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Liban - Crise

Une bouffée d’espoir pour les familles des militaires otages

« Nous sommes optimistes car nous sommes sûrs que les demandes des ravisseurs sont à présent entre les mains des responsables et que les négociations sont sur la bonne voie », a confié un proche des soldats à « L'Orient-Le Jour ».

Malgré les promesses des responsables, les manifestants ont affirmé hier qu’ils ne lèveront pas leur sit-in de sitôt. Photo Nasser Traboulsi

Après la peur qui a saisi les parents des militaires pris en otage par Daech et le Front de lutte al-Nosra, qui ont menacé jeudi de liquider leurs fils dans un délai de 24 heures, le calme était de retour hier dans les tentes des familles place Riad el-Solh. Un calme marqué pour la première fois par un optimisme affiché, une lueur d'espoir venue éclairer un dossier aux dynamiques complexes qui dure depuis plus de deux mois. À présent que le médiateur qatari joue seul le rôle d'intermédiaire entre les ravisseurs terroristes et l'État, et depuis que le cabinet de Tammam Salam a décidé il y a une semaine de garder les négociations en cours dans le plus grand secret, les choses semblaient en effet se diriger vers une issue favorable.

Hier, une délégation des familles a pu rencontrer au Grand Sérail pendant plus de deux heures le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim, chargé par le gouvernement de suivre les négociations, et le président du Haut Comité de secours, le général Mohammad Kheir. Les participants à la réunion en sont sortis assez optimistes, le général Ibrahim leur ayant assuré que les négociations sont en cours de manière constante et que les ravisseurs ne porteront pas atteinte aux soldats pris en otage dans le jurd de Ersal. Le général Ibrahim aurait même confié aux proches des otages que les négociations entreprises ont réussi à empêcher la mise à mort d'un des soldats.

 

(Lire aussi : Bou Faour appelle les groupes jihadistes à surseoir à tout acte de violence)


« Nous sommes optimistes car nous pouvons affirmer aujourd'hui que les négociations ont véritablement été entamées avec l'État et de manière sérieuse pour la première fois, a expliqué Nizam Mghayt, frère d'un otage, à L'Orient- Le Jour. Nous n'avons pas été contactés de nouveau pour les ravisseurs depuis jeudi, mais comme les négociations sont lancées, nous n'avons plus peur. Daech avait en effet requis que nous fassions pression sur le gouvernement dans ce but. Il est vrai que le général Ibrahim ne nous a pas donné de détails concernant les conditions posées par les ravisseurs, mais cela nous convient. Nous ne sommes pas les médiateurs, nous avons juste voulu mettre l'affaire sur les bons rails parce que nous sentions que l'État n'accordait pas au dossier toute l'attention nécessaire. »

Un passage sécurisé pour les jihadistes à Ersal ?
Si l'État préfère actuellement garder les détails des négociations secrets, des informations font état de concertations séparées entre le médiateur qatari et les deux groupes terroristes, quitte à échelonner les négociations qui incluraient le retour des otages sains et saufs, le rapatriement des corps des trois soldats déjà exécutés, et peut-être aussi la création d'un passage sûr à Ersal pour les combattants de Daech et d'al-Nosra. À l'approche de l'hiver, en effet, ces derniers savent qu'ils ne pourront s'approvisionner et se ravitailler en nourriture et en médicaments depuis le jurd qu'en se rendant à Ersal, les autres fronts étant tous bloqués. Une revendication que l'État peinera sûrement à approuver même s'il semblerait que Daech et al-Nosra y soient attachés et qu'ils aient donné 48 heures au gouvernement libanais pour avoir une réponse à ce sujet.

« Les négociations devraient devenir plus claires d'ici à deux jours, a pour sa part indiqué à L'Orient-Le Jour Hussein Youssef, père d'un soldat pris en otage depuis plus de 73 jours. Nous sommes optimistes car nous sommes sûrs que les demandes des ravisseurs sont à présent entre les mains des responsables libanais et nous sentons que l'État commence à traiter ce dossier de la manière dont nous voulions qu'il soit traité. Il nous a semblé aujourd'hui aussi que l'État est même prêt à accepter le principe de l'échange entre nos fils et des détenus islamistes. Nous leur avons demandé d'ajouter le mot "échange" au document ministériel qui se prépare mais ils nous ont dit que cela n'est pas nécessaire car lorsque l'on parle de négociations, c'est normal que l'échange y soit inclus en tant qu'éventuelle solution. »

(Lire aussi: Le dossier des otages accapare toute la réunion du Conseil des ministres)


Malgré ces promesses, les manifestants ont pourtant affirmé hier qu'ils ne lèveront pas leur sit-in de sitôt. « Pas d'escalade, mais les tentes resteront dressés au centre-ville », a assuré cheikh Taleb Taleb, membre de la délégation des familles. « La route de Qalamoun restera bloquée aussi comme celles du centre-ville », a également noté Nizam Mghayt. Les routes menant à la place de l'Étoile étaient en effet complètement bloquées hier pour la troisième journée consécutive et les manifestants ont été rejoints par une délégation venue de Fnaydek pour participer au sit-in qui menace de durer encore. Malgré tous les signes positifs, des sources bien informées ont assuré à l'agence al-Markaziya que le dossier est compliqué et qu'il faudra beaucoup de patience pour aboutir à un dénouement heureux, tout comme le dossier des otages d'Aazaz et des religieuses de Maaloula.

Désertion dans les rangs de l'armée
Sur un autre plan, le Front al-Nosra a diffusé hier dans l'après-midi, via l'un de ses comptes Twitter, la vidéo d'un soldat de l'armée libanaise qui aurait fait défection. Dans la vidéo, le soldat apparaît devant un drapeau du Front al-Nosra, encadré par deux hommes armés et habillés de noir. Assis sur une chaise derrière une table sur laquelle se trouvent un Coran, des armes et des papiers d'identité prouvant son appartenance à l'armée libanaise, il se présente comme étant Mohammad Antar et accuse la troupe d'être inféodée au Hezbollah. Une théorie prouvée selon lui par les incidents de Abra et de Tripoli. Critiquant le comportement de l'armée libanaise envers les sunnites, le soldat évoque aussi les incidents de Ersal, accusant l'armée d'avoir maltraité les civils libanais et les réfugiés syriens dont les tentes ont été brûlées.
Selon plusieurs médias locaux, le soldat aurait déserté l'armée depuis le 3 octobre et serait sous le coup d'un mandat de recherche, même si ses proches ont émis des doutes à ce sujet, appelant l'État à ouvrir une enquête. Quant au quotidien as-Safir, il a rapporté des informations selon lesquelles un autre soldat originaire de la ville de Mechha, au Akkar, aurait également déserté l'armée récemment et rejoint les rangs d'al-Nosra.

 

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