Ziad el-Rahbani : Puisque tout le monde s’en va…

Ziad el-Rahbani a encore fait le buzz hier après la retransmission mardi soir d'une entrevue accordée à la chaîne télévisée al-Jadeed, en marge des trois concerts que l'auteur-compositeur avait donnés au Centre culturel russe. « Je compte quitter le Liban définitivement pour m'installer en Russie, annonce l'artiste. Je m'en vais d'ici à la fin du mois. J'aurais préféré attendre que la situation se calme, mais il vaut mieux que je déguerpisse vite d'ici, où je suis contraint d'être accompagné de gardes du corps constamment, surtout depuis cette nuit-là », ajoute-t-il, en référence au concert qu'il avait donné en août à Naqoura, au Liban-Sud. Une soirée que Ziad avait animée et durant laquelle il avait demandé au public d'en publier des passages vidéo sur les réseaux sociaux pour que tout le monde puisse remarquer qu'un bruit de fond perturbait exprès le concert. Dans une interview précédente, Ziad el-Rahbani déplorait aussi qu'aucune des vidéos n'ait été publiée, assurant que « les Russes m'ont dit que seul le Hezbollah est capable d'une telle chose », en se moquant des missiles Raad du parti chiite, « fabriqués par la Corée ».

Pour en revenir à l'interview accordée à al-Jadeed, le jazziste y confie également se sentir surveillé constamment. « Je sens que l'on espionne mes conversations téléphoniques avec le rédacteur en chef du quotidien al-Akhbar (proche du Hezbollah, NDLR) », dit-il, alors que des rumeurs font état d'un différend de nature financière entre les deux hommes.

« Je demande au Hezb des explications en ce qui concerne mon concert au Sud, même si je crois personnellement que seul Israël est capable de commettre de tels actes. Je ne communique pas directement avec le secrétaire du parti, Hassan Nasrallah, mais il y a certains messages qu'il me transmet à sa manière », poursuit Ziad el-Rahbani, affirmant qu'il travaillera au sein de la chaîne télévisée Russia Today. « Ce n'est pas une émigration, souligne-t-il Je vais travailler dans la musique dans un endroit qui ne contredit pas mes appartenances. J'ai loué un appartement et je ne serai pas le seul à m'en aller. Tout le monde s'en va. Nous vivons dans une forêt ici. La Syrie, même en phase de révolution, nous dépasse largement. Nous sommes un peuple qui ne se respecte pas et qui ne travaille pas. Je ne sais pas d'où nous avons hérité ce tempérament. » « J'emmerde cette république », martèle-t-il.

Les propos de Ziad el-Rahbani ont vite fait d'enflammer les réseaux sociaux. Si certains ont appelé le musicien à ne plus parler politique, nombreux sont ceux qui ont applaudi sa décision de partir.

Pour mémoire
Pourquoi Ziad Rahbani est une leçon de patriotisme