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Liban - Infrastructure

Des barrages sur des failles sismiques, c'est « Apocalypse Now » !

Dans un article publié récemment dans Libnanews, Claudia Preti revient sur les risques que comporte la construction de barrages sur des failles sismiques, dénonçant les actuels projets entrepris au Liban (Janné, Hammana...) et appelant les ministres à les remettre en cause.

La région du Sichaun après la rupture du barrage.

En 2013, l'ancien ministre de l'Énergie Gebran Bassil inaugure la construction du barrage de Janné, dans la vallée de Nahr Ibrahim. Or le chantier se situe juste au-dessus de «trois» failles actives et court le risque de se transformer un jour en bouchon de champagne à la première secousse sismique.
En octobre 2013, le même ministre Bassil inaugure les travaux de construction du barrage de Hammana (Haut-Metn), qui sera situé... juste au-dessus d'une autre faille sismique très active, faisant fi des mises en garde des scientifiques et mettant en danger la vie future de centaines de citoyens.


Il conviendrait de rappeler à notre actuel ministre de l'Énergie, Arthur Nazarian, les faits suivants:
• Le 12 mai 2008, un séisme de magnitude 7,9 sur l'échelle de Richter a fait plus de 80000 morts dans le Sichuan, au centre-ouest de la Chine. Le barrage, situé à 5,5 kilomètres de l'épicentre du tremblement de terre et à près d'un kilomètre du système de failles qui a bougé, a craqué. Deux experts de l'administration chinoise des séismes ont expliqué, dans leur rapport, que le poids de l'eau du réservoir et les infiltrations avaient «clairement affecté l'activité sismique de la région». Fan Xiao, du Sichuan Geology and Mineral Bureau, chargé d'enquêter sur les causes du séisme, avait estimé que la pression exercée par l'eau du barrage avait été un facteur-clé dans le déclenchement du tremblement de terre.


• Le barrage de Hoover dans le Colorado: les sismologues ont recensé à ce jour une douzaine de secousses de magnitude 3 à 6 provoquées par les installations hydrauliques. La raison: au fur et à mesure que le réservoir se remplit, le poids de l'eau exerce une pression sur la terre, ce qui provoque des changements dans la charge de stress et une augmentation de l'activité sismique.


• Le barrage de Malpasset a été construit en 1954 sur le fleuve côtier du Reyran sur un substratum (socle rocheux) schisteux. Il était donc prévu que l'eau puisse s'infiltrer dans la schistosité (une famille de plans subparallèles et régulièrement espacés selon lesquels certaines roches se clivent facilement en feuillets plus ou moins épais). Mais ces infiltrations, vu le pendage (géométrie d'orientation d'un plan ou d'une surface) de la schistosité, ne devaient théoriquement prêter à aucune conséquence. Mais des études géologiques insuffisantes n'avaient pas détecté la présence d'une faille profonde recoupant cette schistosité. L'eau sous pression arrivant par la schistosité a pu pénétrer le long du plan de faille et la forte pression de l'eau a eu tendance à écarter les deux compartiments de part et d'autre du plan de faille. Le compartiment supérieur, désolidarisé du comportement inférieur, s'est décollé sous la moitié sud-est du barrage, et tout le substratum sud-est du barrage a pivoté, et est «parti», emportant avec lui la moitié orientale de la muraille du barrage, qui s'est évidemment rompue (source: Wikipédia).


• Le barrage des Trois-Gorges, sur le fleuve Yang Tse, au centre de la Chine, auparavant vanté pour son poids dans la production hydroélectrique du pays, a été remis en cause par les autorités chinoises, dans un récent communiqué. Celles-ci ont, pour la première fois, reconnu que le plus grand barrage du monde avait causé de nombreux et sérieux problèmes environnementaux, sociaux et économiques. Premier chef d'accusation : les catastrophes naturelles. Dans son communiqué, le gouvernement chinois a reconnu que la création du réservoir avait accru la fréquence des séismes, étant donné que l'accumulation d'une trop grande quantité d'eau dans le réservoir augmente les risques de glissements de terrain et de tremblements de terre.

 

Le danger du poids de l'eau
Selon les constatations de la Commission mondiale des barrages (CMB), on observe une «incapacité constante et systématique à évaluer le potentiel d'impacts négatifs des barrages». Les études de faisabilité existantes sont loin de cerner toutes les facettes de ce type d'ouvrages et de tenir compte de tous les facteurs de risque. «Fichés dans les vallées des cours d'eau, les barrages, lestés de l'énorme poids de l'eau qu'ils retiennent, déforment la croûte terrestre et envoient des ondes sismiques périodiques», peut-on lire dans ce document.
D'autre part, les scientifiques du monde entier ont démontré que certaines activités comme l'exploitation des mines ou des puits de pétrole et la construction de barrages peuvent déclencher un tremblement de terre en modifiant le poids que supportent les plaques tectoniques, en jouant le rôle de bouchons au-dessus des failles ou en lubrifiant les joints qui se trouvent entre elles.

 

Une gestion des risques impossible à appliquer
Alors que les barrages soulèvent des interrogations au sein même de l'Europe et que les règles de prévention sécuritaires antisismiques sont appliquées de plus en plus partout dans le monde quant au choix du lieu de construction (par exemple en amont, loin des failles), nos deux derniers ministres à l'Énergie s'obstinent encore à faire construire des barrages, faisant fi des enjeux humains, économiques et environnementaux tandis que la gestion des risques est quasi impossible à appliquer sinon par l'arrêt immédiat de leur construction.
Messieurs les ministres, le Liban encourt des risques majeurs (nature des sols et failles sismiques) dans la construction de ces barrages. La science actuelle ne nous permet ni d'obtenir une étanchéité totale afin d'empêcher les infiltrations ni de défier impunément les mouvements sismiques des failles. Il est donc grand temps de revoir vos copies et de déplacer leur construction ailleurs que sur des failles sismiques si vous ne voulez pas entrer dans nos livres d'histoires sous le titre de «grands criminels».

 

Claudia PRETI
Vice-présidente de «Machrou' Watan/Nation Initiative»

En 2013, l'ancien ministre de l'Énergie Gebran Bassil inaugure la construction du barrage de Janné, dans la vallée de Nahr Ibrahim. Or le chantier se situe juste au-dessus de «trois» failles actives et court le risque de se transformer un jour en bouchon de champagne à la première secousse sismique.En octobre 2013, le même ministre Bassil inaugure les travaux de construction du barrage de...

commentaires (6)

AVEC LES DANSES ET SECOUSSES DE VENTRE DES BARGES 7ANOUMEMENT ÉLECTRIQUES... DE SON OEUVRE... DEPUIS, LE GENDRISSIME FAVORISE TOUS GENRES DE SECOUSSES. APOCALYPSE NOW ? IL S'EN FOUT AU CARRÉ DES DISTANCES 7ANOUMEMENT ÉLECTROMAGNÉTIQUES !

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 04, le 24 octobre 2014

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Commentaires (6)

  • AVEC LES DANSES ET SECOUSSES DE VENTRE DES BARGES 7ANOUMEMENT ÉLECTRIQUES... DE SON OEUVRE... DEPUIS, LE GENDRISSIME FAVORISE TOUS GENRES DE SECOUSSES. APOCALYPSE NOW ? IL S'EN FOUT AU CARRÉ DES DISTANCES 7ANOUMEMENT ÉLECTROMAGNÉTIQUES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 04, le 24 octobre 2014

  • Au fait, ce "comité du barrage de Jannéhhh" qui l'a formé ? Et sur quelle base, Svp ? En sus, est-il "rémunéré" ? Si c'est oui, de combien et par qui, please ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 10, le 24 octobre 2014

  • ERRATUM: HAYK MACH2 EZZA3ROURA YA YOMMA HAYK....

    Georges MELKI

    07 h 47, le 24 octobre 2014

  • LE GENDRISSIME AIME BEAUCOUP LES SECOUSSES... IL SE SECOUE TOUT LE TEMPS... çA PEUT DÉTRUIRE... PUIS, DE NOUVEAU DE L'ARGENT POUR BÂTIR... EH, LAKAN... FEYK BI TIR2OSS IL ZA3ROURA YIA YOMMA HEYK...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 45, le 23 octobre 2014

  • En tant que membre du Comité du Barrage de Janneh, je vais uniquement répondre à Mme la professeure(de quoi au juste?) Claudia Preti en ce qui concerne ce barrage, et ce dans le cadre du droit de réponse... Bien entendu, il y a trois failles qui traversent la zone de ce barrage, mais qui a dit qu'elles étaient sismiquement actives? Voici ce que dit le Professeur Pierre Antoine, un grand nom de la géologie en France, dans un rapport qui date de janvier 2009, en réponse à des analyses ayant utilisé le terme "actives" en référence à ces failles: " Qu'est ce que les auteurs entendent par "les discontinuités qui ne seraient plus actives"? Faut-il y voir la connotation habituelle du terme "active" s'appliquant aux failles, c'est-à-dire qu'elles sont sismogènes? Dans le cas présent, BIEN QU'IL S'AGISSE DE FRACTURES SECONDAIRES(PRINCIPALEMENT DES RIEDELS) DE LA GRANDE FAILLE DE YAMMOUNEH, JE NE CROIS PAS QU'IL AIT ETE PROUVE QUE L'UNE QUELCONQUE D'ENTRE ELLES AIT ETE A L'ORIGINE DE SEISMES" Veuillez m'excuser, mais quand quelqu'un du calibre de Pierre Antoine parle de géologie, j'ai tendance à le croire, et quand un Bernard Tardieu donne un avis favorable à la construction de ce barrage après avoir revu toutes les études, y compris l'étude sismique, je me soucie peu de ce que pensent les prétendus experts qui n'ont jamais vu un barrage en BCR de leur vie...

    Georges MELKI

    15 h 06, le 23 octobre 2014

  • En fait c'est une fatalité, nous avons des chefs politiques apocalyptiques. Puis, au fond, il nous manque ce genre d'"apocalypse" de rupture de barrage. Varier de temps en temps, c'est "relaxant".

    Halim Abou Chacra

    04 h 55, le 23 octobre 2014

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