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Liban - Interview

Le mufti Chaar à « L’OLJ » : Les sunnites sont modérés et le Hezbollah est ouvert au dialogue

Pour le mufti de Tripoli et du Nord, « seule l'allégeance à la nation d'abord » serait à même d'apaiser les sunnites.

Le domicile du mufti de Tripoli et du Nord, cheikh Malek Chaar, avait servi de cadre aux réunions des notables de la ville à chaque nouvelle montée des violences. Depuis la mise en œuvre du plan sécuritaire, le salon est devenu un espace de réflexion sur la convivialité libanaise, sa consolidation malgré les tensions latentes et son adaptation aux enjeux régionaux.

En début d'après-midi, les visiteurs du mufti Chaar se succèdent. L'un d'eux lui communique ses idées pour le congrès qui doit se tenir vers la fin du mois à Tripoli, sous son parrainage. Après l'avoir écouté, le mufti s'exprime sur ce qui est attendu de cet événement. « Ce sera un congrès pour Tripoli, avec la participation des acteurs religieux et politiques, chrétiens et musulmans, de tout le Nord », affirme-t-il.
« L'objectif en sera de définir ce que signifie la loyauté à la patrie, et à la patrie d'abord », relève-t-il. « Il s'agira de préciser les multiples démarches à même de mettre en œuvre cet engagement et de créer l'environnement national que l'État n'a pas réussi à créer », ajoute-t-il, se montrant néanmoins réaliste.
« Penser qu'un congrès suffit à créer cet environnement relève du rêve », signale-t-il, préconisant « une avancée à petits pas, au rythme des idées transmises de bouche à oreille, qui ancrent lentement mais en profondeur les bases solides de l'allégeance à l'État et au pays ».
L'enjeu le plus urgent reste celui « d'éviter un conflit sunnite-chiite ».

(Lire aussi : Tripoli : comment découpler modération et frustration sunnites ?)

 

« Un usage détourné de la résistance »
S'opposant par principe au conflit « qui finit inévitablement par bafouer les droits de ceux qui les réclament », le mufti de Tripoli et du Nord estime en tout cas que « les tensions qui règnent actuellement dans la société libanaise ne sont absolument pas des tensions de nature communautaire entre sunnites et chiites ». En réalité, « ces tensions sont le produit de réactions au comportement du Hezbollah, qui a fait de la résistance un usage détourné de sa finalité légitime ».
S'il dresse cet état des lieux, c'est seulement pour mieux convaincre son assistance de l'éminence d'un dialogue avec le parti chiite. À un jeune sunnite originaire de la Békaa et habitant Tripoli, qui se plaint de la fréquence de barrages établis par le Hezbollah sur la route de la Békaa-Est, le mufti répond en valorisant à ses yeux les deux autres faces du parti chiite : « La face politique et la face résistante. » Il rappelle, sur cette base, que « nul ne conteste la résistance, ni n'est capable d'éradiquer l'autre de l'exercice politique ».
En contrepartie, il critique « l'usage détourné de la résistance », y compris la récente offensive du Hezbollah contre Israël. Cette critique touche en effet à tout « acte qui compromet la priorité de l'engagement pour la nation d'abord ».

 

(Pour mémoire : Tripoli : le groupe Maoulawi-Mansour, « un mal plus médiatique que réel », pour l'instant)

 

« Parlez au Hezbollah »
Nuançant encore ses propos, afin de parvenir, par l'équilibre de son discours, à atténuer la frustration que provoque tôt ou tard la difficulté des méthodes pacifistes, le mufti insiste sur la disposition du Hezbollah à dialoguer. Il cite dans ce cadre un ministre du parti chiite qui lui aurait fait part de ses réserves sur le 7 mai 2008. « Entretenez-vous avec eux, écoutez-les et le dialogue sera possible », conseille-t-il à ses visiteurs.
Il commente par ailleurs avec le même détachement l'émergence d'un fanatisme sunnite. « Je ne nie pas l'extrémisme de certaines parties, mais c'est sur les causes de cet extrémisme que je préfère m'attarder », relève-t-il, revenant sur « l'injustice, la privation, l'ignorance et la pauvreté ». Face à ces considérations, « il appartient à l'État de trouver une solution à chaque cas. C'est l'État qui détient le remède ».

 

(Lire aussi : Kassem : Sans le Hezbollah, Daech aurait établi des barrages à Jounieh, Beyrouth et Saïda)


Le mufti Chaar tient à préciser toutefois qu'« aucun des groupes qui tendent vers le fanatisme n'a abandonné son allégeance à l'armée ». Il revient sur l'une des principales doléances des sunnites, celle de l'accélération des procès des détenus islamistes. Il dit néanmoins avoir été informé de la marche de ces procès par l'actuel ministre de la Justice. Il se dit rassuré et « confiant dans la justice ». En effet, « tout ce que les sunnites demandent,C'est une allégeance libanaise à la nation ». Le congrès pour Tripoli portera sur l'essence de cette allégeance, en fournissant « le cadre politique propice à la rencontre de toutes les stratégies de la pensée ».
De ses propos se dégagent deux certitudes : la modération des sunnites, « que je confirme », et le caractère éphémère des dynamiques qui progressent en dehors de l'État.

 

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Le domicile du mufti de Tripoli et du Nord, cheikh Malek Chaar, avait servi de cadre aux réunions des notables de la ville à chaque nouvelle montée des violences. Depuis la mise en œuvre du plan sécuritaire, le salon est devenu un espace de réflexion sur la convivialité libanaise, sa consolidation malgré les tensions latentes et son adaptation aux enjeux régionaux.En début...

commentaires (2)

Des paroles sages , mais qui ne resteront que des paroles sages , malheureusement . Notre Mufti dit vouloir s'attarder sur les causes de l'extremisme salafowahabite , bien qu'il reconnaisse les faits , bien ! mais alors les causes de la resistance du hezb ne meritent elles pas qu'on s'y attarde un peu ? Cher Mufti , 20 ans d'occupation barbare et une menace palpable au quotidien ne merite pas qu'on s'y attarde un peu ? excusez moi cher Mufti , vous ne pouvez pas ignorer que tout le tohue bohue des "printemps" et autres "soulevements moderes" n'etaient que des subterfuges pour que Israel dorme en paix , alors que nous on ne nous accordait que le droit de pleurer nos morts , non Mufti , tout de meme ! Et puis cher Mufti , pas un petit mot pour les palestiniens qui sont des sunnites massacres en Israel , on aurait pas besoin de s'attarder sur les causes de leurs revoltes ? juste un peu quoi !

FRIK-A-FRAK

11 h 08, le 11 octobre 2014

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Commentaires (2)

  • Des paroles sages , mais qui ne resteront que des paroles sages , malheureusement . Notre Mufti dit vouloir s'attarder sur les causes de l'extremisme salafowahabite , bien qu'il reconnaisse les faits , bien ! mais alors les causes de la resistance du hezb ne meritent elles pas qu'on s'y attarde un peu ? Cher Mufti , 20 ans d'occupation barbare et une menace palpable au quotidien ne merite pas qu'on s'y attarde un peu ? excusez moi cher Mufti , vous ne pouvez pas ignorer que tout le tohue bohue des "printemps" et autres "soulevements moderes" n'etaient que des subterfuges pour que Israel dorme en paix , alors que nous on ne nous accordait que le droit de pleurer nos morts , non Mufti , tout de meme ! Et puis cher Mufti , pas un petit mot pour les palestiniens qui sont des sunnites massacres en Israel , on aurait pas besoin de s'attarder sur les causes de leurs revoltes ? juste un peu quoi !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 08, le 11 octobre 2014

  • BRAVO MUFTI CHAAR ! CERTES QUE LE HEZBOLLAH EST OUVERT AU DIALOGUE ET L'A RÉPÉTÉ À MAINTES REPRISES... ET S'IL MET DES CONDITIONS À PRIORI C'EST QU'IL VEUT DIALOGUER ET EN DÉBATTRE... SEUL LE DIALOGUE PEUT ENCORE SAUVER LE PAYS DE LA CATASTROPHE... MÊME S'IL Y A 1% D'ESPOIR IL FAUT EN SAISIR LA CHANCE... LES POSSIBLES SOLUTIONS SONT NOMBREUSES... SI, IL Y A BONNE VOLONTÉ DE "TOUS" !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 23, le 11 octobre 2014

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