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Liban - Liban

Parents des militaires otages : encore des menaces d'escalade...

Un dérapage est à craindre dans la Békaa où les rapts et contre-rapts sont devenus monnaie courante.

Le ministre Bou Faour à son arrivée à Saïfi. Photo Hassan Assaf

Tiraillés entre le besoin impérieux de suivre les consignes des ravisseurs et les exhortations de l'État qui leur demande inlassablement de patienter, les parents des otages militaires ont fait exploser une fois de plus, hier, leur colère.
Divisés au départ sur le timing et la pertinence d'une escalade, les parents ont eu des échanges vifs autour de la question, les uns voulant encore patienter et attendre la visite du ministre de la Santé, Waël Bou Faour, les autres étant décidés à entamer l'escalade.
L'agitation de ce dernier groupe s'explique par l'expiration de la date butoir de 48 h qui avait été avancée par les ravisseurs pour commencer à liquider les otages. C'est ainsi qu'une minorité de familles a finalement décidé de passer à l'action, brûlant des pneus à côté du Sérail où leurs tentes sont installées.


Refoulé par les forces de l'ordre, le groupe de frondeurs s'est ensuite déplacé en direction de Saïfi où il a bloqué l'autoroute en face de la maison des Kataëb, provoquant un embouteillage monstre.
Les protestataires se sont installés en plein milieu de l'autoroute brandissant les photos de leurs fils, exhortant les responsables à faire appel à leur conscience pour œuvrer à la libération des militaires.
« Nous n'accepterons pas que nos enfants soient tués de connivence avec l'État », ont-ils crié à tue-tête, menaçant d'une escalade qui « pourrait paralyser l'ensemble de la capitale ». L'une des mamans s'est adressée au chef de l'armée, lui demandant d'assumer ses responsabilités.


Il a fallu une bonne heure de négociations, notamment avec un représentant des Forces de sécurité intérieure, pour les convaincre de renoncer à leur action et de rouvrir les routes. Mais en vain. Ce n'est qu'une fois le ministre Waël Bou Faour sur place que les parents ont finalement décidé de revenir sur leur décision en rouvrant la route à la circulation.
M. Bou Faour a déclaré à l'issue des pourparlers que « les parents voulaient tout simplement faire entendre leur voix et leurs reproches parce que nous ne les tenons pas au courant des négociations », soutenant par la même occasion que le gouvernement est « sérieux dans son approche ». « Notre devoir est de dévoiler certains éléments. Cependant, notre seule crainte est qu'il n'y ait des fuites qui risquent d'obstruer les négociations », a-t-il ajouté. Le ministre a toutefois prévenu que le problème « ne sera pas réglé du jour au lendemain. L'affaire prendra du temps », a-t-il déploré.


La protestation à Beyrouth a été relayée par une autre au Liban-Nord, où les parents d'Ibrahim Ghayt, l'un des otages militaires dont les parents n'ont plus aucune nouvelle depuis une semaine, ont bloqué la route, provoquant une fois de plus le courroux des citoyens qui se sont demandé pourquoi les familles ne bloquent pas plutôt le chemin devant les responsables politiques.

 

Les proches des militaires enlevés par les jihadistes entendent faire pression sur le gouvernement afin que les otages retrouvent la liberté. Photo Hassan Assal

 

 

Plan de sécurité
Par ailleurs, la situation sécuritaire continue d'inquiéter au plus haut point les responsables, notamment dans la Békaa où les kidnappings se sont récemment multipliés, prenant par moments un caractère communautaire. Le député du courant du Futur Assem Araji s'est longtemps attardé sur le sujet, prônant une action rapide et ferme de la part de l'État pour éviter tout dérapage et surtout une discorde communautaire. Évoquant les rapts de plusieurs membres de la famille Hojeiri, qui pourraient être liés à la question des otages militaires et de leur éventuelle libération prochaine, le député a affirmé « n'être sûr de rien dans ce pays ».
« Face aux rapts et contre-rapts, notre premier souci est de protéger la région contre une dégradation sécuritaire dangereuse. Nous souhaitons que les responsables de ces kidnappings soient arrêtés dans une phase ultérieure, surtout ceux qui réclament des rançons et qui sont d'ailleurs connus des forces de l'ordre », a-t-il dit.


Interrogé sur le plan sécuritaire dans la Békaa, le député a affirmé qu'il n'a pas encore été appliqué. « À défaut, nous nous dirigeons assurément vers une impasse », a-t-il dit.
Et d'ajouter : « Toutes les parties sont conscientes des composantes sociales et politiques dans la Békaa et la mixité communautaire qui s'y trouve. Au moindre incident, l'explosion sera imminente. »
Le député a assuré que personne ne peut se substituer à l'État et à l'armée. « Sinon, nous allons nous retrouver dans une situation similaire à celle d'aujourd'hui en recourant à la pratique du baisemain et aux méthodes tribales pour libérer les citoyens de la famille Hojeiri qui ont été kidnappés. Toutefois, nous ne pouvons pas continuer à recourir à ces méthodes », a-t-il souligné.


De son côté, le député du Hezbollah, Nawwar Sahili, a évoqué la problématique sécuritaire, dans une réaction d'autodéfense aux multiples critiques adressées au parti chiite, accusé de se dérober à la loi.
« Pour la énième fois, nous avons affirmé que la sécurité incombe exclusivement à l'État qui ne doit pas renoncer à ses responsabilités en jetant la balle dans le camp des autres », a déclaré M. Sahili. Le député a ajouté : « Il n'y a pas un seul hors-la-loi chez nous qui bénéficie d'une couverture politique. Nous avons plutôt constaté ce phénomène chez les autres (entendre dans les milieux sunnites), dont ceux qui ont fait sortir les prisonniers des lieux de détention. »

 

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