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À La Une - Dans la presse

Un médecin libano-américain soigne le coeur d'un bébé grâce à une réplique imprimée en 3D

Une avancée "qui va changer la donne".

Le cœur imprimé en 3D, réplique exacte de l'organe naturel défectueux de l'enfant traité par le docteur Emile Bacha. Photo New York-Presbyterian Morgan Stanley Children's Hospital

Les applications en matière d'impression 3D ne cessent de surprendre. C'est grâce à l'impression 3D d'un coeur qu'un chirurgien libano-américain, Emile Bacha, a pu soigner un bébé de deux semaines, à l'hôpital Morgan Stanley pour enfants à New York. Une première qui a eu lieu en juillet dernier et vient d'être rendue publique.

Le coeur de l'enfant présentait de "nombreuses perforations en forme de labyrinthe", précise le Dr. Bacha, chef du service de chirurgie cardiaque au Columbia Presbytarian Hospital, dans des propos rapportés par le blog Off-Beat et le site The Independent. Jusqu'à présent, avant de décider quoi faire face à une telle malformation, il fallait "arrêter le coeur et voir à l’intérieur", a expliqué Emile Bacha.

Grâce à l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et à une imprimante 3D, le chirurgien a pu produire une réplique exacte et intégrale du cœur défectueux de l'enfant. "Avec (l'impression en 3D), c'est comme si nous avions une carte routière pour nous guider. Et nous avons pu réparer le coeur du bébé avec une seule opération", a-t-il expliqué.

Pour Marie Hatcher, fondatrice de Matthew's hearts of hope, qui a financé le projet, la possibilité de reproduire un organe avant opération "va changer la donne" dans ce domaine.

 

 

Né à Beyrouth et ayant fait ses études en Allemagne, aux Etats-Unis et en France, le docteur Emile Bacha enseigne également à la prestigieuse Harvard medical school en tant que professeur associé. Ses recherches ont pour but de rendre les opérations de chirurgie cardiaque moins dangereuses et il est considéré comme l'un des pionniers du domaine, selon le cabinet en conseil médical Columbia Heart Source.

Dans une interview publiée sur le site du département de chirurgie de l'université de Columbia, le docteur Bacha évoque aussi son enfance dans un Liban en guerre. Une difficile expérience qu'il aurait réussi à tourner à son avantage. "Avec autant de chaos autour de moi, j'ai peut-être appris à développer un sens de l'ordre", explique-t-il.

 

Un potentiel énorme

Emile Bacha n'est pas le seul chirurgien d'origine libanaise à s'intéresser au potentiel de l'impression 3D dans le domaine de la médecine.

Son confrère, le libano-péruvien Anthony Atala, pionnier de la médecine régénérative, avait également eu recours à l'imprimante 3D, en 2011, mais pour confectionner un rein artificiel. Un organe qu'il avait présenté à un public impressionné lors des fameuses conférences TED.

 

 

Face à l'emballement médiatique qui avait suivi cette présentation, le service du docteur Atala avait néanmoins dû préciser que le rein présenté, s'il avait bien été imprimé, n'était toutefois pas fonctionnel et "à des années d'une utilisation clinique".

 

L'impression d'organes s’inscrit dans la ligne des recherches du Pr Atala qui travaille sur la régénérescence des organes. En avril dernier, la revue médicale britannique The Lancet évoquait le traitement, en 2006, par une équipe américano-mexicaine dirigée par le Pr Atala, de jeunes filles atteintes d'une anomalie congénitale se traduisant par l'absence totale ou partielle de vagin et d'utérus. A partir de tissus prélevés au niveau de la vulve, l'équipe a réussi à produire des cellules musculaires et des cellules vaginales en laboratoire qui ont été placées pendant 7 jours sur un moule biodégradable ayant la forme d'un vagin. Huit ans après les implantations, les vagins fonctionnent normalement et les quatre jeunes-filles déclarent avoir des rapports sexuels satisfaisants, notait The Lancet.

 

Questions morales et éthiques

Aujourd'hui, l'impression 3D biologique, ou "bioprint", est en pleine explosion. Il est désormais possible d'imprimer des tissus humains en 3D avec des cartouches d'encre biologique, à savoir des cartouches composées de cellules provenant de biopsies de patients ou de cellules souches. Ont également été imprimés, à titre expérimental, un rein donc, mais aussi des vaisseaux sanguins, une oreille... Beaucoup d'avancées, mais qui en restent souvent au stade de l'empilement de cellules. "Sauf que le 29 janvier, le premier microtissu fonctionnel a été dévoilé par la petite société californienne (Organovo) : un bout de foie qui produit de l'albumine, protéine impliquée dans plusieurs fonctions physiologiques", notait la revue Sciences et Avenir en avril dernier.

Organovo est aussi le symbole du potentiel économique et financier que représente le marché de l’impression 3D biologique. "Les chiffres font perdre la tête aux investisseurs prêts à fondre sur la moindre start-up prometteuse. Organovo en est le symbole. Créée en 2007, cette petite société (une trentaine d'employés) installée à San Diego (Californie, États-Unis) peaufine l'impression en 3D de tissus et d'organes. Introduite en Bourse en juillet 2013, sa capitalisation a rapidement atteint le milliard de dollars pour se stabiliser aujourd'hui autour des 800 millions", notait Sciences et Avenir.

Des développements qui peuvent bouleverser la médecine et l'humain, et qui ne sont pas sans poser des questions d'ordre moral et éthique.

 

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Les applications en matière d'impression 3D ne cessent de surprendre. C'est grâce à l'impression 3D d'un coeur qu'un chirurgien libano-américain, Emile Bacha, a pu soigner un bébé de deux semaines, à l'hôpital Morgan Stanley pour enfants à New York. Une première qui a eu lieu en juillet dernier et vient d'être rendue publique.
Le coeur de l'enfant présentait de "nombreuses...

commentaires (1)

Emile Bacha encore un médecin libano-américain qui brille en réparant le coeur du bébé avec une seule opération, mais malheureusement pas sous le ciel libanais .

Sabbagha Antoine

13 h 57, le 09 octobre 2014

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Commentaires (1)

  • Emile Bacha encore un médecin libano-américain qui brille en réparant le coeur du bébé avec une seule opération, mais malheureusement pas sous le ciel libanais .

    Sabbagha Antoine

    13 h 57, le 09 octobre 2014

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