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Liban - TSL

« Rafic Hariri s’était cassé le bras en Sardaigne, ce n’était pas l’œuvre des Syriens »

Une deuxième audience s'est tenue hier au Tribunal spécial pour le Liban pour entendre la suite du témoignage de l'un des survivants de l'explosion du 14 février 2004, un des gardes du corps de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri. Bénéficiant d'un programme de protection, le témoin, désigné par le numéro 76, se trouvait dans le convoi de sécurité visé par l'énorme explosion.


Après avoir répondu le premier jour (mardi) aux questions de l'accusation et à celles des juges de la chambre de première instance, le témoin devait s'adresser hier aux conseils de la défense qui l'ont interrogé toute la journée durant, cherchant par moments à tester la crédibilité de ses dires. C'est ainsi que l'un des avocats, Iain Edwards, tentera à plusieurs reprises de rechercher les contradictions dans certains propos confiés la veille par le témoin à l'assistance, en les opposant avec les précédentes dépositions, notamment devant la commission internationale d'enquête.


Le conseil de défense fera ainsi ressortir la « confusion » des dates dans les propos du témoin concernant le jour où des menaces avaient été proférées par le chef des services des renseignements syriens au Liban, Rustom Ghazali, à l'adresse de Rafic Hariri « s'il devait refuser de renouveler le mandat d'Émile Lahoud » (le chef de l'État à l'époque, soit en septembre 2004, rappelle l'avocat de défense qui relève que le témoin avait évoqué une date ultérieure (voir L'Orient-Le Jour du 15 octobre).


« Je n'ai fait que rapporter fidèlement les propos que j'ai entendus de mon collègue, Abou Tarek (Yahya Arab), après la réunion », se défend le témoin, soulignant qu'il ne se souvenait plus de la date exacte de cette fameuse réunion entre Rustom Ghazali et Abou Tarek, « qui devait avoir eu lieu entre 2004 et 2005 », dit-il.
Le garde du corps a assuré à ce sujet que le responsable du service de protection privée de Rafic Hariri, Abou Tarek, s'est effectivement « cassé le bras » suite à un accident de voiture provoqué après la réunion houleuse avec Rustom Ghazali qui « l'avait irrité au plus haut point ». Cependant, cette affaire n'a absolument rien à voir avec le « bras cassé » de Rafic Hariri, qui, lui, ajoute le témoin, a eu un accident en Sardaigne.
« À l'époque, les gens racontaient que les Syriens étaient derrière cela », précise le témoin en réponse à une question. « Il n'empêche, les relations étaient très tendues entre Rafic Hariri et les Syriens durant cette période du fait du renouvellement du mandat de Lahoud », ajoute-t-il.


Poursuivant sur sa lancée, M. Edwards va jusqu'à remettre en cause la « véracité » de certaines assertions faites préalablement par le témoin devant les enquêteurs. « Dans ces entrevues, vous aviez tenu des propos qui laissent croire que vous aviez en effet constaté quelque chose en bord de route », avant l'explosion, soutient l'avocat de défense. Il faisait référence à la question de savoir si le garde du corps avait remarqué la Mistsubishi (le véhicule transportant les explosifs, selon l'accusation) garée en deuxième file alors que le convoi du Premier ministre avançait.
« Cela s'est passé il y a neuf ans, rétorque le témoin. Je ne me souviens plus clairement. Je vous ai déjà dit que je prends des dizaines de cachets par jour pour les nerfs », ajoute-t-il. Et de réitérer la version qu'il avait donnée la veille, à savoir qu'il ne se souvient plus du tout de ce qui s'est passé quelque 50 mètres avant l'explosion.


Iain Edward passe ensuite à la question des équipements de parasitage installés dans les véhicules du convoi de Rafic Hariri. « Vous aviez dit hier que si la radio fonctionne dans l'une des voitures du convoi, cela signifie que les équipements de parasitage ne sont pas opérationnels, ou en panne », dit-il.
« Certes. Mais nous n'avons eu ce genre de problème à aucun moment », répond le témoin.
Et l'avocat de défense de lui annoncer qu'un témoin sera sollicité pour raconter qu'il avait entendu la radio ce jour-là.
S'ensuit toute une série de questions sur une « possible panne des équipements de parasitage », que l'équipe chargée de la protection de Rafic Hariri aurait peut-être cherché à cacher par peur d'éventuelles conséquences en termes de responsabilité professionnelle.
Une question qui sera reformulée et clarifiée à plusieurs reprises par le président de la chambre de première instance, David Re, et le substitut du procureur, Alex Milne, avant d'obtenir la réponse définitive du témoin : « Si une panne devait avoir lieu au niveau des équipements, elle aurait été assurément rapportée sur-le-champ. »


Au tour de David Young, un autre conseil de défense, d'entamer une série de questions sur l'importance et la taille de l'équipe des Forces de sécurité intérieure, durant et après le mandat de Rafic Hariri en tant que Premier ministre. Le témoin devait également apporter à l'assistance, dans les limites de ce qu'il savait, des précisions sur les « convois de diversion », le rôle joué par le chef du protocole de Rafic Hariri, à l'époque Wissam Hassan, les relations de ce dernier avec l'ancien Premier ministre, ses déplacements, le rythme de leur visite en Syrie, et enfin la proposition de loi électorale qui devait être discutée au Parlement le jour même de l'explosion, un ordre du jour dont le témoin n'était vraisemblablement pas au courant.

 

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