Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, s'est expliqué en privé sur son coup de gueule de samedi dernier à l'adresse du Hezbollah, lors de la commémoration du deuxième anniversaire de l'assassinat du général Wissam el-Hassan.
À un membre du 14 Mars qui tentait d'en savoir davantage sur les motivations du ministre, qui avait en termes virulents mis en garde le Hezb contre la persistance de sa politique et prévenu d'une radicalisation des sunnites, M. Machnouk a répondu qu'il n'avait aucune arrière-pensée politicienne et qu'il s'agissait uniquement d'un « cri » pour exprimer son « ras-le-bol ». « J'ai déjà dit la même chose à plusieurs reprises, y compris au responsable de la sécurité au sein du Hezbollah, Wafic Safa », a-t-il ajouté à cette personnalité du 14 Mars.
Dans les milieux de cette alliance, on estime que le ministre a voulu mettre les points sur les « i » à propos de l'attitude du parti de Dieu au plan sécuritaire, et notamment son manque de coopération pour l'application des plans de sécurité tant à Tripoli que dans la Békaa.
Au sein du courant du Futur, on affirme que la sortie de M. Machnouk vise franchement à amener le Hezb à retourner à l'intérieur des frontières libanaises et à cesser d'exécuter des ordres du jour extérieurs aux dépens de l'intérêt national.
Et concrètement, on souligne de même source que le ras-le-bol du ministre a été motivé par non moins de 17 rapts survenus dernièrement dans la Békaa. Face à cette situation, chaque fois que les responsables sécuritaires lui demandent son aide, le Hezb prétend ne rien pouvoir faire parce qu'il ne dispose pas de positions militaires dans la région. Or après les incidents de Brital, il est apparu que c'est tout le contraire.
Dans les milieux quatorze-marsistes, on déplore le fait que quarante-huit heures après le discours de M. Machnouk, personne au Hezbollah n'a cherché à obtenir auprès de lui des éclaircissements. Au lieu de cela, le parti chiite a tout de suite suggéré que la prise de position du ministre de l'Intérieur entrait dans le cadre de l'escalade survenue dernièrement entre l'Arabie saoudite et l'Iran et qu'elle n'est donc que le prélude à une nouvelle campagne du Futur contre le Hezb.
On juge « risibles », de mêmes sources, les réactions de responsables du parti de Dieu mettant au défi les autorités sécuritaires de désigner un seul cas où un criminel aurait bénéficié de la couverture du Hezbollah dans ses fiefs. « Il y en a toute une liste », affirment au contraire ces sources, donnant quelques exemples, comme celui de l'homme vu sur YouTube qui tirait du toit d'un immeuble en direction du palais de Baabda, ou encore du suspect dans la tentative d'assassinat de Boutros Harb.
Tant au sein du courant du Futur qu'auprès du ministère de l'Intérieur, on rejette catégoriquement tout lien entre la position de M. Machnouk et les relations saoudo-iraniennes. Le ministre exprimait depuis le début cette même position entre quatre murs et en même temps, il s'efforçait de pratiquer une ouverture en vue d'une coopération avec le parti de Dieu. Or cela entraînait pour lui des critiques dans son propre camp, certains allant même jusqu'à considérer que M. Machnouk privilégiait son ordre du jour personnel.
Pour les milieux du 14 Mars, en liant les propos du ministre au contexte régional, on cherche à les discréditer, alors qu'en réalité, depuis le « coup d'État blanc » mené par le Hezbollah contre le gouvernement Hariri, en janvier 2011, la politique du 14 Mars à l'égard du Hezb n'a pas changé et vise essentiellement à le libaniser. « Il n'est pas permis, chaque fois que l'on critique le Hezbollah, que cela soit considéré comme un reflet du contexte régional », affirme-t-on dans ces milieux.
Du côté du 8 Mars, certaines sources renvoient toute l'affaire au fait que M. Machnouk serait parvenu à une réelle impasse au sein de son propre camp et qu'il tenterait ainsi de se refaire une santé au niveau de sa popularité, qui aurait reçu un coup sévère. Pour ces sources, les positions du ministre n'auront pas d'effet sur le gouvernement.
À un membre du 14 Mars qui tentait d'en savoir davantage sur les motivations du ministre, qui avait en termes virulents mis en garde le Hezb contre la...
commentaires (4)
ON A BESOIN D'UNE GUERRE FATALE POUR NOUS SORTIR UN GAGNANT, UN DICTATEUR POUR QUE CE QUI RESTE DE CE PAYS FONCTIONNE UN PEU.
Gebran Eid
14 h 00, le 21 octobre 2014