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Liban

La campagne nationale de sensibilisation au cancer du sein mobilise les hommes

Des ballons roses ont été lâchés dans la cour du Grand Sérail, à l’occasion du coup d’envoi de la campagne nationale de sensibilisation au cancer du sein. Photo Dalati et Nohra

Pour sa treizième année, la campagne nationale de sensibilisation au cancer du sein fait appel aux hommes, les incitant à pousser les femmes dans leur entourage, qu'elle soit une mère, une épouse, une sœur, une fille ou une amie, à ne pas oublier le rendez-vous annuel avec la mammographie. « Elle n'oublie rien te concernant, rappelle-lui sa mammographie », est ainsi le thème choisi pour cette année, le message principal de cette campagne restant inchangé : la détection précoce sauve la vie.
Le coup d'envoi de cette treizième édition a été donné hier au Grand Sérail, qui a revêtu pour l'occasion la couleur rose de la campagne. Placée sous l'égide de Lama Tammam Salam, la campagne est organisée par le ministère de la Santé en collaboration avec Roche Liban. Elle se poursuivra jusqu'à la fin de l'année en cours et offre, comme à l'accoutumée, une mammographie gratuite dans les hôpitaux gouvernementaux et au prix réduit de 40 000 LL dans les hôpitaux et centres médicaux privés. Des conférences de sensibilisation seront également organisées sur l'ensemble du territoire, notamment dans les régions lointaines, en collaboration avec les conseils municipaux et les ONG, avec pour objectif d'atteindre le plus grand nombre de femmes.
Le cancer du sein est la tumeur la plus fréquente chez la femme, constituant 42 % de l'ensemble des cancers féminins. « La détection précoce, qui consiste à effectuer une mammographie, améliore les chances de guérison », affirme le Dr Salim Adib, professeur d'épidémiologie et de santé publique et membre de la commission nationale du cancer du sein. Un message qui commence désormais à porter ses fruits, non seulement parce que le tabou qui entoure la maladie commence à être brisé, mais aussi parce que les femmes sont de plus en plus nombreuses à répondre présent à l'appel lancé chaque année en cette période. Le Dr Adib souligne ainsi qu'en 2013, 44,8 % des femmes âgées de plus de 40 ans ont effectué une mammographie au moins une seule fois dans leur vie, contre 29,2 % en 2005. Évidemment, les taux de participation à la campagne diffèrent d'une région à une autre, les femmes au Grand Beyrouth étant plus nombreuses à prendre part à la campagne : 52,7 % en 2013 contre 40,6 % dans les autres régions.
Si une amélioration est notée dans le taux des femmes qui participent à la campagne de dépistage, de grands efforts restent encore à déployer pour les pousser à répéter cet examen les années suivantes. En effet, seules 20,8 % des femmes ayant participé à la campagne en 2012 n'étaient pas à leur première mammographie contre 17,9 % en 2005. « De plus grands efforts doivent encore être déployés pour que la mammographie fasse partie de la routine des femmes âgées de plus de 40 ans, constate le Dr Adib. Il faut également mettre au point un plan d'action spécifique aux régions lointaines, comme Baalbeck, le Hermel, le Akkar et Tyr, ainsi qu'à celles qui accueillent les réfugiés syriens. »

Le rôle des médecins
Le programme de dépistage précoce du cancer du sein « est important non seulement sur le plan médical, mais sur le plan économique », affirme pour sa part le ministre de la Santé, Waël Bou Faour. Il s'inscrit dans le cadre des programmes visant à rationaliser les dépenses, d'autant que les soins de santé primaires aident à faire baisser le nombre des cas hospitaliers coûteux. Il s'agit d'ailleurs de la base de notre prochaine politique de santé dans le cadre de laquelle une plus grande importance sera accordée au dépistage précoce de toutes les maladies.
De son côté, Lama Tammam Salam a lancé un appel pour élaborer une stratégie nationale basée sur une meilleure sensibilisation à la détection précoce du cancer du sein, mais aussi sur un soutien moral et psychique. Elle a de même souligné l'importance d'améliorer le Registre national du cancer du sein, de mettre un plan pour une détection précoce des autres genres de cancer et d'améliorer les prestations sociales.
Le directeur général du ministère de la Santé, le Dr Walid Ammar, a pour sa part mis l'accent sur le message de cette campagne : « Toute femme risque d'être atteinte d'un cancer du sein, dont elle peut guérir s'il est détecté à un stade précoce, explique-t-il. Les traitements sont disponibles et les moyens de détection précoce sont simples, à des prix abordables et à la portée de toutes les femmes. Il s'agit de faire une autopalpation mensuelle et une mammographie annuelle, à partir de 40 ans, en l'absence d'une histoire familiale. » Dans le cas contraire, la mammographie est conseillée dix ans plus tôt que l'âge de la femme chez qui le cancer du sein a été détecté.
Le Dr Ammar a en outre noté que la campagne ne vise pas à limiter le dépistage précoce à ces trois mois, « mais à sensibiliser les femmes à l'importance de ce test, à n'importe quelle période de l'année ». La campagne « s'adresse essentiellement aux femmes aux revenus limités et qui négligent leur santé, d'où la décision d'organiser des conférences de sensibilisation dans les régions lointaines », ajoute-t-il.
Le président de la Société libanaise d'oncologie, le Dr Fadi Farhat, a quant à lui insisté sur le rôle du médecin pour sensibiliser la femme à l'importance de la détection précoce du cancer du sein. Il a à cette occasion lancé un appel à tous les médecins, toutes spécialités confondues, à « participer massivement à cette campagne ».
Enfin, le directeur de Roche Liban, Abdel Rahman Sabra, a mis l'accent sur la collaboration entre les secteurs privé et public, pour assurer le succès de cette campagne. « Les études ont montré que dans les pays en développement, il faut compter en moyenne quinze ans pour que le taux de mortalité commence à baisser, ajoute-t-il. Néanmoins, nous sommes fiers des résultats auxquels nous avons abouti au cours de ces douze dernières années. Le cancer du sein reste la tumeur la plus fréquente chez la femme, mais le tabou commence à être brisé. Bien que le diagnostic continue à causer un trauma psychologique, les femmes sont mieux informées sur la maladie et sur les chances de guérison. »

Pour sa treizième année, la campagne nationale de sensibilisation au cancer du sein fait appel aux hommes, les incitant à pousser les femmes dans leur entourage, qu'elle soit une mère, une épouse, une sœur, une fille ou une amie, à ne pas oublier le rendez-vous annuel avec la mammographie. « Elle n'oublie rien te concernant, rappelle-lui sa mammographie », est ainsi le thème choisi...

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