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Lifestyle - Philippines

Olongapo, quartier désert et prostitué(e)s désœuvré(e)s...

Le meurtre récent d'un transsexuel par un soldat américain a choqué la communauté locale.

Le meurtre récent d’un transsexuel, Jennifer, par un soldat américain a choqué la communauté locale de prostitué(e)s, de flics et de tauliers à Olongapo. Lorgina Minguito/Reuters

Depuis plus d'un siècle, le port philippin d'Olongapo se métamorphose en vaste bordel dès qu'un bâtiment de guerre battant pavillon américain accoste et déverse des hordes de jeunes marines prêts à la débauche.
Avec sa forêt de néons roses, ses venelles obscures et ses bouges aux vitrines fumées, le quartier de Magsaysay traîne une sale réputation. Les crimes de sang y sont pourtant rares et le meurtre récent d'un transsexuel par un soldat américain a choqué la communauté locale de prostitués, de flics et de tauliers. « Rien ne vaut les Américains, se lamente John Bunsoy, videur à l'Ambyanz où la victime a été vue pour la dernière fois au bras de son meurtrier présumé. Hier soir, on a eu zéro client. Aujourd'hui, on en a quatre, mais ce sont tous des locaux » aux poches trouées. Depuis le meurtre, les 3 000 marins servant à bord des navires américains qui ancrent à Subic Bay, à un jet de pompon de Magsaysay, sont consignés. Le quartier est désert, les prostitué(e)s désœuvré(es). John Bunsoy a été entendu par les enquêteurs après le meurtre de Jeffrey Laude, un transsexuel de 26 ans qui se faisait appeler Jennifer. Son corps a été découvert le 12 octobre dans une chambre d'hôtel où il avait suivi le suspect. L'autopsie a révélé que Jeffrey/Jennifer était mort noyé, selon le rapport d'enquête préliminaire. La prostitution a fleuri à Olongapo pendant la guerre du Vietnam, lorsque les marines en permission y débarquaient pour quelques jours, quelques semaines, le temps d'oublier l'enfer vert du maquis vietcong. En 1992, les Américains sont définitivement partis des Philippines, chassés par un vent de nationalisme. Ils y reviennent aujourd'hui pour participer à des manœuvres d'entraînement avec l'armée philippine.

« On payait pour sa beauté »
À Olongapo, les Américains apportent un peu de vie, et le portrait de George Washington sur des billets verts. «Quand ils sont en permission, la rue en face est remplie d'Américains. Leur présence attire aussi beaucoup d'autres touristes », assure Elvie Mose qui dirige le Jade, un hôtel-restaurant de 40 chambres. La prostitution est illégale aux Philippines, passible en principe de six mois de prison. Mais elle est largement tolérée et a pignon sur rue. Ce pays de fervents catholiques, où le divorce et l'avortement restent interdits, est aussi très pauvre. Or, une passe rapporte 2 000 pesos (35 euros), environ cinq fois le salaire journalier minimum.
Dès lors, incapables de proposer une alternative, les autorités ferment les yeux sur ce qu'elles appellent « l'industrie du divertissement ». « L'industrie du divertissement est un important moyen de subsistance pour beaucoup de gens ici », admet Michelle Ubuta, patronne de la brigade locale de protection des femmes et des enfants. « C'est la seule façon qu'ils ont de manger trois fois par jour », explique-t-elle. Kate Montecarlo Cordova préside l'Association des transsexuels philippins. Marginalisés, nombre d'entre eux sont contraints à la prostitution faute de trouver un emploi « ordinaire », selon elle.
Ancien prostitué transsexuel, Benjie Perez a ouvert un salon de beauté. « Quand j'étais plus jeune, j'étais comme Jennifer, je faisais les Américains. » « Elle était très belle, assure Benjie. On payait pour sa beauté. » Pour rappel, le dernier militaire américain impliqué dans une affaire criminelle aux Philippines est le caporal Daniel Smith, condamné à 40 ans de prison en 2006 pour le viol d'une jeune Philippine rencontrée dans les faubourgs d'Olongapo. La victime s'est ensuite rétractée et l'Américain a été acquitté en 2009.
(Source : AFP)

Depuis plus d'un siècle, le port philippin d'Olongapo se métamorphose en vaste bordel dès qu'un bâtiment de guerre battant pavillon américain accoste et déverse des hordes de jeunes marines prêts à la débauche.Avec sa forêt de néons roses, ses venelles obscures et ses bouges aux vitrines fumées, le quartier de Magsaysay traîne une sale réputation. Les crimes de sang y sont pourtant...

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