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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les raids américains contre l’EI : des frappes pour la galerie ?

Pour Hicham Jaber, expert en géostratégie, la guerre contre les jihadistes est « une guerre d'usure ».

Si les États-Unis avaient la volonté de briser les reins de l’État islamique, ils l’auraient fait, au moins à travers une intensification de leurs frappes, estime le général Hicham Jaber.

Le monde n'est pas dupe. Qu'on soit expert en géostratégie, combattant ou simple civil, il est évident aujourd'hui que les frappes aériennes menées par la coalition anti-jihadistes sont loin d'être suffisantes et efficaces. Les appels pour une intervention terrestre en Syrie se succèdent, d'autant que la guerre contre l'organisation de l'État islamique (EI, ex-Daech) en Syrie et en Irak risque d'être longue.
Le président américain Barack Obama a reconnu lui-même à la tribune des Nations unies que la guerre contre les jihadistes serait la « mission d'une génération ».
Pour Hicham Jaber, général à la retraite et directeur du Centre du Moyen-Orient pour la recherche, il s'agit « d'une nouvelle guerre de cent ans ». À l'instar d'un grand nombre d'experts, il estime que le conflit va être long.
« C'est une guerre d'usure », martèle l'expert libanais, estimant que « si les États-Unis avaient la volonté de briser les reins de l'État islamique, ils l'auraient fait, au moins à travers une intensification de leurs frappes ».
Toujours selon le général Jaber, le président Obama lui-même a défini le but des frappes comme étant d'affaiblir l'EI et non pas de l'anéantir. Selon l'expert militaire libanais, « les raids américains ne sont que des frappes pour la galerie ».
Il estime que seul l'intérêt économique et stratégique guide les frappes de la coalition, et en premier lieu le pétrole en Irak et notamment au Kurdistan. « C'est pour protéger les firmes américaines et françaises que Washington et Paris se sont impliqués dans cette guerre. Leur priorité est les ressources énergétiques de la région », insiste-t-il.

 

(Lire aussi: Stratégie contre l'État islamique : les dix contradictions)

 

Combat au sol
Autre point important : il faut des troupes au sol pour combattre. Là aussi, il y a un manque flagrant de volonté politique de la part des pays de la coalition de s'investir davantage sur le terrain. L'alternative serait d'utiliser des combattants syriens et irakiens.
Or la formation militaire des rebelles syriens modérés sera un processus extrêmement lent, qui pourrait durer « des années », a concédé récemment sur CNN le coordonnateur de la coalition internationale contre les jihadistes, le général américain à la retraite John Allen. Les Américains ont d'ailleurs admis qu'ils entraînaient près de 5 000 opposants syriens. Toutefois, selon certains experts, il faudrait au moins 15 000 hommes bien formés pour pouvoir faire la différence.
Sans oublier l'expérience mitigée en Irak, avec une armée supposée avoir été formée par les Américains depuis des années.
« Il faut reconstruire l'armée irakienne, déclare ainsi le général Jaber. Celle-ci est composée actuellement de 800 000 soldats, alors que 60 000 seulement sont réellement opérationnels », explique-t-il, ajoutant que « l'armée irakienne n'a pas d'idéologie de combat, pas de loyauté. Pour preuve, à Mossoul, la troupe avait un corps d'arme, des équipements militaires sophistiqués et elle n'a pas pu tenir tête à Daech ». Par ailleurs, les combattants des tribus sunnites ne sont pas suffisants pour enrayer et combattre les jihadistes de l'EI.
Dans la guerre contre l'État islamique, « seuls les peshmergas kurdes semblent en profiter. Et c'est d'ailleurs eux qui engrangent les succès sur le terrain, avec l'aide des frappes américaines », affirme l'expert libanais.

 

Le jeu turc
Quant à la Turquie, autre acteur principal potentiel pour intervenir dans la région, « elle joue un sale jeu », affirme le général Jaber. Bien qu'elle ait la capacité d'arrêter l'avancée des jihadistes, Ankara refuse toujours d'intervenir. Le gouvernement turc présente deux justifications : d'abord, Ankara affirme que les Kurdes de Kobané sont les alliés du PKK, qu'Ankara considère toujours comme un groupe terroriste. Une accusation que les Kurdes syriens réfutent, affirmant qu'ils sont à l'écart du problème kurde en Turquie.
Ankara affirme d'autre part que les Kurdes syriens sont les alliés du régime de Damas, justifiant ainsi leur inaction. Une accusation également balayée par les Kurdes syriens, qui affirment qu'ils ne font que se défendre contre tous ceux qui les attaquent.

 

Lignes rouges ?
Côté jihadistes, l'EI semble bien connaître les lignes rouges. « En Irak, les jihadistes ont bien compris qu'ils ne pourront pas avancer davantage du côté du Kurdistan. D'autre part, ils ne vont pas attaquer Bagdad. Leur stratégie semble être d'encercler la capitale irakienne sans l'investir tout en prenant le contrôle des principaux axes routiers qui la desservent », explique le général Jaber.
En Syrie, les régions sous contrôle du régime semblent jusqu'à présent échapper aux velléités de l'EI. Selon le général Jaber, là aussi les jihadistes connaissent les limites, d'autant plus que, pour le régime syrien, la région de Damas, le littoral et la région centrale (Homs) sont essentiels pour sa survie.
« Après Kobané, les prochaines cibles seront les villes à majorité kurde de Hassakeh et de Qamishli, ainsi que la ville da Salamiyeh, dans la province de Homs, connue pour être un des principaux berceaux de l'ismaélisme. Si ces cibles se confirment, nous serons face à une épuration ethnique effroyable », conclut-il.

 

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commentaires (1)

Cette analyse nous ramene au meme constat , nous tous , a savoir le cinema que nous font les allies de la coalition . Mais aussi que la turquie a baisse les masques et que son alliance avec daech est manifeste pour les beaux yeux couleur bleu petrol de ses maîtres otanistes aux ordres de l'etat de l'usurpation institut. La turquie joue un jeu dangeureux et avoir le cul entre 2 chaises voir plus, risque de se voir tomber un jour dans des toilettes a chaise turc justement , assis sur son derriere a meme son c..a !

FRIK-A-FRAK

16 h 08, le 14 octobre 2014

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Commentaires (1)

  • Cette analyse nous ramene au meme constat , nous tous , a savoir le cinema que nous font les allies de la coalition . Mais aussi que la turquie a baisse les masques et que son alliance avec daech est manifeste pour les beaux yeux couleur bleu petrol de ses maîtres otanistes aux ordres de l'etat de l'usurpation institut. La turquie joue un jeu dangeureux et avoir le cul entre 2 chaises voir plus, risque de se voir tomber un jour dans des toilettes a chaise turc justement , assis sur son derriere a meme son c..a !

    FRIK-A-FRAK

    16 h 08, le 14 octobre 2014

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