Rechercher
Rechercher

À La Une - Proche-Orient

La reconnaissance de la Palestine, une carte diplomatique et essentiellement symbolique

Aucun  des pays de l'UE susceptibles de peser sur le dossier n'a franchi le pas.

Un supporter pro-palestinien, en face du Parlement britannique, le 13 octobre 2014. REUTERS/Luke MacGregor

Officiellement annoncé par la Suède, symboliquement voté par le Parlement britannique, envisagé "le moment venu" par la France, le projet de reconnaissance de l'Etat palestinien est encore loin d'aboutir concrètement et exprime davantage la frustration face à l'impasse du processus de paix israélo-palestinien.

Déjà au cœur d'âpres batailles diplomatiques, l'adhésion à l'Unesco en octobre 2011 et l'obtention du statut d'Etat observateur à l'ONU en novembre 2012 ont constitué des étapes symboliques sur le chemin de la reconnaissance officielle de l'Etat palestinien. Mais cet objectif, dénoncé par Israël et les Etats-Unis comme une mesure unilatérale ou prématurée, reste encore largement une vue de l'esprit.

Quelque 134 pays dans le monde ont reconnu la Palestine, selon l'Autorité palestinienne, mais, au sein de l'Union européenne, aucun des pays susceptibles de peser sur le dossier n'a franchi le pas. L'annonce de la Suède en ce sens, il y a dix jours, le vote du parlement britannique lundi, ou les déclarations françaises sur la nécessité de reconnaître la Palestine "le moment venu" marquent une "légère évolution", notent prudemment des diplomates et des experts.

"Ca bouge un petit peu, il y a une volonté de la part de certains pays européens de se faire un peu entendre et d'essayer de faire avancer les choses", estime Agnès Levallois, chercheuse spécialiste du monde arabe, jugeant que, face à l'échec au printemps dernier de 9 mois de négociations sous égide américaine, de nouvelles initiatives devraient venir de l'Europe.

Car la frustration internationale face à un conflit immuable et répétitif, la lassitude des bailleurs de fonds, notamment européens (l'UE ne doit plus être seulement un "guichet", lançait ainsi fin août le président français François Hollande) s'exprime de plus en plus ouvertement. "Cela doit être la dernière fois que l'on appelle la communauté internationale à reconstruire Gaza", a déclaré la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton lors de la réunion du Caire dimanche où 5,4 milliards de dollars ont été promis pour reconstruire l'enclave palestinienne ravagée par 50 jours de guerre cet été.

 

(Pour mémoire : Jugeant "indéfendable" la politique de Londres sur Gaza, une secrétaire d’État prend une décision radicale)

 

Sauver la solution à deux Etats

Mais une solution politique durable est hors d'atteinte, jugent les plus pessimistes, pointant une colonisation israélienne "échappant à tout contrôle", des Palestiniens "faibles et divisés", et un contexte régional dramatique, avec l'émergence du groupe Etat islamique en Irak et en Syrie, éclipsant largement la question israélo-palestinienne.

Dans ce contexte, la reconnaissance de l'Etat palestinien est envisagée comme une tentative de relancer une dynamique et surtout de sauver la solution à deux Etats Israël/Palestine, longtemps considérée comme la seule option politique à ce conflit vieux de plus de 60 ans. "Cette solution a du plomb dans l'aile mais il n'y a pas d'autre alternative", souligne une source française, reconnaissant toutefois que Paris, pourtant en pointe sur le dossier au sein de l'Europe, n'est pas encore prêt à suivre la Suède. "La carte de la reconnaissance, c'est une fusée à un coup, d'où la nécessité de bien choisir son moment", selon une autre source. "J'espère que la France, qui est traditionnellement une locomotive sur ce sujet, fera prochainement ce geste très important", veut croire l'ambassadeur palestinien à Paris Hael al Fahoum.

Mais en attendant une hypothétique reconnaissance, Paris privilégie des actions au sein de l'UE. Dans un récent communiqué condamnant de nouvelles constructions israéliennes à Jérusalem-Est, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius avait mis en garde contre des "conséquences", sans préciser. Les Européens ont adopté à l'été 2013 des lignes directrices pour éviter tout financement par des fonds européens de programmes, activités, entreprises dans les territoires occupés par Israël après 1967. Depuis le 1er septembre, des volailles et produits laitiers produits dans les colonies sont interdits d'exportation vers l'UE.

En juin dernier, Paris, Londres, Rome et Berlin ont déconseillé à leurs citoyens d'investir, pour des raisons juridiques, dans les colonies israéliennes en Cisjordanie car celles-ci sont illégales aux yeux du droit international. Toutefois, les poids lourds de l'UE ne semblent pas décidés à aller au-delà sur ce dossier explosif, notamment en raison des réticences allemandes, qui, à cause de son passé nazi, reste traditionnellement plus mesurée que d'autres Etats membres dans ses critiques vis à vis d'Israël.

 

Lire aussi

Sur un ton inhabituel, Ban condamne la colonisation et exige la fin des « provocations » à Jérusalem

 

Officiellement annoncé par la Suède, symboliquement voté par le Parlement britannique, envisagé "le moment venu" par la France, le projet de reconnaissance de l'Etat palestinien est encore loin d'aboutir concrètement et exprime davantage la frustration face à l'impasse du processus de paix israélo-palestinien.
Déjà au cœur d'âpres batailles diplomatiques, l'adhésion à l'Unesco en...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut