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Cinema- - Entretien

Robert Guédiguian : Beyrouth et son « Histoire de fou » !

Il a l'œil clair, le geste généreux et le mot gentil. Comme tout Méditerranéen, Robert Guédiguian a le souffle de la mer et du vent dans son abord. Rencontré à Beyrouth, il a parlé de son film « Une histoire de fou » – son 19e long-métrage – qui se trouve dans sa dernière phase de tournage au Liban.

Robert Guédiguian : « Mon cinéma parle des hommes et des femmes. » (Photo Michel Sayegh)

Démarré en Arménie les 24 et 25 avril, son film a voyagé, connu des ports et des terres fermes. Au casting, il n'y a peut-être pas toute l'équipe qui l'entoure d'habitude, à savoir Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan, mais on retrouve cependant l'inébranlable Ariane Ascaride, compagne de carrière et de vie, césar de meilleure actrice en 1998 et nominée en 2003 et 2012 pour Les Neiges du Kilimandjaro, ainsi que Simon Abkarian, vu dans L'Armée du crime, mais aussi dans Voyage en Arménie. Son équipe de techniciens est également inchangeable et l'accompagne sur tous les plateaux. On reconnaît ainsi le monteur Bernard Sasia ainsi que l'ingénieur du son Laurent Lafran et le décorateur Michel
Vandestien.

Q - Parlez-nous de cette « Histoire de fou »
R - Le film parle entre autres de la cause arménienne à travers trois dates-clés : le génocide arménien, la lutte armée dans les années 80 et la fin de l'Arménie soviétique qui devient indépendante. Le prologue est axé sur le procès d'un garçon et le film commence à Berlin en 1920 ; le centre de l'action a lieu dans les années 80 et l'épilogue de nos jours.

Pourquoi ce sujet particulièrement ?
D'abord parce que c'est le centenaire du génocide arménien et que je devais participer d'une manière ou d'une autre à cette triste commémoration. Cela dit, ce n'est pas un ovni dans le paysage de mon cinéma puisque j'avais réalisé auparavant L'Armée du crime et Le voyage en Arménie. L'idée est venue parce que j'avais finalement trouvé le point de vue. J'ai rencontré un jeune Espagnol qui a sauté sur une bombe. Trois ans après, il avait rencontré ceux qui avaient posé cette bombe. J'ai voulu donc réaliser un film sous le regard d'une victime innocente.

Et pourquoi avoir choisi Beyrouth ?
Parce que les groupes des luttes armées se trouvaient à l'époque au Liban. Par ailleurs, les jeunes gens se battaient également contre le joug des tyrans. Dans le film, le jeune homme qui commet un crime en France sera exfiltré à Beyrouth. Nous avons tourné une seule journée dans la Békaa et les autres scènes à Laklouk où le monde entier croira que c'est la Békaa.

Marseille est omniprésente dans la plupart de vos œuvres. Quel rôle joue la ville dans vos films ?
Je ne tourne pas dans un lieu parce que c'est joli, mais parce que ça raconte quelque chose qui s'adapte aux personnages. Ce n'est pas un décorum. C'est pourquoi le repérage est toujours très précis. Je fais une cartographie de la ville.

L'action trouve-t-elle son écho dans ce qui se passe aujourd'hui ?
Absolument. Mais ce n'était pas prémédité. En fait, tout le Moyen-Orient est la conséquence de ce que l'Occident a fait dans le passé. Il a été le terrain de jeu de cet Occident.

Peut-on dire que vous êtes un cinéaste engagé ?
Dans la vie, je suis engagé. Je n'ai pas de programme, mais une éthique. Mon cinéma parle des hommes et des femmes. Je n'impose rien, mais je propose. Le cinéma invite à participer aux débats. Mais je pense que dans le plus mauvais film du monde et dans la pire histoire, il y a toujours une idéologie. Au fil des films, je ne cessais d'héroïser les êtres humains et leur donner des récits ; je pense que ceci est un geste politique.

Vos héros ont un profil commun, banal. Pour vous, « nous sommes tous des héros possibles ». Parlez-nous alors de ce profil qui distingue votre cinéma.
Tout humain est un héros. Malraux disait : « L'art doit révéler aux gens la grandeur qu'ils ignorent en eux. » Ma mère était femme de ménage et mon père travaillait sur les quais. Mais, pour moi, c'étaient des héros.

Démarré en Arménie les 24 et 25 avril, son film a voyagé, connu des ports et des terres fermes. Au casting, il n'y a peut-être pas toute l'équipe qui l'entoure d'habitude, à savoir Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan, mais on retrouve cependant l'inébranlable Ariane Ascaride, compagne de carrière et de vie, césar de meilleure actrice en 1998 et nominée en 2003 et 2012 pour Les...

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