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Moyen Orient et Monde - Irak

À al-Anbar, les jihadistes poussent l’armée irakienne dans ses derniers retranchements

Dans la province d’al-Anbar, les forces de l’ordre ont essuyé plusieurs échecs après des attentats de l’EI. Photo Reuters

La province d'al-Anbar risque de tomber entièrement aux mains du groupe État islamique (EI, ex-Daech) après une série d'attaques jihadistes qui a encore affaibli les positions de l'armée dans cette région sunnite de l'ouest de l'Irak.
Aux abords de la capitale provinciale Ramadi, à 100 km à l'ouest de Bagdad, les forces armées ont en effet de nouveau essuyé dimanche un lourd échec, avec la mort du chef de la police régionale dans un attentat à la bombe. Et hier, trois attentats à Bagdad ont fait au moins 22 morts.


Depuis le début il y a quatre mois de l'offensive fulgurante de l'EI en Irak, l'armée n'a eu de cesse de perdre du terrain dans la plus vaste province du pays, dont des insurgés contrôlaient déjà certaines parties depuis le début de l'année. Dans ce territoire bordant la Syrie, la Jordanie et l'Arabie saoudite, les jihadistes sont parvenus à garder l'initiative au moment où ils reculaient dans le nord face aux soldats irakiens et combattants kurdes appuyés par les frappes aériennes de la coalition internationale. « Ils reçoivent des renforts et tiennent bon, mais c'est éprouvant », explique un responsable américain, qualifiant de « précaire » la présence des forces gouvernementales à al-Anbar. Le dernier retrait de l'armée est survenu dimanche lorsque 300 soldats ont abandonné le camp qu'ils occupaient près de la ville de Hit pour se replier sur la base aérienne Asad, où d'autres forces sont terrées en plein désert. Hit, qui était l'un des derniers bastions du gouvernement à al-Anbar, est « maintenant contrôlée à 100 % par l'EI », a assuré un responsable de la police provinciale. Selon l'Onu, les combats pour la prise de la ville ont poussé 180 000 personnes à la fuite.


Cette conquête vient s'ajouter à celles des villes de Fallouja, à 60 km de Bagdad, et d'al-Qaïm, 300 km plus à l'ouest, tout près de la frontière syrienne. Entre ces deux localités, les jihadistes contrôlent par ailleurs la majeure partie du terrain, à l'exception notoire du barrage de Haditha, le deuxième du pays. D'intenses frappes aériennes de la coalition ont aidé les militaires, appuyés par des tribus sunnites hostiles à l'EI, à garder la main sur cette infrastructure cruciale et sur une poignée d'autres positions dans la province.

 

(Repère : Eliminer les jihadistes de l'EI : Avant la frappe, le renseignement)

 

Menace « aux portes de Bagdad »
« On peut dire que 85 % d'al-Anbar est sous contrôle de l'EI », estime le n° 2 du conseil provincial, Faleh al-Issawi, alors que l'étau se resserre sur Ramadi, dont des quartiers entiers échappent déjà au contrôle des autorités. « Si la situation continue d'évoluer dans la même direction, sans intervention de forces terrestres étrangères dans les 10 jours, alors la prochaine bataille se déroulera aux portes de Bagdad », a-t-il prévenu, tandis qu'un responsable militaire irakien faisait état, selon le New York Post hier, de la présence de plus de 10 000 jihadistes aux portes de la capitale, jusqu'à Abou Ghraib.


Ahmad Abou Risha, l'un des plus influents chefs tribaux hostiles aux jihadistes dans la province, plaide aussi pour un déploiement terrestre américain. Mais ces demandes ont peu de chance d'aboutir, le nouveau Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi et Washington ayant fermement rejeté une telle option. « C'est aux irakiens d'al-Anbar de se battre pour al-Anbar », a ainsi martelé le secrétaire d'État américain John Kerry. Pour certains experts, les frappes de la coalition seraient plus efficaces si l'armée irakienne donnait le tempo sur le terrain en passant à l'offensive et en forçant les jihadistes à réagir. M. Abadi a remercié plusieurs hauts gradés ces dernières semaines et dressé les contours d'une réforme de l'appareil sécuritaire afin de le débarrasser du clientélisme et de la corruption. Plusieurs des conseillers militaires envoyés par Washington ont en outre été affectés à la préparation d'une contre-offensive sur al-Anbar.

 

(Lire aussi : La zone tampon voulue par Ankara dans le nord de la Syrie vise avant tout à maîtriser la question kurde)


Mais la capacité des militaires à inverser la tendance dans l'ouest reste incertaine, l'armée – qui ne compte que quelques milliers de soldats d'élite – étant souvent décriée comme étant une « armée de check-points ». Un capitaine a indiqué la semaine dernière que son bataillon entier avait dû quitter la base d'Albu Aitha, juste à l'est de Ramadi, après avoir été assiégé par les jihadistes pendant plusieurs jours, avec très peu d'eau et de nourriture. « Nous sommes maintenant à Tharthar (quelques kilomètres plus au nord), le retrait s'est fait progressivement, mais je ne sais pas ce qu'on peut faire depuis cette nouvelle position (...) le moral des soldats est bas », a-t-il déploré.

 

 

 

La province d'al-Anbar risque de tomber entièrement aux mains du groupe État islamique (EI, ex-Daech) après une série d'attaques jihadistes qui a encore affaibli les positions de l'armée dans cette région sunnite de l'ouest de l'Irak.Aux abords de la capitale provinciale Ramadi, à 100 km à l'ouest de Bagdad, les forces armées ont en effet de nouveau essuyé dimanche un lourd échec, avec...

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