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Liban - Liban

« Un permis pour abattre un million de mètres carrés d’arbres à Janné »

Le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb confirme qu'un permis a été signé, mais assure « préférer que cette décision soit revue en Conseil des ministres ».

Les travaux du barrage ont commencé depuis quelques mois à Janné. (Photo LEM)

Le Mouvement écologique libanais (LEM) a annoncé hier dans un communiqué « avoir eu accès à un document officiel portant le numéro 8/1883, publié par le département d'agriculture du Mont-Liban, et qui consiste en un permis d'abattage d'arbres de forêts en vue de la construction du barrage et du lac de Janné – Nahr Ibrahim ».
Et d'ajouter : « Si ce permis est exécuté, il mènera à la destruction de non moins d'un million de mètres carrés de forêts. Ce sera le plus grand crime écologique que s'apprête à commettre l'État libanais. Or Nahr Ibrahim est classé comme site naturel protégé par le ministère de l'Environnement en vertu d'une décision portant le numéro 1/34, prise en 1997, quand M. Akram Chehayeb était lui-même ministre de l'Environnement. Cette vallée est considérée comme l'une des plus riches en biodiversité du Liban, abritant 70 % des espèces végétales du pays. Il s'agit aussi de l'un des systèmes hydrauliques naturels les plus importants du bassin méditerranéen. »

Interrogé sur cette affaire par L'Orient-Le Jour, le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb a confirmé avoir signé un permis pour l'abattage d'arbres, précisant que « la question dépasse le ministère de l'Agriculture, puisque la construction de ce barrage fait l'objet d'une décision du Conseil des ministres ». « Le ministère s'est donc trouvé dans l'obligation de délivrer ce permis », a-t-il ajouté, sans préciser quelles sont les superficies concernées. Toutefois, le ministre a déclaré « préférer que cette décision d'abattre un si grand nombre d'arbres soit rediscutée ». « Mais dans ce cas, a-t-il poursuivi, il faudrait revoir tout le projet tel qu'il a été conçu, ce qui ne peut être fait qu'au sein du Conseil des ministres. »

 

(Pour mémoire : Des ONG manifestent contre les dangers du barrage de Janné à Nahr Ibrahim)


Dans son communiqué, le LEM « appelle le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb, qui avait eu le mérite de faire classer cette vallée comme site naturel en 1997, à revenir sur sa décision afin de protéger des millions d'arbres qui attirent la pluie et contribuent à renflouer les nappes phréatiques ».

Un jugement vendredi
Le LEM a par ailleurs dénoncé « la publication de cette décision avant qu'une étude d'impact environnemental, obligatoire suivant le code de l'environnement (loi n° 444) et le décret d'application
n° 8633, n'ait été présentée ». Le rassemblement d'ONG souligne que « cette étude aurait dû être finalisée et approuvée par le ministre de l'Environnement avant le début des travaux, ce qui n'a pas été le cas pour ce barrage ». Il rappelle également que le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, a demandé par deux fois l'arrêt des travaux – le 23 avril et le 20 juin derniers – pour cette même raison.

Nous n'avons pu joindre le ministre de l'Énergie et de l'Eau Arthur Nazarian hier pour l'interroger sur son point de vue. Mais rappelons qu'il avait précédemment déclaré à L'Orient-Le Jour, alors qu'une polémique opposait les ministères de l'Énergie et de l'Environnement sur ce barrage, qu'« une étude d'impact environnementale a bien été soumise (à l'Environnement), celle-ci ayant été préparée par un grand bureau, et réalisée avant la parution du décret » n °8633 qui réglemente ce genre d'études (voir L'Orient-Le Jour du 24 juin).

(Pour mémoire : Barrage de Janné : Mohammad Machnouk demande une nouvelle fois l'arrêt des travaux)


Contacté par L'Orient-Le Jour, Paul Abi Rached, président du LEM, s'insurge contre la soudaineté de la mesure. « Nous nous demandons pourquoi ils semblent si pressés à déboiser cette région et à la défigurer, alors que les travaux du barrage viennent de commencer », dit-il.
L'écologiste assure que les ONG hostiles au projet ne chôment pas entre-temps. « Nous avons des arguments juridiques à opposer aux promoteurs de ce projet, dit-il. D'une part, cette région est classée site naturel et elle apparaît comme telle dans le plan directeur national d'aménagement de territoire. D'autre part, il faut qu'une étude d'impact environnemental soit soumise au ministère de l'Environnement. Voilà pourquoi nous avons porté plainte auprès du juge des référés de Jbeil Joseph Ajjaka, en vue de demander l'arrêt des travaux. Celui-ci a émis une première décision jeudi dernier d'arrêter les travaux sur le site pour quatre jours en attendant les études nécessaires. Il est revenu sur sa décision deux jours plus tard, samedi, en raison de documents qui lui ont été présentés, et qui ne sont pas concluants selon nous. Sachant que nous avons des preuves que les travaux n'ont même pas été interrompus durant les deux jours. En tout état de cause, le juge devrait rendre sa décision finale ce vendredi, et nous avons grande confiance dans la justice. »

 

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Le Mouvement écologique libanais (LEM) a annoncé hier dans un communiqué « avoir eu accès à un document officiel portant le numéro 8/1883, publié par le département d'agriculture du Mont-Liban, et qui consiste en un permis d'abattage d'arbres de forêts en vue de la construction du barrage et du lac de Janné – Nahr Ibrahim ».Et d'ajouter : « Si ce permis est exécuté, il...

commentaires (5)

Comment Le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb ose signer un permis pour abattre un million de mètres carrés d’arbres à Janné lui qui a refusé ce projet en 1997 . Haram .

Sabbagha Antoine

16 h 30, le 02 octobre 2014

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Commentaires (5)

  • Comment Le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb ose signer un permis pour abattre un million de mètres carrés d’arbres à Janné lui qui a refusé ce projet en 1997 . Haram .

    Sabbagha Antoine

    16 h 30, le 02 octobre 2014

  • Un scandale , une folie destructrice , ont ils deja pense a reboiser ailleurs ce qui est perdu ? Ils jouent avec le feu ..

    FRIK-A-FRAK

    16 h 13, le 02 octobre 2014

  • LA PARADE DES ECOLOGISTES SERAIT DE PLANTER DEUX MILLIONS D"ARBRES AILLEURS OU, PAR EXAMPLE AUTOUR DU LAC DE KARAOUN, DE FACON A AVOIR ARBRES ET RESERVE D'EAUX A JANNE.

    Naman Joe

    12 h 29, le 02 octobre 2014

  • C'est tout simplement un scandale énorme de plus ! que des mafieux avec un bout de papier légal...ou acheté ou les deux...? détruisent impunément notre patrimoine et celui de nos enfants ... que même la guerre n'avait pas pu détruire....!

    M.V.

    10 h 45, le 02 octobre 2014

  • VOILÀ ! APRÈS L'ÉLECTRICITÉ... LES PRODUITS ALIMENTAIRES AVARIÉS... LA PÉNURFIE D'EAU... LES INCENDIES DEVENUS FOLKLORIQUES... ON VEUT, ET D'UN COUP, DÉBOISER COMPLÈTEMENT LE PAYS ! ARRÊTEZ LES EXPLOITEURS... LES SUCEURS DE SANG HUMAIN... LES DRACULAS DE LA SOCIÉTÉ... ET DERRIÈRE TOUT çA... TOUJOURS LES MÊMES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 25, le 02 octobre 2014

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