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Nos Lecteurs ont la Parole - Rachel KHOURI ACAR

Contre toute attente...

Détente, tranquillité, exploration... C'est ce qui nous a été promis quand nous avons décidé mon mari et moi après un an de mariage de renouveler notre lune de miel dans un hôtel et «resort» réputé au Liban et reconnu internationalement puisqu'il fait partie du réseau «RCI».
Arrivés à notre destination un jeudi à midi, nous nous sommes épris du paysage vierge que la vanité de l'homme n'avait pas encore souillé. La réceptionniste nous a très bien accueillis et nous a promis, comme prévu dans la brochure, «une semaine de rêve». Le concierge nous a ensuite conduits à notre villa studio réservée depuis bien longtemps, et là les prémices d'un cauchemar nous sont aussitôt annoncées. L'odeur répugnante des lieux nous pousse à nous retirer de la chambre juste après y avoir déposé nos bagages et à partir précipitamment à la découverte du village.
À notre retour, la situation empire. Les fenêtres qu'on a gardées ouvertes pour laisser s'échapper l'odeur de renfermé n'ont servi à rien. En effet, le relent de moisissure emplissait de plus en plus la chambre et augmentait à chaque fois qu'on approchait du fond de la pièce. Des taches d'eau sur le plafond, recouvertes de peinture, expliquaient l'humidité et la pourriture qui s'en dégageaient. Nous avons essayé de climatiser la chambre, en vain.
Désespérés, à 17 heures, nous nous sommes installés sur le canapé près de la fenêtre pour prendre comme d'habitude notre café crème avant de descendre faire du sport. Nous avons utilisé les tasses de la kitchenette équipée, mais notre rituel était cette fois-ci gâché par la nausée face aux ustensiles mal lavés. Nous ne voulions pas toutefois que ces détails ruinent notre séjour. Alors, nous sommes descendus pour connaître davantage ce «resort» qui jusque-là nous avait largement déçus.
La randonnée dans la nature nous a permis de reprendre nos esprits, mais cette quiétude fut de courte durée aussitôt arrivés au gymnase. La salle de sport remontait à un siècle qui n'avait plus rien à voir avec le nôtre : les machines étaient mal entretenues, rouillées, et le pire c'est qu'elles ne fonctionnaient pas du tout. Frustrés, nous sommes retournés à notre chambre pour nous reposer et reprendre des forces pour une nouvelle journée. Cependant, dormir était impossible à cause de l'odeur tenace qui «embaumait». À ce point, nous appelons la réceptionniste pour lui communiquer notre problème. Le concierge arrive quelques minutes plus tard avec la solution ultime: un vaporisateur à parfum! Suite à un deuxième appel, le directeur nous propose une autre chambre. Nous nous trouvons dans l'embarras d'accepter son offre. Cette deuxième villa studio était un peu plus vaste, sans odeurs perceptibles et... je ne sais plus quoi dire! Rien de positif ne me passe par la tête. La fenêtre donnait sur un mur de pierre sur lequel des tuyaux étaient posés. La villa était envahie par les moustiques car les moustiquaires déchirées étaient incapables de remplir leur fonction, la lumière chaude faisait mal aux yeux et nous permettait à peine de voir, les meubles du salon étaient constitués de vieilleries patinées par l'usure, le matelas aux ressorts saillants présentait des ondulations comparables à des vallées et des collines.
Notre première nuit a été suivie d'une journée aussi déprimante que la précédente: une piscine intérieure non chauffée à l'automne et mal entretenue, des douches d'horreur, une table de ping-pong délabrée et des raquettes rongées par le temps, un terrain de basket qui tire sur la droite et des paniers sans filet, des jeux pour enfants abîmés... Après ces surprises à répétition, il nous a paru évident que rester n'était pas la bonne décision à prendre et, l'après-midi du vendredi, nous avions mis fin à notre séjour qui devait durer une semaine.
Si j'écris aujourd'hui dans ces colonnes, ce n'est pas tant pour critiquer cet hôtel que pour partager avec le lecteur cette expérience amère qui m'a permis aujourd'hui, après 26 ans au Liban, de comprendre que nous vivons dans un pays où l'image présentée n'est plus le miroir de la réalité, que nous sommes pris pour des «pigeons» qu'on plume et non pour des êtres humains qui ont des droits. J'ai pu enfin répondre aux questions qui me hantent l'esprit: pourquoi, au Liban, aucune norme n'est respectée; pourquoi nous voyageons pour oublier; pourquoi notre Liban chéri n'est plus apprécié des touristes; et pourquoi nous Libanais devons absolument briser le silence derrière lequel nous nous abritons et réclamer enfin nos droits...

Rachel KHOURI ACAR

Détente, tranquillité, exploration... C'est ce qui nous a été promis quand nous avons décidé mon mari et moi après un an de mariage de renouveler notre lune de miel dans un hôtel et «resort» réputé au Liban et reconnu internationalement puisqu'il fait partie du réseau «RCI».Arrivés à notre destination un jeudi à midi, nous nous sommes épris du paysage vierge que la vanité de...

commentaires (3)

Bien vu !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 25, le 24 octobre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Bien vu !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 25, le 24 octobre 2014

  • J'AURAIS PRÉFÉRÉ NE PAS LIRE... J'AI PRÉPARÉ DEUX MOTS... MAIS TELLEMENT AIGRES... QUE J'AI PRÉFÉRÉ LES BIFFER... LE SILENCE DIT TOUT !

    LA LIBRE EXPRESSION, CENSUREE PARTI PRIS/ INTERET

    20 h 41, le 23 octobre 2014

  • Un Nom....s.v.p

    Houri Ziad

    06 h 25, le 23 octobre 2014

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