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Moyen Orient et Monde - Syrie-Irak

Qui veut quoi, qui frappe où ? (II)

Le commandant émirati Mariam al-Mansouri aux commandes de son F-16. (AFP/archives)

La plupart des États engagés dans la coalition contre l'État islamique (EI) ont un apport essentiellement symbolique ; un général français a évalué tout récemment leur participation à 10 %. Les États-Unis prennent en charge la quasi-totalité des opérations militaires car ils sont les seuls à avoir les capacités suffisantes pour le faire. Seulement, réunir un nombre important de pays, qui plus sont musulmans, était une nécessité pour les États-Unis pour légitimer leur action, mais aussi pour ne plus supporter seuls le poids d'un règlement de crise dans une région où ils tentaient au contraire de se désengager. La spécificité de cette coalition est notamment due à la participation effective et militaire de certains pays arabes. Il serait toutefois incorrect d'en exagérer l'étendue. La preuve en trois exemples.

 

(Repère : Qui veut quoi, qui frappe où ? (I))

 

Égypte
Comment lutter contre une organisation terroriste qui menace la sécurité de l'ensemble du Proche et du Moyen-Orient sans bénéficier du soutien du pays le plus peuplé de la région ? Comment lutter contre une organisation islamiste sunnite appartenant à la mouvance du salafisme jihadiste, sans bénéficier du soutien d'al-Azhar, la plus importante institution de l'islam sunnite ? Au moins pour ces deux raisons, la participation de l'Égypte à la coalition a une importance symbolique considérable. Mais à l'heure actuelle Le Caire semble, à l'instar de la Turquie, conditionner sa participation, mais pas pour les mêmes raisons. Si le président Sissi se dit « ravi d'aider à lutter contre le terrorisme », il semble qu'il n'engagera concrètement son pays qu'à au moins deux conditions : le déblocage de l'aide militaire américaine à l'Égypte, et que Washington accepte de mettre dans le même sac l'État islamique et les organisations islamistes qui sévissent dans le Sinaï et en Libye.

 

 

Arabie saoudite
Malgré le fait que certains leur prête une responsabilité importante dans la montée en puissance de l'État islamique, les pétromonarchies du Golfe sont directement menacées par cette organisation. L'Arabie saoudite est régulièrement accusée de trahison dans les prêches de l'EI et craint assez logiquement des attentats terroristes sur son territoire. De plus, s'ils veulent donner une légitimité à leurs prétentions califales, les jihadistes doivent, à terme, conquérir les deux villes saintes de Médine et de La Mecque. Jusqu'à l'heure Riyad a effectué des frappes aériennes en Syrie, mais refuse de le faire sur le territoire irakien car il ne veut pas soutenir un gouvernement chiite allié de Téhéran et de Damas. En outre, Riyad s'est engagé à verser 500 millions de dollars au haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et accueillir sur son sol une base militaire américaine pour l'entraînement des rebelles syriens. Outre l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Jordanie ont effectué des frappes en Syrie, alors que le Koweït a alloué 10 millions de dollars d'aide humanitaire.

 

(Analyse : Les frappes américaines galvanisent l'EI)

Qatar
Il est peu dire que les relations entre le Qatar et les autres membres du Conseil de coopération du Golfe ne sont pas au beau fixe actuellement. Mais compte tenu de la menace que représente l'État islamique, ils participent conjointement à l'organisation. Pour l'instant, Doha n'intervient militairement ni en Irak ni en Syrie, il fournit une aide humanitaire à la coalition. La marque de fracture entre le Qatar et les autres pays du CCG (mais aussi l'Égypte) semble concerner la situation en Libye et le positionnement par rapport à la confrérie des Frères musulmans. Car si Doha a appelé certains cadres de l'organisation à quitter son territoire, cela ne signifie pas pour autant qu'il a renoncé à soutenir les Ikhwan. Enfin, si le Qatar encourage en premier lieu la lutte contre l'État islamique, il n'oublie pas cependant qu'à long terme il faudra s'attaquer au régime de Damas.
La particiaption des pays arabes était extrêmement importante pour les États-Unis, aux niveaux symbolique, financier (la majeure partie des opérations étant certainement financées par les monarchies du Golfe) et surtout au niveau de la responsabilisation. Les pays arabes ne semblent plus pouvoir rester en arrière en attendant l'aide américaine, surtout depuis que les États-Unis ont entamé un processus de rapprochement avec Téhéran. Ils doivent désormais assumer leur responsabilité et gérer la contradiction de leur politique.

 

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