utilisation des concepts et d'une terminologie inadaptée que le président du Centre civil pour l'initiative nationale, Talal Husseini sera appelé à rectifier. M. Husseini intervient à temps pour faire la distinction entre État civil, État laïc et État ayant prêté le flanc à une pratique communautaire poussée (le Liban) déviant largement du texte fondamental.
On évoquera également à ce sujet la « laïcité croyante ou spirituelle », telle que prônée par le cheikh druze Sami Abou el-Mouna.
Mohammad Samak, qui s'exprimait au nom de Dar el-Fatwa, a considéré pour sa part que la mission est double à cet égard, à savoir la nécessité du respect du pluralisme mais aussi la capacité de gérer ce pluralisme.

 

(Pour mémoire : Prérogatives du président de la République dans l'après-Taëf : là où le bât blesse..., par Hassan Rifaï)

 

L'État civil
La surprise viendra toutefois de la part de cheikh Ahmad Kabalan, représentant le Conseil supérieur chiite, qui affirme sans ambages : « Il faut absolument éliminer tous les considérants qui justifient l'État communautaire et revenir au concept de l'État civil. »
Une problématique que l'ancien ministre Charbel Nahas résume en ces termes : « Aujourd'hui, nous sommes face à deux tendances : la consécration de la formule féodale de coalition (...), ou la tentative de récupération de la légitimité laïque de l'État. Nous sommes clairement en faveur de cette dernière formule », dit-il.
Le ministre insistera longuement sur la notion de l'État entendu comme « un besoin fonctionnel ». « Le prix à payer pour son édification est moins coûteux que celui qu'il faudra payer en s'abstenant de le faire. »
On ne saurait cependant saisir les enjeux que représentent les accords de Taëf et leur application en dehors du contexte historique et géopolitique dans lequel ils sont nés et des conditions qui ont entouré leur pratique. Plus particulièrement, à l'ombre de la tutelle syrienne qui « a transformé Taëf en une arme d'oppression », soutient le représentant du patriarcat maronite, Mgr Samir Mazloum. L'archevêque tient à rappeler l'insistance de Bkerké à l'époque sur la nécessité de lier les réformes prévues par le texte fondamental au retrait syrien, dénonçant l'ingérence flagrante de la force d'occupation à tous les niveaux de la vie politique et institutionnelle.
« Les chrétiens ont fini par haïr Taëf, jusqu'à même son souvenir », dit-il. Le pire, dénonce le prélat maronite, c'est que Taëf a fondé un système sans tête, entraînant par conséquent l'impossibilité de trancher les conflits.
« De gouverneur, le président de la République s'est transformé en arbitre sauf qu'il a été démuni de son sifflet. »


À l'unanimité, les intervenants reconnaîtront la nécessité d'une réforme partielle ou poussée d'un texte aux multiples failles. Des modifications justifiées à condition de reconnaître « nos propres responsabilités en tant que politiques et non de faire assumer au texte tous nos malheurs », soutient Salim Sayegh qui s'exprimait au nom des Kataëb.
L'ancien ministre mettra en exergue le caractère dynamique et évolutif d'une Constitution qui ne peut être un point de vue mais une expérience vécue. Elle se forge, évolue et croît à force de pratique, dit il en substance.

 

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Taëf, 25 ans après, un accord qui continue de susciter un débat

 

 

Vingt-cinq ans plus tard, une réflexion en profondeur autour des accords de Taëf s'imposait de toute évidence. D'autant que le texte fondamental issu de ces accords continue de susciter à ce jour une polémique sans fin, aussi bien autour de la teneur de ce texte que sur l'application de ses clauses, voir même sur sa pertinence à pourvoir répondre aujourd'hui aux aspirations des Libanais...

commentaires (4)

TAËF... C'EST FINI ! IL S'ÉCOULA COMME S'ÉCOULENT LES CAPRICES DES TOUT PREMIERS AMOURS... ESPÉRONS EN DES FLIRTS ET DE NOUVEAUX BEAUX JOURS... AU SECOURS ! AU SECOURS !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 04, le 25 octobre 2014

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Commentaires (4)

  • TAËF... C'EST FINI ! IL S'ÉCOULA COMME S'ÉCOULENT LES CAPRICES DES TOUT PREMIERS AMOURS... ESPÉRONS EN DES FLIRTS ET DE NOUVEAUX BEAUX JOURS... AU SECOURS ! AU SECOURS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 04, le 25 octobre 2014

  • Ceux qui cherchent à outrepasser Tâëf, recherchent la Partition en réalité.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 19, le 24 octobre 2014

  • NOUVEAU PACTE NATIONAL... APRÈS DÉSARMEMENT COMPLET DE TOUTES LES MILICES. LE MODÈLE YÉMÉNITE... DE LA MAINMISE PAR UNE MILICE... INPRATICABLE AU LIBAN ! LA SOLUTION DE CHACUN CHEZ SOI ET TOUS ENSEMBLE... À LA SUISSE... EST LA SEULE VIABLE POUR NOTRE PAYS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 00, le 24 octobre 2014

  • L'accord de Taëf n'était qu'un traité d’armistice pour mettre fin à la guerre dite "de libération" déclenchée - et perdue - par Aoun. Son but principal était surtout de consacrer et légaliser - à défaut de légitimiser - l'occupation syrienne. Maintenant que le Liban est censé avoir retrouvé son indépendance,il doit être considéré comme nul et non avenu et une nouvelle Constitution devrait être écrite. Mais est-ce possible tant qu'une milice (qui en vertu de ce même accord aurait dû être désarmée depuis longtemps comme les autres) impose à l'Etat le poids de ses armes?

    Yves Prevost

    06 h 48, le 24 octobre 2014

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