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Liban - Solidarité sociale

Don d’organes : au Liban, les corps médical et infirmier traînent la patte...

L'infrastructure mise en place par le Comité national pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOD Liban) est solide et répond aux standards internationaux. C'est l'application de ce système qui fait défaut, en raison d'une désolidarisation de la majorité des parties concernées.

De nombreux hôpitaux et médecins sont encore réticents au don d’organes. Photo AFP

Le don d'organes s'améliore au Liban... mais à pas de tortue. Si l'opinion publique est mieux sensibilisée à la cause, c'est principalement au niveau des hôpitaux et des corps médical et infirmier que le problème se pose, ces derniers étant encore réticents. « Seuls huit à dix hôpitaux des vingt-huit établissements ayant bénéficié d'une assistance technique dans le cadre du protocole de coopération signé entre le Liban et l'Espagne, utilisent les outils et mettent en application les stratégies élaborées à ce niveau », fait remarquer Farida Younane, coordinatrice nationale au Comité national pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOD Liban), à la veille de la Journée mondiale du don d'organes célébrée le 19 octobre.


« Le système libanais pour le don d'organes bénéficie d'une infrastructure solide, de l'aveu même des experts internationaux, poursuit-elle. Toutefois, le taux de donations reste faible, parce que les hôpitaux ne coopèrent pas comme ils devraient le faire. Lorsqu'ils commenceront à s'impliquer, un réel changement sur le terrain se fera sentir. Or les établissements hospitaliers ne s'impliqueront que lorsque l'application du système du don d'organes deviendra une des conditions essentielles de l'accréditation. Ce qui devra se faire à partir de l'an prochain. Il n'en reste pas moins que malgré le nombre limité des hôpitaux qui coopèrent, nous arrivons à maintenir notre système de donations. »


Jusqu'en août 2014, NOD Liban a reçu 729 alertes relatives à de potentiels donneurs. « Quinze donneurs ont été identifiés, mais seules sept familles ont donné leur consentement au don d'organes, précise Farida Younane. En ce qui concerne les cornées, sept familles sur les 69 potentiels donneurs ont accepté. Quant aux Libanais qui ont rempli leurs cartes de donneurs, leur nombre est légèrement supérieur à 6 570, soit l'équivalent de 0,15 % de la population ! »

 

(Dossier : Don d'organes : un geste encore timide au Liban)

 

Trois aspects au problème
Pour Farida Younane, le problème se pose à trois niveaux. Il y a d'une part les communautés musulmanes dont une grande partie « n'accepte toujours pas le concept de mort cérébrale ». « Ce qui est intéressant de relever à ce niveau, c'est que l'Université de Téhéran, qui couvre une population de 10 millions d'habitants, a réussi à avoir un consentement familial pour le don d'organes dans plus de 90 % des cas, explique le vice-président de NOD Liban, le Dr Antoine Stéphan. C'est la raison pour laquelle nous pensons que la religion ne doit pas être un obstacle insurmontable. Le succès constaté à l'Université de Téhéran est également dû à l'engagement du personnel médical dans la cause. Au Liban, tous les médecins et les infirmiers n'encouragent pas le don d'organes. »


Le deuxième problème se pose au niveau des hôpitaux qui n'appliquent pas la loi qui les oblige à déclarer à NOD tous les potentiels donneurs. « Même les hôpitaux qui ont suivi la formation ne déploient pas tous un effort dans ce sens », note Farida Younane. Le troisième problème est relatif aux « rituels d'enterrement chez les différentes communautés, certains chefs religieux insistant à les célébrer avant le coucher du soleil ». « Or il nous faut du temps pour compléter les procédures et le prélèvement des organes, précise-t-elle. Tous ces problèmes seront à l'ordre du jour d'un congrès qui sera organisé en février 2015 à l'Institut supérieur des sciences religieuses de la faculté des sciences religieuses de l'Université Saint-Joseph. »

 

L'aspect légal
Farida Younane indique en outre que sur le plan légal et éducatif, de grandes améliorations ont été achevées. « Le ministre de la Santé a publié la semaine dernière une décision qui définit les documents nécessaires pour la greffe d'organes d'un donneur vivant et le mécanisme d'approbation suivi par le ministère, relève-t-elle. De plus, les amendements nécessaires seront prochainement introduits au décret-loi qui définit les garde-fous au programme du don et des greffes d'organes, des tissus et des cellules. »


Sur le plan de l'enseignement, le NOD s'est entendu avec les facultés de médecine et des sciences infirmières pour former en 2015 les professeurs qui à leur tour enseigneront la matière du don d'organes. Celle-ci sera intégrée au cursus à partir de l'année universitaire 2015-2016. De plus, en 2017, le don d'organes sera l'une des matières sur lesquelles portera le colloquium.
« Nous travaillons également sur un logiciel qui devrait relier tous les hôpitaux à NOD dans le but de gérer la donation, la greffe et le suivi des donneurs vivants et des receveurs, afin d'établir un registre national, avance Farida Younane. Nous avons également signé un accord avec le Centre national des yeux à Saïda pour former leurs équipes au prélèvement des cornées, comme pour organiser des conférences de sensibilisation à Saïda. »
« Tous les moyens sont mis en œuvre pour assurer une pérennité du projet du don d'organes et des tissus au Liban », affirme le Dr Stéphan qui conclut : « Nous espérons pouvoir devenir autosuffisants en matière de don d'organes, à l'instar de la Croatie et de la Slovénie, de manière à couvrir tous les besoins du pays en termes de greffes. Parce que l'idée selon laquelle on peut toujours trouver un organe à l'étranger est tout à fait erronée, car les pays occidentaux ont à peine de quoi couvrir leurs besoins. Ils ne vont pas favoriser un étranger à un patient local. Au Liban, nous pourrons devenir autosuffisants, si nous faisons preuve de vigilance et nous encouragons le don. »

 

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