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Nos Lecteurs ont la Parole - Carole DIB

La vie à quatre roues

Conduisez-vous? Avez-vous jamais pensé à quel point ça ressemble à la vie?
Il y a ceux qui regardent trop longtemps le rétroviseur. Trop pris par ce qui est derrière eux, ils oublient de voir devant. Ce sont ceux qui, souvent, ne peuvent pas partir bien loin.
Il y a ceux qui s'énervent à chaque obstacle et jurent à chaque mauvais tournant. Et ceux qui ralentissent un instant, avec pour réponse leur plus beau sourire.
Il y a ceux qui vont souvent à contresens. Parfois, pour le seul plaisir.
Il y a ceux qui aiment découvrir de nouvelles routes ou, encore plus, aller hors des sentiers battus pour explorer des terres inconnues.
Il y a ceux qui conduisent par mauvais temps, sous les averses, dans le noir. Et ceux qui préfèrent ne pas s'y aventurer.
Il y a ceux qui n'aiment pas les embouteillages. Ceux qui en profitent pour rêver. Ceux qui attendent que «ça passe». Ceux qui essaient d'inventer des stratagèmes pour y échapper en prenant mille autres chemins: il y a ceux qui y réussissent et ceux qui tournent encore quelque part en rond.
Il y a ceux qui se perdent à chaque bifurcation. Et ceux qui savent exactement où ils vont.
Il y a ceux qui sont parfois à court d'essence et n'ont plus d' «énergie» pour continuer. Ils ont alors besoin d'un coup de main, de quelqu'un qui vient les aider à avancer.
Il y a ceux qui n'aiment pas conduire en solo, voulant être accompagnés tout le temps. Ceux qui préfèrent la musique et le beau temps pour uniques compagnons.
Il y a ceux qui sont pris par une fille ou un mec qui passe et «font rentrer tout le reste dans le mur».
Il y a ceux qui dérapent et se stabilisent aussitôt. Et ceux qui s'enfoncent vers le gouffre chaque jour un peu plus.
Il y a ceux qui avancent lentement, mais sûrement. Ceux qui font du 200 à l'heure, prenant le tout pour un jeu, sans calculer les risques et les conséquences. Ce sont ceux qui, souvent, perdent tout en un instant.
Il y a ceux qui se plaisent à doubler les autres. Ceux qui n'acceptent pas d'être dépassés et commencent alors une course furieuse. Et ceux qui avancent à leur propre rythme, se souciant peu des autres.
Il y a ceux qui se garent en bloquant plein de personnes sur leur chemin. Peu importe les «autres».
Et ironiquement, au Liban particulièrement, conduire ressemble à la vie encore plus. À chaque carrefour, il faut de la force pour pouvoir passer. Aux heures de pointe, le rond-point n'est qu'une arène de bataille.
Il y a ceux qui hésitent, qui prennent du temps pour franchir la bifurcation en l'absence de feux et en la présence de fous. Ce sont ceux qui passent «dans l'ombre» d'une autre voiture prenant la même direction.
Sans oublier les nids-de-poule qui parsèment les routes. Il y a ceux qui s'y enfoncent la première fois, mais retiennent la leçon. Ceux qui refont la même gaffe à chaque fois. Et ceux qui font attention, les évitant dès la première minute.
Décidément, notre vie dépend du volant. Cela résume tout. Même quand nos parents et les diverses ONG nous le répétaient, qui ne croyaient pas si bien dire.
D'ailleurs, dans un monde bouleversé par des centaines de problèmes, nous oublions parfois de saluer les efforts de tous ces volontaires qui sacrifient leur temps pour offrir un magnifique travail «parental» d'orientation, avec des campagnes de sensibilisation excellemment ciblées. À titre d'exemple, une des excellentes campagnes qui m'avait marquée est celle de la Yasa: en gros plan, la main d'un conducteur posée sur le levier de vitesse. À droite, en gros caractères: «Hayetak bi idak.» Quoi de plus clair et de plus direct?
Une question: comment oublier ce qui nous coûte notre vie quand conduire ressemble tellement à vivre? À chaque tournant, à chaque détour, chaque petit détail nous le rappelle partout: nous seuls décidons où nous «conduisons» notre «vie». Droit dans le mur, ou pas?

Carole DIB

Conduisez-vous? Avez-vous jamais pensé à quel point ça ressemble à la vie?Il y a ceux qui regardent trop longtemps le rétroviseur. Trop pris par ce qui est derrière eux, ils oublient de voir devant. Ce sont ceux qui, souvent, ne peuvent pas partir bien loin.Il y a ceux qui s'énervent à chaque obstacle et jurent à chaque mauvais tournant. Et ceux qui ralentissent un instant, avec pour...

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