Bou Faour : Une piste consacrée aux avions venant de pays à risque atteints par Ebola

Le ministre de la Santé Waël Bou Faour a annoncé hier qu'une piste de l'aéroport, la piste ouest, sera réservée aux avions en provenance de pays où sévit Ebola, en vue de faciliter le travail du personnel médical affecté à la surveillance des passagers en vue de la détection d'éventuels cas de cette maladie.
Le ministre s'exprimait au cours d'une tournée à l'aéroport, effectuée en compagnie du ministre des Travaux publics et des Transports, Ghazi Zeaïter. « L'objectif essentiel de cette tournée est de superviser les préparatifs lancés par le gouvernement pour lutter contre le danger d'Ebola, a-t-il déclaré. L'aéroport Rafic Hariri est le principal passage par lequel nous craignons l'arrivée d'éventuels malades, car tout cas devrait nécessairement passer par là. Les frontières terrestres ne représentent pas de danger majeur en raison de la crise en Syrie. Nous avons pris toutes les précautions qui s'imposent sur tous les points d'entrée, que nous présenterons bientôt à M. Zeaïter. Mais notre principale préoccupation reste l'aéroport. »
M. Bou Faour a évoqué la principale nouvelle mesure bientôt mise en place, celle de concentrer les vols à risque sur une seule piste. « J'enverrai une lettre en ce sens à la direction de l'aéroport, a-t-il indiqué. Une telle mesure faciliterait notre travail car elle concentrera dans une zone précise la surveillance effectuée par les contrôleurs sanitaires, les infirmiers et les médecins affectés à l'aéroport. Les passagers en provenance de ces pays seront dirigés vers une seule porte d'arrivée. De plus, nous nous apprêtons à envoyer des messages à toutes les compagnies d'aviation, et non seulement les compagnies principales desservant ces destinations, afin qu'elles nous informent de la présence, à bord d'un des appareils, d'un passager transitant par leur pays et venant d'une destination à risque. Et ce même si ces passagers ont déjà subi des examens dans d'autres aéroports. »
Le ministre a précisé que les contrôleurs n'attendent plus le débarquement des passagers, mais ils montent désormais à bord de l'appareil qui vient d'atterrir pour vérifier l'état de santé des voyageurs et recueillir des questionnaires que ces personnes auront remplis. « Nous avons également besoin d'équiper une salle isolée pour y traiter un éventuel cas urgent dans le hall d'arrivée des vols, à moins de nous contenter de la présence d'une ambulance qui transporterait le malade rapidement vers l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri, au besoin, a-t-il expliqué. Dans les deux cas, l'ambulance est indispensable. »
M. Bou Faour a ajouté que l'équipe de travail a été augmentée et compte dorénavant six infirmiers, auxquels six autres s'ajouteront bientôt. Au final, l'équipe comptera quinze personnes. « Nous avons par ailleurs demandé à la direction de l'aéroport d'annuler temporairement le service VIP dans le salon d'honneur pour les voyageurs provenant des destinations à risque, afin d'éviter qu'un cas n'échappe ainsi au contrôle », a-t-il souligné.

« Pas de cas suspect pour l'instant »
M. Bou Faour a estimé que le danger est bien réel en raison du nombre de voyageurs. Mais il a ajouté, en réponse à une question, qu'aucun cas confirmé n'a jusque-là été détecté au Liban. « Nous avons recensé quelques cas suspects, mais il s'est avéré qu'il s'agissait de cas de malaria ou d'autres maladies », a-t-il précisé. Interrogé sur la mise en place d'un plan global interministériel, le ministre de la Santé a révélé qu'il s'apprêtait à contacter son collègue de l'Information dans le but d'organiser une réunion avec les représentants des médias. « Nous avons en effet besoin de lancer une campagne d'information nationale, car le danger auquel nous faisons face est nouveau, et tout nouveau facteur suscite la peur de l'inconnu », a-t-il souligné.
À la question de savoir si les équipements et les habits spécialisés ont été assurés au personnel de santé, il a répondu que des combinaisons spéciales se trouvent à l'aéroport, bien qu'il y ait un manque de combinaisons et de chaussures de ce type dans le monde. « Nous essayons de combler ce manque à travers l'Organisation mondiale de la santé (OMS) », a-t-il ajouté.
Le ministre a également révélé qu'une coordination était en place avec les communautés libanaises à l'étranger pour régler l'affaire des visas et mieux contrôler les allées et venues des non-Libanais en provenance de pays à risque.
Pour sa part, M. Zeaïter a assuré que son ministère facilitera toutes les mesures à prendre à l'aéroport pour assurer la sécurité du pays, en espérant qu'il reste exempt de cette maladie.

Des préparatifs dans onze grands hôpitaux
Par ailleurs, M. Bou Faour s'est réuni hier avec une délégation des hôpitaux qui ont une capacité de plus de cent lits. Ces hôpitaux, à la demande du ministère, sont en train d'équiper des chambres isolées en vue d'y accueillir d'éventuels malades atteints d'Ebola. Le ministre a déclaré, à l'issue de la réunion, que « onze hôpitaux sont déjà très avancés dans les préparatifs, alors que d'autres souffrent de lacunes qui existent dans d'autres établissements dans le monde ».
« Dans deux ou trois semaines, trois de ces hôpitaux seront prêts », a-t-il ajouté, insistant sur l'importance des sessions de formation pour le personnel qui sera en charge d'éventuels cas d'Ebola.