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Nos Lecteurs ont la Parole - Ziad EL-SAYEGH

I.- Le drame des libéraux, les paris des extrémistes... et la société civile

Face à la désintégration générale du monde arabe, il paraît plus que jamais nécessaire de réfléchir à ce qu'il faudrait faire pour que la raison retrouve un peu d'initiative. Un retour à la raison devrait en effet permettre de faire la part des choses afin que les esprits ne restent pas prisonniers des complexes de majorité ou de minorité qui font des communautés la cible de campagnes d'intimidation ou de processus d'autodestruction.
L'appel à la raison face à la tragédie désastreuse vécue par des citoyens isolés et confrontés à des idéologies d'exclusion pourrait passer, aux yeux de certains, comme une impossibilité, un obstacle infranchissable. C'est pourquoi il faudrait inciter d'abord les sages de la société civile à étudier les moyens de corriger les déséquilibres structurels imposés par les changements géopolitiques régionaux, en tenant compte des mentalités et des différentes options disponibles pour intervenir, tant au Liban que dans le monde arabe. Tous ces bouleversements ont en effet, depuis leurs débuts sanglants, rendu impossible le retour à un minimum d'échelle de valeurs commune, ce qui a entraîné la multiplication des cas de marginalisation, l'accroissement de la peur et l'augmentation de conflits absurdes et interminables.
La situation actuelle devrait nous mener à nous intéresser, constat oblige, à trois cas de figure, dont chacun requiert une analyse succincte: la crise des libéraux modérés, l'émergence des paris des extrémistes et la mobilisation de la société civile.
Il est aujourd'hui établi que le courant des libéraux dans les sociétés arabes n'a pas réussi à faire face à la montée en puissance des vagues d'extrémisme religieux. Il n'a pas su en effet mobiliser les différentes composantes de ce tissu social et les sensibiliser à la nécessité de faire la différence entre les sociétés «majoritaires» et «minoritaires» dans la région, et encore moins leur créer des entités séparées indépendantes et leur assurer une protection étrangère. Cette incapacité à modifier la donne a contribué, partant, à saper toutes les chances de construire une identité citoyenne, processus déjà très mal engagé dès le départ.
De même, l'intelligentsia libre et le bloc économique libéral n'ont pas réussi à établir des dénominateurs et des intérêts communs au sein de la société et à y asseoir les bases d'un État juste. La logique du partage du gâteau, entretenue par une corruption destructrice, a comblé ce vide, ce qui n'a pas été sans paver la voie à l'apparition d'une chaîne d'exploiteurs. Ces derniers ont, d'une part, favorisé l'action des régimes autoritaires et tyranniques, et entretenu, de l'autre, le chaos et l'illusion d'une démocratie mensongère. Cette situation a conduit l'intelligentsia libre à se soumettre et le bloc libéral économique à ne protéger que ses propres intérêts.
Un tel cheminement
politique a déstabilisé l'État, assassiné le citoyen, occasionné le vol des richesses et des ressources nationales, éradiqué les capacités individuelles et surtout bloqué l'institution d'un État civil, du fait de la flambée de l'extrémisme, de l'ignorance, de la pauvreté, de l'oppression et de la décomposition de l'État de droit.
Il est facile de céder à la théorie du complot pour expliquer l'apparition de l'extrémisme. Il est en revanche certainement plus difficile d'analyser et de comprendre les causes profondes de cette nouvelle réalité et ses conséquences.
(À suivre)

Ziad EL-SAYEGH
Directeur exécutif du Civil Influence Hub

Face à la désintégration générale du monde arabe, il paraît plus que jamais nécessaire de réfléchir à ce qu'il faudrait faire pour que la raison retrouve un peu d'initiative. Un retour à la raison devrait en effet permettre de faire la part des choses afin que les esprits ne restent pas prisonniers des complexes de majorité ou de minorité qui font des communautés la cible de...

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